Vendée Globe : 48 heures pour vaincre

Par Nautisme.com

A 600 milles de l'arrivée toujours prévue jeudi, Armel Le Cléac'h fait mieux que résister à la pression constante d'Alex Thomson : encore 75 milles d'avance. Armel est déjà à la latitude des Sables d'Olonne mais les deux meneurs vont devoir aller virer très Nord, probablement jusqu'à l'entrée de la Manche. Alan Roura et Rich Wilson, eux, ont franchi le cap Horn.

A 600 milles de l'arrivée toujours prévue jeudi, Armel Le Cléac'h fait mieux que résister à la pression constante d'Alex Thomson : encore 75 milles d'avance. Armel est déjà à la latitude des Sables d'Olonne mais les deux meneurs vont devoir aller virer très Nord, probablement jusqu'à l'entrée de la Manche. Alan Roura et Rich Wilson, eux, ont franchi le cap Horn.

Les écrans d'Armel Le Cléac'h indiquent ce matin une latitude bénie des circumnavigateurs : 46 degrés Nord. C'est celle des Sables d'Olonne. Autrement dit le leader Banque Populaire VIII est « en face », 600 milles au grand large du phare des Barges, de la bouée Nouch Sud et du chenal tant désiré. Mais on le sait, la route directe n'est pas jouable : pour faire le tour d'une bulle de vents faibles et profiter d'une bascule du vent il faut aller virer très nord, probablement jusqu'à l'entrée de la Manche, avant de pouvoir plonger sur les Sables d'Olonne dans un vent de Nord-Est qui s'annonce glacial. La journée de demain mercredi sera donc décisive… et n'oubliez pas votre petite laine jeudi pour aller accueillir les héros : le Nord-Est à cette époque, il pique ! Dans quel ordre ? Ce n'est pas fait encore puisque le timing du virement sera décisif et qu'Alex Thomson ne manquera pas de tout tenter, jusqu'au bout. Certes, chaque mille qui passe joue par définition en faveur d'Armel Le Cléac'h. Il ne reste plus que 2% du parcours à boucler et son avance est maintenant supérieure aux 10% de la distance restant à couvrir (75 milles d'avance pour 600 milles à faire), ratio bien connu des régatiers et coureurs de la classe Figaro à partir duquel on peut commencer à croire fort en ses chances de victoire.

Colman et Amedeo votent Le Cléac'h

Mais il reste deux nuits en mer, un peu plus de 48 heures de course et tout peut donc encore arriver. Il y aura du trafic, des cargos, des pêcheurs… et on ne sait évidemment pas tout du potentiel réel des bateaux – au passage, on vous parie qu'on apprendra encore beaucoup d'avaries après l'arrivée, que les leaders auront soigneusement caché ou minimisé. Une drisse ou une écoute qui lâche, un mauvais timing de virement… et surtout un Alex Thomson qui ne va évidemment rien lâcher… tout est possible. Entre autres quand le vent va mollir, qu'Armel Le Cléac'h devrait être le premier à ralentir et qu'Alex pourrait en profiter pour réduire l'écart. Pour le moment, les deux leaders ont légèrement freiné (journée autour de 480 milles tout de même !) mais font jeu égal encore, à 17 nœuds de moyenne ce matin.

Tiens, au fait, que pensent les autres concurrents de cet incroyable duel final ? Nous avons joint ce matin Conrad Colman et Fabrice Amedeo et ils sont bien embêtés pour répondre ! Tous deux miseraient tout de même un petit billet sur Armel Le Cléac'h. Pour Conrad Colman, « Alex Thomson a le couteau entre les dents et il va tout faire pour essayer de doubler Armel. Mais je crois qu'Armel n'est pas appelé ‘Le Chacal' pour rien, il a quelques milles d'avance et je crois qu'il ne va pas laisser passer notre ami britannique. » Fabrice Amedeo est du même avis : « c'est difficile à dire…Alex cravache et revient très fort, mais je pense qu'Armel est armé pour défendre sa place. Et c'est un redoutable stratège. Je pense qu'il va avoir chaud jusqu'au bout, que ça va être très serré, mais qu'il va tenir.» Voilà pour les sondages… dont l'actualité récente nous enseigne qu'il faut toujours se méfier ! Pour Alex comme pour Armel, la lutte finale est engagée, elle est intense et ne prendra fin que dans deux jours, quand il faudra bien que ce Vendée Globe désigne un seul vainqueur. De quelques milles, ou de quelques longueurs ? Nous verrons bien.

Le benjamin et le doyen ont passé le Horn

Tous le reste de la flotte a évidemment perdu du terrain sur les leaders avec les deux journées extraordinaires que viennent d'enchaîner Thomson et Le Cléac'h. Mais cela ne change rien pour le moment à un classement très stable. Au grand large d'Agadir, Jérémie Beyou (Maître CoQ, 3e) est légèrement ralenti mais progresse tout de même à près de 14 nœuds. Ce n'est pas le cas du 4e Jean-Pierre Dick (St Michel-Virbac). En proie à une zone de transition, il n'atteint pas les 10 nœuds et voit revenir à moins de 200 milles Yann Eliès (Quéguiner-Leucémie Espoir), toujours accompagné de Jean Le Cam (Finistère Mer Vent, 6e). Yann estimait hier pouvoir revenir peut-être à une centaine de milles de Jean-Pierre… Louis Burton (Bureau Vallée) marche bien – 16 nœuds – à 400 milles de l'équateur et se prépare à affronter le pot au noir retour.

Bien plus loin dans l'Atlantique Sud, Nandor Fa (spirit of Hungary) au grand large, Eric Bellion (CommeUnSeulHomme) près des côtes sud-américaines et Conrad Colman (Foresight Natural Energy) sur une trajectoire médiane sont toujours aux prises avec une zone de hautes pressions qui gêne leur progression. Mais Conrad a retrouvé un peu de vent ce matin… et regrette ses trois voiles perdues dans le Grand Sud, lesquelles vont cruellement lui manquer pour la remontée de l'Atlantique.

Entre le Horn et Les Malouines, c'est plutôt du bonheur pour Fabrice Amedeo (Newrest-Matmut) qui vient de renvoyer de la toile et lutte toujours avec Arnaud Boissières (La Mie Câline), à proximité de l'île des Etats. Le benjamin Suisse Alan Roura (La Fabrique), a passé le cap Horn hier soir à 17h39. Il a été imité en cela ce matin à 3h57 par le doyen de la course, l'Américain Rich Wilson (Great American IV). Le plus jeune et le plus âgé de ce Vendée Globe entament leur remontée finale. Il ne reste donc plus que quatre bateaux dans le Pacifique ce matin : Didac Costa et Romain Attanasio (One Planet One Ocean et Famille Mary-Etamine du Lys) séparés d'une grosse centaine de milles, un peu moins de 1000 milles à l'Ouest du cap Horn. Pieter Heerema (No Way Back) et Sébastien Destremau (Technofirst-FaceOcean) mènent toujours leur bonhomme de chemin en queue de flotte, au milieu du Pacifique.


L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
Max Billac
Max Billac
Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
Cyrille Duchesne
Cyrille Duchesne
Cyrille Duchesne
Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...