Autrefois prédateur, le requin est devenu proie

Par AFP/Nautisme.com

Au palmarès des espèces en danger, le requin est loin de susciter la même empathie que l'éléphant ou le rhinocéros. Aussi effrayants que redoutés, ces prédateurs sont devenus les proies d'une pêche débridée qui met en péril certaines espèces.

Au palmarès des espèces en danger, le requin est loin de susciter la même empathie que l'éléphant ou le rhinocéros. Aussi effrayants que redoutés, ces prédateurs sont devenus les proies d'une pêche débridée qui met en péril certaines espèces.

Les estimations diffusées à l'occasion de la Convention internationale sur le commerce d'espèces sauvages menacées d'extinction (Cites) réunie à Johannesburg jusqu'à mercredi sont éloquentes.

Chaque année, 100 millions de squales sont tués dans les mers du globe. Un nombre de captures deux fois supérieur à celui qui permettrait de maintenir leur population à son niveau actuel, s'alarment les ONG de protection de la faune. "C'est une question de vie ou de mort", résume sans détour Luke Warwick, de l'institut de recherche indépendant américain Pew. "La demande, spécialement d'ailerons, de chair ou de branchies, est plus forte que jamais", explique Andy Cornish, spécialiste des squales à l'organisation mondiale de protection de la nature WWF. "De nombreux pays dans le monde n'ont pas de pêcheries durables, ni la moindre règle concernant la pêche des requins, chacun peut prélever ce qu'il veut", accuse M. Cornish. "Et même dans les pays qui en ont, les règles ne sont pas appliquées."

L'appétit insatiable des consommateurs asiatiques pour leur chair, leur huile, leur peau ou même leur foie, a fait des requins une cible de plus en plus recherchée des pêcheurs.

Leur pratique la plus décriée, qui consiste à couper les ailerons et à rejeter à la mer les prédateurs amputés vivants, a été formellement interdite, même si elle subsiste encore dans certaines zones de l'océan Indien ou du Pacifique.

La Chine a officiellement banni la soupe d'ailerons de requins de tous ses dîners officiels. Mais ce plat reste très apprécié dans le pays, ainsi qu'à Singapour.

Les branchies des raies manta et diable, dont l'eau de cuisson est utilisée par les médecins traditionnels du sud de la Chine pour purifier le système sanguin, suscitent également la convoitise. Leur efficacité n'est cependant pas prouvée scientifiquement.

Selon la Wildlife Conservation Society (WCS), les ventes de requins, de raies et de poissons chimères ont augmenté de 40% pendant la décennie qui s'est achevée en 2011. "La valeur du commerce annuel mondial des morceaux de requins et de raies approche le milliard de dollars. Les sociétés de pêche capturent chaque année 800.000 m3 de chacune de ces espèces", affirme une experte de WCS, Amie Brautigan.

Les spécialistes recensent quelque 1.250 espèces de requins et plus de 180 types de raies. Si elle se poursuit, la surpêche actuelle pourrait en menacer le quart, selon le WWF. "Les requins sont un maillon essentiel de l'écosystème océanique et les raies une de ses espèces incontournables. Nous devons donc les protéger", plaide Dan Ashe, le directeur des services américains de la pêche et de la faune.

La Cites doit se prononcer d'ici mercredi sur une proposition, soutenue par près de cinquante pays, visant à ajouter treize nouvelles espèces de requins et de raies à son annexe II, qui règlemente strictement le commerce des espèces menacées. A ce jour, huit types de requins sont déjà protégés.

Des pays comme les Maldives, les Fidji ou le Sri Lanka, qui ont fait de la plongée dans leurs eaux turquoises la tête de gondole de leur industrie touristique, ont fait le déplacement en Afrique du Sud pour soutenir des mesures de protection renforcées.

Une étude réalisée aux Bahamas a chiffré à près de 100 millions d'euros le chiffre d'affaires annuel du tourisme lié aux requins.

Pour promouvoir leur campagne à Johannesburg, les défenseurs des requins ont même enrôlé... une de leurs victimes. Il y a dix ans, Achmat Hassiem, un Sud-Africain de 34 ans, a été happé par un grand requin blanc au large d'une plage du Cap (sud-ouest). Il y a perdu une partie de la jambe droite mais gagné une médaille de bronze aux Jeux paralympiques de 2012. Aujourd'hui, le nageur est devenu un ardent partisan de la cause des squales. "A cause de cette attaque de requin, je me suis retrouvé à représenter mon pays à trois Jeux paralympiques", confie l'athlète, "je rends donc aux requins ce qu'ils m'ont donné".


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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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