56° Sud : Yannick Bestaven aux commandes

Par Figaronautisme / Vendée Globe

Tout en bas, collé à la zone d’exclusion antarctique en dessous du 56° Sud, Yannick Bestaven est aux commandes du train du Vendée Globe, tandis qu’il entre dans les longitudes de la Nouvelle-Zélande. C’est agréable, il fait beau et presque chaud, mais la réalité météo tarde à faire émerger une tendance pour les jours à venir. Pour Louis Burton, en revanche, la situation est complexe.

Le réveil de la cartographie, à 5 heures ce samedi matin, a permis de constater que Charlie Dalin (Apivia) a avancé deux nœuds plus vite que Yannick Bestaven (Maître CoQ IV) depuis hier soir, à 18,5 nœuds, ce qui lui a permis de grignoter une dizaine de milles dans la nuit et de compter encore (ou seulement) 35,4 milles de retard. Les deux hommes sont les premiers à rejoindre les longitudes de la Nouvelle-Zélande : ce matin, ils étaient à hauteur de Auckland Island et, déjà, se profile la perspective de parer Campbell Island, à une centaine de milles dans l'Est.

Face à cela, Yannick Bestaven (Maître CoQ IV) ne peut pas faire grand-chose, et l’Arcachonnais a pris le parti de ne pas en faire une histoire : il est condamné à mener le train dans un long et étroit couloir creusé entre la zone d’exclusion antarctique et la belle zone anticyclonique qui règne sur le Nord depuis les côtes néo-zélandaises jusqu’à Campbell Island, et que les voies de dérivation se font bien rares. « J’essaie de rester dans le couloir de vent dans lequel j’avance, dit-il. Les empannages se multiplient dans cette zone Sud qui me paraît être avantageuse. Mais entre les alarmes qui se déclenchent dès que je me rapproche de la ZEA et les zones sans trop de vent au-dessus, ce n’est pas si simple de dormir ».

Quand les conditions de circulation sont celles du moment, avec un bouchon devant et la pression de l’arrière, le pilote est en général pris entre deux feux. « On va entrer dans la molle, et ce n’est pas simple, parce que je ne sais pas dans quel sens va jouer l’élastique. Je ne sais pas si je vais être rattrapé ou si ça va partir par devant. Ce que je sais, c’est que je vais avoir beaucoup de manœuvres dans ce vent qui oscille de 100° à 300°… Tout ça demande pas mal de stratégie… »

Calé plus dans le Nord, du fait de sa tentative de putsch d’avant-hier, Thomas Ruyant (LinkedOut) a stabilisé son écart avec le leader. Le jeu, pour le Nordiste, pourrait être de jouer avec les flux du déplacement de l’anticyclone, qui s’enroulent et redonnent de l’Ouest… tout en évitant de se laisser piéger par la zone de haute pression.

Dutreux collé à la ligne

Dans le même schéma, deux cents milles plus loin, Jean le Cam mène la fronde. Le skipper de Yes We Cam! semble avoir amorcé un recalage vers le Sud, mais de manière moins radicale que Boris Herrmann (SeaExplorer – Yacht Club de Monaco) et Benjamin Dutreux, qui joue déjà le long de la ligne de touche, dans un système perturbé qui soumet son pilote automatique à des soubresauts qui imposent au skipper de rester vigilant et de ne dormir que d’un œil. Contre mauvaise fortune bon cœur, le solitaire de OMIA – Water Family sait que les conditions compliquées lui sont plus favorables qu’un bord obligatoire dans un vent stable, où le déficit de vitesse de son bateau plus ancien se fait ressentir.

Soucis de pilote pour Louis Burton

Celui qui a la vie la plus compliquée depuis hier, c’est sans aucun doute Louis Burton. Le skipper de Bureau Vallée 2 fait face à des problèmes de pilote automatique depuis 19 heures, et c’est à l’aveugle, et à la barre, qu’il poursuit sa route. Et ce qui rend la situation plus complexe encore, c’est que c’est le plan B qui est tombé en carafe. Ce début de journée française va permettre à son équipe de se mettre en relation avec les ingénieurs du fournisseur de l’électronique pour trouver une nouvelle parade. « Heureusement, dit Louis Burton, j’ai quand même un cap, une vitesse, et une barre. Je ne vais pas pouvoir tenir longtemps sans pilote, mais c’est magique de pouvoir barrer à 20 nœuds dans ces mers ». Jeudi, Louis Burton a annoncé son intention d'aller se mettre à l'abri, sous le vent de l'île Macquarie, qu'il devrait rejoindre dans la soirée, voire dans la nuit, pour réparer son gréement. Il faut s'attendre à le voir empanner dans les premières heures de cette matinée. Il sera alors porté par un vent d'Ouest qui va le déposer aux abords de cette île australienne dont les altitudes - 300 mètres au plus haut - lui promettent des dévents apaisants.

Noeuds au cerveau

Plus loin, la situation n'est guère plus claire. 12e, à 1193 milles de la tête, Clarisse Crémer (Banque Populaire) s'est donné deux rendez-vous : la réactualisation d'un premier fichier météo à 7h20 et d'un second une heure  plus tard devraient lui permettre d'y voir plus clair. "Ca me stresse ! Je n'aime pas ne pas savoir ce que je vais avoir envie de faire de ma journée ! " En jeu, la gestion de la dépression qui tombe du Nord et qui n'a pas suffisamment révélé ses intentions pour que Clarisse dans l'Indien ait pu choisir s'il lui est possible de passer à l'avant, ou s'il sera raisonnable de laisser passer le gros de cette dépression, dont le coeur bat à 30 noeuds. Ce sera pour elle le dernier défi, sans doute, de l'épisode Indien qui a été globalement compatissant avec elle : à la longitude de la Tasmanie, se trouvent les portes du Pacifique.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…