Les navigateurs du Vendée Globe, remporté dimanche par François Gabart, arrivent paradoxalement en meilleure forme physique qu'ils ne sont partis, mais leur corps met quelques semaines à se réadapter à la vie terrestre.
"Je suis en pleine forme, presque plus affûté qu'au départ. A part mes mains (abîmées, ndlr), tout va bien", a ainsi déclaré Armel Le Cléac'h (Banque populaire), arrivé deuxième un peu plus de trois heures après Gabart (Macif).
"Physiquement, on revient plus en forme qu'on ne l'est au départ, où on n'a pas une vie très saine car il y a toute la préparation, beaucoup de sollicitations et de contraintes. Une fois parti, pendant trois mois on fait du sport, on mange à sa faim, on n'a pas de tentations. Il y a bien sûr un peu de fatigue en plus mais c'est un élément mineur", a confirmé Alain Gautier, vainqueur de la deuxième édition de l'épreuve, en 1992-1993.
Leur état de fatigue est de surcroît moins important à l'arrivée qu'au passage du cap Horn, qu'ils abordent, d'après le médecin de la course Jean-Yves Chauve, dans "un état de fatigue avancé" après avoir navigué pendant environ un mois sous des vents de 30 à 40 noeuds et dans une mer agitée.
"Ils ont eu le temps de se refaire un peu la cerise dans la remontée de l'Atlantique sous les alizés, qui apportent un temps doux. Faire un bilan de santé au passage du cap Horn serait bien plus intéressant qu'à l'arrivée", a ajouté le Dr Chauve, en poste depuis la première édition, en 1988-1989.
Gabart a d'ailleurs avoué avoir "même pris quelques grammes", et Le Cléac'h n'a pas commis la même erreur qu'il y a quatre ans quand, faute d'avoir prévu suffisamment de nourriture, il était arrivé amaigri de 9 kilos, faisant quelques heures plus tard une crise d'hypoglycémie.
Les skippers peuvent connaître "une fonte musculaire au niveau des membres inférieurs", a expliqué le médecin, après avoir passé près de trois mois assis, à la barre ou devant leur table des cartes. D'autant qu'il est difficile sur un Imoca de 60 pieds (18,28 m) de se dégourdir les jambes.
Il leur faut aussi retrouver un sommeil classique après avoir dormi par tranches d'environ 30 minutes, d'une seule oreille. "Ils ont besoin de trois semaines, en général pour se reprogrammer, et donc dans les semaines qui suivent l'arrivée ils se réveillent souvent la nuit et ont des coups de barre en journée", a-t-il ajouté.
Finalement, le retour est moins ardu au plan physique que psychologique. "Un petit vide" après avoir consacré environ deux ans à la préparation de la course peut être ressenti, a reconnu Gautier, ajoutant: "psychologiquement, ce n'est pas facile. On aurait envie de tranquillité tout de suite mais il y a toujours des sollicitations médiatiques, d'autant plus de nos jours".