Une semaine sur la côte est de Fuerteventura, entre lave, sable et océan

Par Charline David

À l’approche de Fuerteventura, le regard se perd sur une île minérale, brute, presque austère vue d’en haut. Les reliefs dessinent de longues lignes sombres, sans végétation apparente. Mais c’est une fois la porte de l’avion franchie que le contraste devient réellement frappant. La chaleur douce, la lumière intense et surtout le paysage qui s’offre aux yeux donnent l’impression de débarquer sur une autre planète. Le sol semble avoir été façonné par le feu. Des montagnes noires, parfois rouge sombre, parfois tirant vers l’orange ou le bordeaux, se succèdent sans interruption. Rien ne pousse ou presque. Le décor est sec, minéral, désertique, avec cette sensation étrange d’évoluer sur un paysage lunaire. Pourtant, malgré cette aridité, la beauté est immédiate et puissante.

Sur la côte est, le paysage raconte aussi une autre histoire, plus récente. Depuis plusieurs années, les vents dominants transportent des particules de sable venues tout droit du Sahara. Petit à petit, ce sable s’est déposé sur certaines zones de l’île, transformant peu à peu les reliefs. Des montagnes autrefois d’un marron profond apparaissent aujourd’hui recouvertes d’une fine couche claire. Le phénomène est encore plus visible sur les plages. Là où le sable volcanique noir dominait, on trouve désormais un sable blanc et fin, presque désertique. Le contraste avec l’océan est saisissant. La beauté de Fuerteventura n’a pas disparu avec le temps, elle a simplement évolué, offrant un visage différent de celui que connaissaient les voyageurs d’il y a vingt ou trente ans.

Un climat qui façonne le quotidien

Le climat fait partie intégrante de l’expérience sur la côte est de Fuerteventura. Ici, les températures restent agréables toute l’année. La chaleur n’est jamais écrasante et l’air est constamment rafraîchi par une brise légère. Le vent est présent, mais rarement excessif. Ce climat équilibré rappelle celui de l’ensemble des îles Canaries et explique en grande partie l’explosion du tourisme à partir des années 1980. Fuerteventura est devenue une destination recherchée pour sa météo stable et prévisible, idéale pour les séjours en toute saison.
Pour autant, l’île a choisi une voie différente de celle d’autres destinations très touristiques. Les autorités espagnoles ont décidé de mettre un frein strict au développement hôtelier. Il est désormais interdit de construire de nouveaux hôtels sur l’île. Le nombre d’établissements existants est figé, et le restera dans les années à venir. Cette décision radicale a mis un terme à de nombreux projets immobiliers. En circulant sur l’île, notamment en voiture, on aperçoit parfois des bâtiments en béton laissés à l’état brut, jamais achevés, souvent situés dans des endroits offrant des vues spectaculaires sur l’océan. Ces structures abandonnées témoignent d’un tournant majeur dans la politique locale. La priorité est désormais donnée à la préservation des paysages et de l’environnement, tout en maintenant une offre touristique maîtrisée.

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Une île dépendante de l’océan

Fuerteventura est une île sèche, dépourvue de sources naturelles d’eau potable. Toute l’eau utilisée sur l’île provient directement de la mer. Elle est dessalée avant d’être distribuée dans les hôtels, les habitations et les infrastructures touristiques. Cette réalité se ressent dans le quotidien. L’eau du robinet est utilisable pour les usages courants, mais il est recommandé de privilégier l’eau en bouteille pour la consommation. Ce détail, souvent méconnu, rappelle à quel point l’île est étroitement liée à l’océan et dépendante de son environnement naturel.

