L'Association pour le contrôle de la radioactivité dans l'Ouest (ACRO), un des deux laboratoires indépendants agréés du secteur en France, soupçonne l'usine Areva de Beaumont-Hague (nord-ouest) d'avoir ponctuellement rejeté une quantité inhabituelle de radioactivité dans la Manche.
"Le 17 octobre, l'association a mesuré 110 becquerels/litre de tritium (hydrogène radioactif) dans l'eau de mer prélevée à proximité de l'usine de la Hague, contre moins de 27 Bq/l habituellement à cet endroit", a indiqué le laboratoire dans un communiqué.
Selon l'ACRO, l'usine de retraitement des déchets nucléaires d'Areva de Beaumont-Hague (département de la Manche) ne fait état d'aucune valeur inhabituelle dans ses relevés ce jour-là.
L'association a refait un prélèvement le 15 décembre, montrant qu'"on était retombé à 13,5 Bq/l", a indiqué Mylène Josset, scientifique de l'ACRO, qui surveille régulièrement le littoral depuis 15 ans. La directrice de la communication de l'usine de retraitement, Catherine Argant, a confirmé qu'Areva n'avait relevé aucune valeur anormale et que la société allait lancer des "vérifications complémentaires".
Le chef de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour la Normandie, Simon Huffeteau, a indiqué qu'il ne doutait "pas de la qualité des mesures de l'ACRO, bien au contraire". "C'est une valeur qui est ponctuelle, qui ne représente pas d'enjeu sanitaire", a-t-il poursuivi. "Néanmoins, nous avons demandé aux exploitants du Cotentin, centrale de Flamanville, usine Areva et centre de stockage de la Manche, s'ils avaient des informations sur des faits qui pourraient être susceptible d'être à l'origine de cette valeur".
Selon l'ACRO, d'une façon générale, "il y a plus de tritium dans les eaux de la Manche que dans les eaux du Pacifique à proximité de la centrale de Fukushima". Selon le laboratoire, les relevés officiels japonais de mars font état de 13 Bq/l près de la centrale de Fukushima et de données inférieures au seuil de détection (3 Bq/l) à quelques kilomètres au large.
"On trouve le tritium à une concentration de quelques becquerels par litre dans l'eau de la Manche alors que la concentration naturelle est de l'ordre de 0,1 Bq/l", selon l'ACRO.