Noyées dans la végétation sur la côte sauvage surplombant la Méditerranée, les villas de rêve du village espagnol de Playa de Aro sont devenues le refuge d'une clientèle russe en quête de luxe et de calme, accueillie à bras ouverts dans un pays à l'économie exsangue.
Sergueï Maslov, un promoteur immobilier de 53 ans, et son épouse Larissa, 51 ans, venus de Novossibirsk en Sibérie, font partie de ces acheteurs.
Depuis quatre ans, fuyant l'hiver glacial, ils font de longs séjours dans cette région de Catalogne, à une centaine de kilomètres au nord de Barcelone, où ils cherchent à présent une résidence secondaire.
"Là-bas, la température peut descendre à moins 40 degrés en hiver. Ici, il y a du soleil, il fait bon", témoigne Larissa Maslova, perchée sur ses hauts talons et vêtue d'un élégant manteau blanc, un sac haute couture à la main.
Juan Santiago, un agent immobilier de Playa de Aro habitué à répondre aux goûts de cette clientèle huppée, les accompagne dans la visite d'une villa de 700 mètres carrés, avec vue sur mer spectaculaire.
"Actuellement, 90% des ventes à Playa de Aro sont signées par des clients venus de Russie, d'Ukraine ou du Kazakhstan", explique Juan Santiago, dont l'agence JS Platja d'Aro travaille avec des Russes depuis huit ans.
Comme de nombreuses localités de cette côte est de l'Espagne, Playa de Aro, 10.500 habitants, survit en pleine crise grâce à ces nouveaux résidents: ils sont aujourd'hui 575 Russes, trois fois plus qu'en 2004.
Selon les registres officiels, les Russes ont acheté 2.399 propriétés en Espagne en 2012, particulièrement sur la Méditerranée, soit huit fois plus qu'en 2006, stimulant une activité en plein marasme depuis l'éclatement de la bulle immobilière en 2008.
"Le client russe ne discute pas les prix", affirme Xavier Salvado, qui travaille chez Salvado&Gubert, une autre agence de la Costa Brava.
Alina Bondarenko, une avocate russe qui réside en Espagne depuis plus de dix ans, explique cet engouement par "l'effet du bouche à oreille" et par "la baisse des prix alliée au pouvoir d'achat croissant des Russes".