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Un séjour à la carte, entre repos et sensations

La côte est de Fuerteventura permet de composer un séjour sur mesure. Farniente total, vacances sportives ou savant mélange des deux, tout est possible. L’île est reconnue comme l’un des hauts lieux européens des sports nautiques, attirant chaque année des passionnés venus du monde entier.
La playa de Sotavento incarne parfaitement cette réputation. Ce vaste espace de sable, structuré par des bancs naturels et une lagune peu profonde, offre des conditions idéales pour le kitesurf et le wingsurf. Le vent y est régulier, l’eau peu profonde sur de longues distances, ce qui permet une pratique en toute sécurité. Le spectacle est permanent. Les ailes colorées dessinent des trajectoires au-dessus de l’eau turquoise, dans un décor quasi désertique.

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Le surf occupe également une place importante sur la côte est. À Playa del Matorral, l’espace semble infini. Cette immense plage s’étire sur plusieurs kilomètres et accueille aussi bien des surfeurs locaux que des vacanciers venus profiter de l’Atlantique. L’ambiance y est détendue, sans pression, chacun trouvant naturellement sa place sur le sable ou à l’eau.
Au-delà du surf et du kite, l’île permet de s’initier ou de pratiquer d’autres activités nautiques. Voile en catamaran, paddle, kayak, optimist pour les plus jeunes... L’océan est accessible sous de multiples formes, toujours dans un cadre naturel impressionnant.
Il faut aussi savoir qu’une importante communauté naturiste est présente sur l’île et que de nombreuses plages sont partagées. Si cette pratique ne fait pas partie de vos habitudes, mieux vaut simplement en être conscient avant de s’installer sur le sable. Cela fait partie du quotidien à Fuerteventura et ne surprend finalement plus grand monde sur place.

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Découvrir les fonds marins et s’évader ailleurs

Pour les amateurs de snorkeling et de plongée, une excursion vers l’île de Lobos s’impose presque naturellement. Située au nord de Fuerteventura, cette petite île protégée est accessible depuis Corralejo après quelques minutes de traversée en bateau. À la journée, elle offre un tout autre rythme. Les eaux y sont limpides, les fonds marins riches, et l’atmosphère beaucoup plus sauvage. C’est une parenthèse idéale pour découvrir une autre facette de l’archipel.
Depuis Corralejo, il est également possible de rejoindre Lanzarote en bateau. Environ une heure de navigation suffit pour changer totalement de décor. Les paysages volcaniques y sont différents, plus structurés, plus spectaculaires encore par endroits. Passer la journée sur cette île voisine permet de varier les expériences tout en retrouvant le confort de son hébergement à Fuerteventura le soir même.

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Une île qui laisse une empreinte durable

La côte est de Fuerteventura ne cherche pas à impressionner par le luxe ou l’exubérance. Elle séduit par son authenticité minérale, ses contrastes et son rapport direct aux éléments. Ici, le feu, le sable, le vent et l’océan dictent le rythme. Le séjour ne se résume pas à une succession d’activités, mais à une immersion progressive dans un paysage en perpétuelle évolution. Fuerteventura se découvre lentement, au fil des routes, des plages et des lumières changeantes. Une île qui ne s’oublie pas et qui, une fois quittée, donne souvent envie de revenir.

Et avant de partir, pensez à consulter les prévisions météo sur La Chaîne Météo Voyage et à télécharger l'application mobile gratuite Bloc Marine.

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© Charline David
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L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
Cyrille Duchesne
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...
Irwin Sonigo
Irwin Sonigo
Irwin Sonigo
Capitaine 200 et ancien embarqué dans la Marine nationale, Irwin Sonigo a exploré toutes les facettes de la navigation. Des premiers bords sur un cotre aurique de 1932 à la grande plaisance sur la Côte d’Azur, en passant par les catamarans de Polynésie, les voiliers des Antilles ou plusieurs transatlantiques, il a tout expérimenté. Il participe à la construction d’Open 60 en Nouvelle-Zélande et embarque comme boat pilote lors de la 32e America’s Cup. Aujourd’hui, il met cette riche expérience au service de Figaro Nautisme, où il signe des essais et reportages ancrés dans le réel.