L'Ifremer confie une mission scientifique sur le plancton marin aux élèves du Lycée maritime et aquacole de la Rochelle.
Hermiona
Dans le cadre du grand voyage de la frégate L'Hermione sur les traces de La Fayette, du 18 avril au 10 août 2015, l'Ifremer a engagé un partenariat pédagogique et scientifique, intitulé Hermiona, avec le Lycée régional d'enseignement maritime et aquacole de La Rochelle.
Douze lycéens navigueront sur L'Hermione, à différentes étapes de son périple. En parallèle, quatre équipages d’élèves et d’enseignants suivront la frégate durant tout son voyage, à bord d'un voilier de 23 mètres, le «K VIII», ancien Kriter VIII, vainqueur de la Route du Rhum en 1982 et auréolé d'une 4ème place en 2015.
Tous les deux jours, les lycéens prélèveront du plancton marin, précieux pour la recherche scientifique. Le plancton marin constitue l'ensemble des organismes vivants qui flottent dans les eaux marines de surface et dérivent au gré des courants. Méconnu car invisible à l'œil nu, le plancton végétal est pourtant le poumon de notre planète : il produit plus de la moitié de l'oxygène que nous respirons et il est à la base de la chaîne alimentaire. De sa présence va dépendre la vie des océans.
L'objectif de ce partenariat est d'établir une collection d'échantillons qui seront étudiés ultérieurement aux laboratoires de l'Ifremer de La Rochelle et de Concarneau. Le départ aura lieu de l'Estuaire de la Charente le 18 avril pour une traversée de l'Atlantique Nord. Plusieurs escales sont prévues aux Etats-Unis ainsi qu'une escale à Saint-Pierre-et-Miquelon, avant de reprendre la mer pour une arrivée à Brest prévue le 10 août prochain.
Cette expédition est intéressante à plus d'un titre pour les laboratoires sollicités.
Le Laboratoire Environnement Ressources Bretagne Occidentale de l'Ifremer à Concarneau basé à Concarneau, est spécialisé en taxinomie morpho-moléculaire des microalgues. Cette mission lui permettra de compléter la documentation existante sur la biodiversité des micro-algues de l'Atlantique Nord et de la mettre en relation avec les observations littorales surprenantes de ces derniers mois. En effet, depuis septembre 2014, le laboratoire a recensé un nombre exceptionnel d'espèces de micro-algues réputées d'eaux tempérées chaudes à tropicales à la station de Concarneau, alors que la température de l'eau était supérieure à la moyenne.
Il a également mis en évidence, pour la première fois sur les côtes françaises, plusieurs micro-algues, jamais observées pour certaines. Les références qui servent aujourd'hui pour identifier ces espèces ont été fournies par une expédition de 1910 : «Michael Sars» North Atlantic Deep Sea Expedition, réalisée à la même saison et dont le parcours est proche de l'expédition Hermione.
Découverte d'une nouvelle espèce de micro-algue toxique à Concarneau
Les microalgues ou « phytoplancton » sont le premier maillon de la chaîne alimentaire dans l'écosystème marin. Elles produisent une molécule d'oxygène sur deux que nous respirons.
Sur les quelques milliers d'espèces connues à travers le monde, une centaine est considérée comme toxique. Elles le sont notamment par la production de toxines dangereuses pour la faune marine et pour l'alimentation humaine.
Les phénomènes d'efflorescences de microalgues toxiques, peuvent avoir des conséquences économiques importantes en rendant les coquillages impropres à la consommation et donc en entraînant des arrêts de commercialisation, ou en impactant la faune marine, entraînant mortalités de poissons et de coquillages.
Le Laboratoire Environnement Ressources des Pertuis Charentais de l'Ifremer à l'Houmeau est à l'origine de la mise en place du projet scientifique avec le Lycée maritime de La Rochelle. Il est également amené à observer les flores phytoplanctoniques, notamment celles de Saint-Pierre-et-Miquelon. En effet, la zone Terre-Neuve/Saint-Pierre-et-Miquelon est située à la confluence de trois systèmes (Saint-Laurent, courant du Labrador, branche du Gulf Stream) qui en font une zone particulièrement riche en biodiversité des micro-algues et peu documentée.
Le Muséum National d'Histoire Naturelle de Concarneau (MNHN )spécialisé notamment en ichtyoplancton, apporte ses connaissances dans le domaine du zooplancton et complète non seulement sa documentation sur la biogéographie de certaines espèces de l'Atlantique Nord mais explore également la biodiversité de cette faune d'ichtyoplancton et en revisite la taxonomie.
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