Cantilène Cantabrique : Santander, super ! - deuxième partie
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Pour faire bonne mesure, comme à Lisbonne en 1755, une submersion en 1941 est suivie d’un monstrueux incendie. Double peine. Détruits les édifices religieux originaux, disparue dans les cendres la cité historique médiévale qui se dressait avec orgueil sur la colline ravagée par les flammes. Un monument sur le quai témoigne de la tragédie.
Santander est donc une ville moderne. Vastes avenues, immeubles de haute taille, circulation intense. Précieux témoins de la gloire de la cité, des constructions de style Liberty revendiquent fièrement la richesse de la Cantabrie et de son port. Et, de nouveau, ces « bow window » qui ornent les façades. Certains ont plus de deux siècles, d’autres moins de vingt ans, ils réécrivent de manière actuelle la richesse du patrimoine régional et révèlent un climat humide et venté. Il y a quelque chose de british en Santander. Sur les quais des édifices récents se veulent choquants : ils le sont. Le plus emblématique est le « Centro Botin » imaginé par Renzo Piano, il n’est pas impossible que les amateurs d’architecture moderne se pâment.
Santander est affairée mais pas excitée. Les piétons marchent sans se presser, ni se bousculer. Tout ce monde s’affaire avec tranquillité, la population apparait très homogène, pas d’étranger, pas de touriste. Masque obligatoire dans le bus, le respect est un art de vivre à Santander. Grande ville, affairée et polluée. Des pluies intenses viendront souiller le pont de PretAixte d’une boue rouge. Des affiches mettent en garde la population contre la pollution de l’air. Il vaut mieux.
Santander est une escale pour faire un beau ravitaillement. En débarquant du bus, le S2, au terminus, à la gare routière, un supermarché s’offre à vos yeux. Sur sa droite un marchand de fruits et légumes. Mais le meilleur est ailleurs, derrière vous, à moins de cinq cent mètres. Retournez-vous. A main droite vous laissez la gare routière qui vous a accueilli, et, à main gauche la gare ferroviaire qui se prélasse à l’Est face à votre arrivée de bus. Vous suivez ? Plein nord vous vous engagez dans le tunnel qui transperce la colline de feu la cité médiévale. Vous débouchez sur une vaste avenue. Voyez sur votre droite un bâtiment rigide et un peu austère comme savent le faire les espagnols, c’est lui. Traversez l’avenue, vous y êtes, c’est là : le Mercado de la Esperanza.
Santander, Mercado de la Esperanza. Un bijou ! Ouvert de 09h30 à 14h00. Fermé le dimanche. Le rez-de-chaussée est uniquement consacré à a pêche : une merveille de diversité et de fraîcheur. C’est beau, appétissant et vivant comme dans un tableau de Chardin. Splendide. Inutile d’y aller chercher du poisson le lundi, deux petites échoppes distribuent les invendus du samedi. A l’étage fruits, légumes, boucheries, épiceries, charcuteries, boulangeries. Tout pour les gourmands, et nous en sommes. On fait provision de chorizo, de jamon iberico, de pata negra, de conserves d’anchois et de thon, de boquerones en boîtes. A l’extérieur le marché propose des fruits et légumes et, là aussi, des conserves diverses et variées de poisson. Pas de presse pas de cri, à Santander on sait se tenir.
Santander, et si on déjeunait ? Reprenant le chemin inverse pour nous rendre à la station de bus, avant que de repasser par le tunnel nous musardons un peu. Sur la droite se propose, enfin, une rue sans voiture. On s’y engage avec nos victuailles.
C’est la Calle Rubio. Au numéro quatre, La taberna del Herrero, offre un choix très limité de plats, les serveurs sont masqués. On se sent en confiance. C’était tellement bien que nous y reviendrons le lundi. C’est à l’espagnole : avant 13h vous ne pouvez consommer que des Tapas (Raciones) excellentes au demeurant avec leur bière pression légère (Cerveza al barill) ; après 13h, c’est restaurant. Lentilles au chorizo et filets de loubine au four. Et oui comme à La Rochelle ils nomment le bar : la loubina.
Santander ? C’est super !