Le parquet a requis vendredi de "10 à 12 ans" de réclusion criminelle à l'encontre des trois pirates somaliens accusés d'avoir pris en otages les cinq occupants du voilier la Tanit au large de la Somalie en 2009.
L'avocat général Brigitte Ernoult-Cabot n'a pas souhaité différencier les responsabilités des trois accusés devant la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine. Si les accusés, au cours du procès, se sont présentés comme des "exécutants" poussés par la misère et manipulés par un donneur d'ordre, "on ne peut pas nier que leur volonté était de détourner le navire et de prendre des otages", a relevé la magistrate, soulignant que "jusqu'à l'assaut, ils ont conservé leurs armes à proximité".
"Mes clients sont arrivés dans cette enceinte sans aucune confiance dans la justice de leur pays" mais "ils en repartent avec le vrai sentiment qu'une oeuvre de justice a été faite", a souligné vendredi matin lors de sa plaidoirie l'avocat des parties civiles, Me Arnaud Colon de Franciosi.
Le 4 avril 2009, les pirates avaient attaqué le voilier de 12 mètres qui croisait à plus de 900 km des côtes somaliennes avec à bord Florent Lemaçon, Chloé et leur fils Colin, trois ans et demi, ainsi que deux équipiers. Le 10 avril, lors d'une opération des commandos français pour libérer les otages, les deux chefs pirates à bord ont été tués, ainsi que Florent Lemaçon, touché par erreur.
Au cours de leur procès, les trois pirates rescapés, interpellés et conduits en France pour être jugés ont tous exprimé leurs regrets et demandé pardon.
Les responsables militaires appelés à la barre ont confirmé que la mort du skipper était bien due à une balle française, et qu'ils l'ont su dès la fin de l'opération commando le 10 avril. Dans cette affaire "les dirigeants de l'Etat français avaient pris la décision de donner une leçon aux dirigeants pirates à terre", a estimé Me Colon de Franciosi. "Florent Lemaçon est mort, pour moi, pour la raison d'Etat. On a souhaité que cette opération soit un signe très fort envers les Somaliens, les otages sont passés au second plan", a-t-il afffirmé.