Le maire du Mont-Saint-Michel, Eric Vannier (DVD), comparaîtra le 30 janvier en correctionnelle pour prise illégale d'intérêts dans l'affaire des navettes qui acheminent depuis six mois les touristes de la côte au site et dont le point de départ se situe devant les restaurants qu'il possède.
A l'issue de l'enquête de la section de recherches (SR) de la gendarmerie de Caen ouverte en février, "il y a des éléments sérieux" qui justifient cette comparution, a indiqué M. Gaudeul, procureur de la République, tenant à souligner le principe de la présomption d'innocence.
La procédure fait suite à une plainte en mai 2011 du prédécesseur à la mairie (entre 2001 et 2008) et concurrent commercial, de M. Vannier, Patrick Gaulois (UMP), et de son épouse contre son rival, maire du Mont depuis 1983 (sauf entre 2001 et 2008).
Eric Vannier possède une trentaine de commerces au Mont et sur la côte en face du Mont, selon un fonctionnaire du canton. Patrick Gaulois y possède, lui, plusieurs commerces et son épouse est l'un des huit administrateurs de la Sodetour, qui a de nombreux commerces sur la côte en face du Mont.
La justice cherche à savoir si M. Vannier s'est servi de sa position d'élu pour faire valoir ses intérêts personnels.
En tant que maire du Mont, M. Vannier est membre du syndicat mixte qui gère le projet de rétablissement du caractère maritime du Mont Saint-Michel et qui a choisi le nouveau mode d'accès au mont.
Depuis le 28 avril, les parkings au pied du Mont sont ainsi fermés et les touristes doivent se garer à deux à trois km du rocher. Des navettes ont été mises en place mais elles partent à 900 mètres du parking.
Un choix qui date d'octobre 2009, lorsque le syndicat mixte a confié à Veolia le nouveau parking et la mise en place des navettes. La polémique n'a cessé d'enfler depuis.
Les touristes se plaignent d'avoir à marcher deux à trois km aller-retour et les professionnels du tourisme affichent une importante baisse de la fréquentation sur un site classé au patrimoine mondial de l'Unesco et peu sensible habituellement aux aléas de la conjoncture.
C'est la raison pour laquelle le président du syndicat mixte, le président de la région Basse-Normandie Laurent Beauvais (PS), lance une renégociation avec Véolia pour faire partir les navettes directement du parking à partir du printemps prochain.
M. Beauvais a assuré qu'il n'y avait pas de lien entre ces projets de modifications et la procédure en cours visant M. Vannier. Il s'est refusé à davantage de commentaire sur ce sujet judiciaire.