Une équipe internationale de chercheurs a décodé le génome du coelacanthe, expliquant l'étrange aspect préhistorique de ce poisson et permettant de lever un coin du voile sur l'émergence des vertébrés terrestres, y compris les humains.
Ce "fossile vivant", témoin de la sortie des eaux voici quelque 365 millions d'années, fascine les scientifiques mais reste très mal connu. On l'a même longtemps cru disparu, jusqu'à ce qu'un pêcheur sud-africain remonte un spécimen dans ses filets en 1938.
L'événement est considéré comme une des plus grandes découvertes zoologiques du XXe siècle. Il a fallu attendre presque 15 ans avant qu'un autre spécimen ne soit pêché. Depuis, seulement 309 individus ont été découverts.
Des scientifiques de 40 instituts de recherche de 12 pays différents ont participé au séquençage du génome du coelacanthe africain - quelque 3 milliards de "lettres" d'ADN -, décrit mercredi dans la revue britannique Nature.
L'analyse confirme ce que les chercheurs suspectaient depuis longtemps : les gènes de ce très vieux poisson évoluent plus lentement que ceux de tous les autres poissons et vertébrés terrestres. Les chercheurs font l'hypothèse que les coelacanthes n'ont peut-être pas besoin d'évoluer, vivant à des profondeurs où peu de choses ont changé depuis des millénaires.
Le génome du coelacanthe permet également aux scientifiques d'aborder la question de l'évolution des premiers vertébrés terrestres à quatre pattes, les tétrapodes. L'animal porte en effet en lui les traces du passage entre le poisson et ces créatures terrestres : des ébauches de membres sur quatre de ses nageoires et une poche d'air qui serait le commencement d'un poumon primitif.
"Ce n'est que le début de nombreuses analyses sur ce que le coelacanthe peut nous apprendre sur l'émergence des vertébrés terrestres, y compris les humains", a souligné un des auteurs principaux de l'étude, Chris Amemiya (Institut de recherche Benaroya, Seattle, Etats-Unis).
Pour en apprendre davantage sur la vie du mystérieux coelacanthe, une équipe franco-sud-africaine mène actuellement une campagne de plongée dans les grands fonds de l'océan Indien, sur la côte orientale d'Afrique du Sud