On l'appelait il y a peu la "Dubaï chinoise": l'île du Phénix, un ensemble de gratte-ciel en forme de voiles en mer de Chine méridionale, était il y a peu l'incarnation du boom de l'immobilier de luxe dans la deuxième économie mondiale.
Sur cette île artificielle aux avenues bordées de palmiers, entourée d'eaux tropicales, la chute vertigineuse des prix des appartements est révélatrice aujourd'hui des fragilités de l'économie chinoise, toujours en forte croissance, mais où l'argent n'est pas toujours investi de manière très rentable.
Un hôtel "sept étoiles" est en construction sur l'île, encore promue par les autorités locales comme un prétendant sérieux au titre de "huitième merveille du monde".
Mais dans l'eau des piscines où se reflètent les tours blanches et les décapotables rouges et jaunes, rares sont les signes de présence humaine en plein hiver, pourtant haute saison touristique sur l'île tropicale de Hainan.
Les entrepreneurs qui s'étaient arrachés les propriétés cherchent désormais à s'en défaire afin de rembourser les crédits contractés, car leurs bénéfices ont fondu, particulièrement dans les industries exportatrices qui souffrent de la crise en Europe. La hausse des salaires en Chine fait pression sur les marges des producteurs et exportateurs de "l'usine du monde".
Les appartements sur l'île du Phénix avaient atteint le prix faramineux de 150.000 yuans (18.000 euros) le mètre carré en 2010. Ils sont aujourd'hui proposés pour 70.000 yuans, selon Sun Zhe, un agent immobilier local.
"Je viens de recevoir un appel d'un homme d'affaires cherchant à vendre à tout prix", a déclaré M. Sun, qui circule au milieu du quartier futuriste à bord d'une voiturette électrique.
"Que ce soient les jouets ou les vêtements, l'export ne se porte pas bien. Les propriétaires ont besoin de capitaux rapidement et veulent se débarrasser de leurs appartements", explique cet agent qui assure que ses clients "ressentent vraiment l'impact de la crise financière".
Dans le nord de l'île, la résidence "Jardins du bon augure avec vue sur la mer", avec villas sur la plage et bibliothèque de 100.000 ouvrages, a vu les prix, qui avaient culminé à 12.000 yuans (1.440 euros) le mètre carré l'an dernier, chuter d'un tiers. Et un tiers des logements n'ont pas trouvé preneur.