L'opération sans précédent confiée au consortium américano-italien Titan Micoperi pour renflouer le Concordia (Cardinal), un colosse haut comme un immeuble de 11 étages, long de près de 300 mètres, et pesant 114.500 tonnes échoué depuis un an près de l'île du Giglio, est une entreprise titanesque qui mobilise des dizaines d'entreprises et de chantiers navals.
Voici les différentes phases du chantier et les chiffres les plus impressionnants:
- Dans la phase de stabilisation du navire qui s'est terminée en novembre, le consortium a mis en place 4 énormes blocs d'ancrage de 34 tonnes chacun, fixés au sol sous-marin entre le Concordia et la côte, et capables de résister à une force de traction d'un millier de tonnes. Les opérateurs de Titan/Micoperi ont aussi commencé à installer 12 tourelles de retenue qui serviront à tirer le navire, actuellement incliné à 65 degrés, pour le redresser à la verticale. 36 immenses chaînes d'acier, deux par tourelles, sont en train d'être placées autour du "ventre" du navire.
- Dans la préparation du fond artificiel sur lequel viendra s'appuyer le navire une fois redressé, des plongeurs descendent, par 30/50 mètres de fond et depuis des mois, d'énormes sacs placés sous le Concordia de manière à aménager un fond plat et dans lequel ils pompent du ciment. Au total, selon Nick Sloane, chargé du projet pour Titan, 18 à 20.000 tonnes de ciment vont être injectées dans ces sacs mis au point pour l'occasion. Une fois le navire reparti, des grues les retireront du fond marin.
A côté de ce faux fond, seront fixées des plateformes sur lesquelles viendra s'appuyer aussi le Concordia lors de sa rotation: trois de grande dimension pratiquement la taille d'un terrain de football, trois plus petites. Elles seront posées sur des piliers enfoncés dans le sol granitique et pour lesquels des trous de deux mètres de diamètre sont en train d'être perforés. "On a droit seulement à 1% d'erreur sur la dimension du trou", a expliqué Nick Sloane.
- Quinze gigantesques caissons flottants seront placés sur le côté gauche, actuellement émergé de l'épave, puis une fois que le navire aura été redressé, 15 autres seront disposés sur l'autre flanc.
Ces caissons sont hauts comme des bâtiments de 7/10 étages (30 mètres), selon Sergio Girotto, responsable du projet pour MIcoperi. Pour donner une idée de l'ampleur du projet, il a souligné que la quantité d'acier nécessaire est "de 30.000 tonnes à comparer aux 7.000 tonnes ayant servi à ériger la Tour Eiffel". Ces caissons sont construits spécialement sur quatre sites différents.
Selon ce dirigeant, l'opération "renflouement du Concordia" a rendu nécessaire l'implication de 150 sociétés du monde entier pour la fourniture de services, 17 chantiers navals italiens qui travaillent à temps plein et 21 moyens de transport maritimes entre les navires et autres embarcations spécialisées.
- Après la rotation du navire, le Concordia reposera sur un fond artificiel situé à environ 30 mètres de profondeur. Grâce à un système de pompes hydrauliques et de compresseurs contrôlé par des ordinateurs, l'eau contenue dans les caissons sera progressivement vidée, ce qui fournira la poussée permettant de remettre à flot le Concordia.
Selon Nick Sloane, le processus très délicat de rotation sera préparé pendant deux jours puis s'étalera sur 6 ou 7 heures. Les opérateurs n'auront qu'une seule possibilité pour tenter de redresser le Concordia, car "une fois passé le point de retour, la force de gravité empêchera d'arrêter l'opération". Ensuite, le renflouement qui sera également très progressif prendra environ 6 semaines avant le remorquage du Concordia loin du Giglio prévu en septembre.