Cette décision vise notamment à mieux protéger les glaciers Gangotri et Yamunotri, qui alimentent les deux fleuves les plus sacrés du pays, le Gange et la Yamuna, auxquels le même tribunal de l'Etat himalayen de l'Uttarakhand (nord) avait accordé le même statut juridique le 20 mars dernier. La reconnaissance de ce statut permettra à des citoyens de saisir la justice au nom de ces entités naturelles. "Ces entités auront désormais les mêmes droits que les êtres humains, et toute blessure ou dommage qui leur serait infligé(e) sera considéré(e) comme une blessure ou dommage infligé(e) à des êtres humains", a indiqué le tribunal.
Ce dernier s'inquiète notamment du rapide rétrécissement des glaciers Yamunotri et Gangotri, source du Gange et qui "a reculé de plus de 850 mètres en quelque 25 ans", ont précisé les juges Rajeev Sharma et Alok Singh.
Le tribunal a également étendu le statut de "personnalités juridiques" à d'autres entités naturelles himalayennes, dont des cascades, prairies, lacs et forêts.
Il avait décrété fin mars que le Gange et la Yamuna, où les hindous vont pratiquer des ablutions, seraient désormais considérés comme des "entités vivantes ayant le statut de personne morale" et les droits afférents. La décision avait été accueillie positivement mais avec prudence par les défenseurs de l'environnement, qui espèrent qu'elle ne sera pas que symbolique.
Chaque jour dans le Gange, plus long (2.500 km) et sacré fleuve d'Inde, des pèlerins hindous pratiquent les rites traditionnels, ou y répandent les cendres de leurs proches. Ses eaux sont cependant lourdement polluées par les rejets industriels ou d'égouts, et les gouvernements indiens successifs ont tenté en vain de les assainir. Pour justifier sa décision, inhabituelle, du 20 mars, le tribunal avait souligné que l'existence même des eaux sacrées des deux fleuves étaient menacée.
En accordant ce statut juridique au Gange et à la Yamuna, la justice indienne avait emboîté le pas à la Nouvelle-Zélande, qui avait quelques jours plus tôt reconnu un fleuve révéré par les Maoris comme entité vivante pour des raisons spirituelles, une décision décrite comme une première mondiale.