L'explorateur helvético-sud-africain Mike Horn a ramené jeudi au port de Monaco son voilier en aluminium, le "Pangaea", après plus de quatre années de périple sur les mers du monde, accueilli par des dizaines de jeunes qui l'avaient rejoint pour douze expéditions extrêmes.
"Je ne suis pas capable de rester dans un endroit, nous sommes tous faits différemment", dit ce père de famille de 46 ans qui arpente la planète depuis vingt ans. Ce qui lui plait dans la vie, c'est "dormir sous une tente à -60 degrés et affronter les éléments à quatre heures du matin".
Son visage est buriné, sa voix est cassée "par une crise de malaria, un rhume et quelques verres", explique l'explorateur en souriant. Une cinquantaine de jeunes sont venus du monde entier pour l'accueillir et évoquer leurs souvenirs dans les déserts, les régions polaires ou la forêt vierge.
"Je me sers de l'aventure pour attirer les jeunes, ensuite nous leur parlons d'environnement et de sciences", dit ce voyageur qui espère avoir essaimé dans le monde une petite armée de combattants pour l'environnement.
"Les hommes se préoccupent des choses qu'ils voient. Quand on est explorateur on voit plus de choses", énonce-t-il. Car si les jeunes ont découvert des paysages naturels exceptionnels, ils ont aussi observé les nombreux dégâts faits par les hommes.
"Nous ne pouvons pas laisser le monde tel qu'il est, il faut s'occuper de cette mère qui nous donne son lait", dit cet adepte des formules imagées, devant des jeunes qui boivent ses paroles. "J'ai investi dans la plus importante source d'énergie du monde, l'énergie des jeunes", glisse-t-il.
Des jeunes de 15 à 20 ans ont été choisis parmi des dossiers du monde entier. Une deuxième sélection physique et psychologique de dix jours se déroulait en Suisse, en présence de médecins de la célèbre "Mayo Clinic" américaine.
Au final, une centaine de jeunes de quarante pays ont participé à l'une des douze expéditions de trois semaines et ont embarqué sur le Pangaea dans les régions les plus reculées du monde.
A leur retour chez eux, les jeunes devaient aussi lancer localement des projets environnementaux concrets.
Valentin Dorsaz, un collégien de 17 ans du Valais suisse se souviendra toujours de la nuit passée avec sept autres jeunes en août 2011, sur une sorte de lit de camp accroché à la paroi d'un fjord vertical dans le Nord canadien.
"Nous avions mis une journée pour grimper la paroi de 200 mètres. Il a fait très froid, il a plu, j'avais 2 cm d'eau dans le sac de couchage, j'étais trempé... C'était tellement beau et incroyable d'être là!", raconte-t-il.
"Nous avons navigué 1.600 km, traversé un glacier à pied en tirant nous-même nos traîneaux, escaladé des montagnes depuis le niveau de la mer, vu huit ours polaires, rencontré des jeunes Inuits... mais aussi nettoyé des plages jonchées de déchets de la mer".
La parisienne Eugénie Guillaume, 21 ans, a surtout vu le monde sous-marin en plongeant en Malaisie en 2009 pour étudier les coraux. Et surtout "dormir à la belle étoile" sur le pont du voilier de 35 mètres (construit avec des technologies renouvelables au Brésil par des familles des favelas).
Elle a retrouvé à Monaco son ex-compagne d'exploration Michelle Nay, une Suisse-Allemande de 22 ans étudiante en biologie. "C'était génial", dit Michelle, tout en évoquant ces zones "qui ressemblent à un cimetière car tous les coraux ont disparu".
Quant à l'explorateur en chef Mike Horn, son plus beau souvenir est sans conteste l'arrivée dans l'Antarctique. Il en rêvait depuis ses 8 ans et ses premières lectures d'explorateurs. "Ce sont les paysages le plus incroyables. J'ai réalisé mon rêve d'enfant et je l'ai partagé avec des jeunes".
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