Transat Jacques vabre 2023 : le golfe cogne en approche de la Corogne pour les Ocean Fifty et Class40

Par Figaronautisme.com

La nuit a été agitée sur les eaux du golfe de Gascogne, qui n’ont pas ménagé les équipages de Class40 et d’Ocean Fifty. Leurs premières heures de course sont marquées par deux démâtages. Après celui, hier, du Class40 The Sea Cleaners - Univerre - ENSM en passe de rejoindre Lorient, c’est l’Ocean Fifty Le Rire Médecin-Lamotte (Berry-Joubert) qui a subi la perte de son gréement. L’espar est tombé à 4h30, alors que le trimaran progressait dans 20-25 nœuds de nord-ouest, à 90 milles dans le nord-ouest de La Corogne. Si les deux co-skippers ne sont pas blessés, la structure est endommagée. Face à cette situation, ils ont demandé de l’assistance. Le bateau Merida, armé par le navigateur Adrien Hardy, spécialisé dans ce type d’opérations, est arrivé sur zone à 6h40 pour leur prêter main forte.

Au départ des pontons, tous les skippers s’accordaient, hier, à dire que le début de leur retour en course n'aurait rien d’une formalité sur le golfe de Gascogne, promettant de ne certainement pas leur rendre la partie facile. Toutes et tous prenaient la mesure des risques encourus dans des conditions éprouvantes : un vent soutenu avec de violentes rafales au passage de grains, sur une mer formée et tape-bateaux.

L’Ocean Fifty Primonial (Rogues-Gellée) naviguait à 50 milles du port galicien, quand il a subi une avarie sur le flotteur bâbord. L’équipage va bien et progresse actuellement sous voilure réduite pour préserver sa monture dans l’attente de déterminer quel port rejoindre par ses propres moyens. Quelques heures plus tard, c’est au tour de Koesio (Le Roux-Ogereau)  de subir les coups de boutoir de ces conditions sans concession. Un peu avant 9h, à 60 milles du cap Finisterre, le duo constatait que les carénages de bras de liaison de son trimaran étaient endommagés, qu’un balcon était arraché et qu’une petite voie d’eau s’était créée. Autant d’avaries qui le contraignent, ce matin, à se dérouter pour faire une escale technique.

“On a hâte d’en sortir”

Au même moment, joint à la faction Thibaut Vauchel-Camus, co-skipper de Solidaires en Peloton, qui progressait très proche cette nuit de de Primonial témoigne de la dureté de cette première nuit d’inconfort : «  On s’est mis direct en conditions. On pensait que le vent aller rentrer plus vite donc on n’était pas très rapides jusqu’à ce qu’on chope des grains à 30-35 nœuds. On faisait la bagarre avec Sébastien et Jean-Baptiste (sur Primonial, NDR), jusqu’à ce qu’on reçoive un message cette nuit nous annonçant qu’ils avaient cassé leur flotteur, et  après on apprend pour Luke et Antoine (victimes d’un démâtage à bord du Rire Médecin, NDR). C’est dur, cela fait des camarades de jeu en moins. La course était très belle avec des rafales à 35-40 nœuds, c’était tonique ; et maintenant on a hâte d’en sortir. »

Ce mardi matin,  la sortie n’est plus très loin pour Solidaires en Peloton, qui continue de faire parler l’expérience de ses deux co-skippers dans  l’exercice d’une course transocéanique à bord d’un bateau déjà bien éprouvé et fiabilisé. À l’heure où les IMOCA rentrent à leur tour dans la danse au large du Havre, le trimaran bleu pointe au plus près des côtes espagnoles, en direction du cap Finisterre, tout proche. Thibaut confirme que le plus dur est désormais derrière : « Là, on progresse sur des angles plus cool, on s’autorise à être moins toilés. C’est plus plus tranquille, mais on est en course, donc l’enjeu est d'aborder la prochaine transition avec plus de facilité ; donc on garde le rythme… »

“Un bon bord de poney au reaching”

Du côté des Class40 que nous ne sommes pas parvenus à joindre à la vacation, ce début de course ne fait pas mentir la réputation d’impitoyable juge-arbitre du golfe de Gascogne. En fin de nuit, le Class40 Curium Life Forward (Lepesqueux-Dehareng) faisait, part de soucis électroniques l’obligeant à faire demi-tour vers Lorient.  Dans ces conditions difficiles, la bataille n’en fait pas moins rage aux avant-postes, avec des bateaux qui se tiennent dans un mouchoir, s’offrant tour à tour le privilège de pointer en tête du classement.

Au passage du talweg (excroissance de la dépression), la flotte s’est néanmoins   scindée en deux groupes.  Au sud, et dans le bon rythme, les premiers semblent bien placés  pour s’échapper du golfe. À bord d’Alternative Sailing -Constructions du Belon, qui progresse dans le premier peloton (17è, à 24 milles), Estelle Greck raconte  dans un message : « la journée d’hier a été rythmée par les grains, le vent était très instable. On a fait un bon bord de poney au reaching avec des rafales à plus de 30 nœuds. Dans la nuit les grains ont continué, accompagnés d'orages. Maintenant nous sommes en tribord amure et  on attend que le vent prenne de la droite ».  Tout l’enjeu consiste désormais à s’échapper pour éviter les vents plus faibles d’une cellule anticyclonique qui risque de piéger les plus lents au nord. Le 25è, premier du deuxième paquet et premier bout pointu, Nestennn-Entrepreneurs pour la Planète (Bonnier-Follin), qui concède déjà 70 milles de retard sur la tête de flotte, pourrait en faire les frais. Et se voir ralentir sur la route vers des conditions meilleures, à la fois plus douces, tout en restant propices à la vitesse…

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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