"Les variations sont toujours importantes d'une année sur l'autre mais il y avait jusqu'en 2014 une légère tendance à la hausse" de la superficie de la banquise antarctique, expliquent les scientifiques. Paradoxalement, cette légère extension n'était pas un signe de refroidissement du continent, où le réchauffement a été de presque 3°C au cours des 50 dernières années.
Mais en novembre 2016, qui correspond au printemps austral, "une rupture hors norme" dans les relevés statistiques a eu lieu. Une fonte "exceptionnelle" a brusquement eu lieu et la banquise, formée d'eau salée glacée, a perdu presque 2 millions de km2 par rapport à la moyenne des 30 dernières années à cette période: 14,5 millions millions de km2 contre 16,35 millions de km2 sur 1981-2010. Le précédent minimum pour un mois de novembre était très largement battu: 15,5 millions de km2 en 1986.
A la fin de l'été austral (fin février-début mars) et donc de la fonte des glaces, un autre record a été battu, avec toutefois un écart beaucoup moins marqué qu'en novembre. L'étendue minimale de la banquise a été la plus faible jamais enregistrée avec 2,1 millions de km2 contre 2,29 millions de km2 en 1997.
A court terme, les phénomènes expliquant la tendance haussière des dernières années seront encore présents. Le premier est un renforcement des vents du sud, en lien avec le trou d'ozone, qui pousseraient les glaces de la banquise vers le nord et contribueraient à leur étalement. Le deuxième facteur serait liée à l'apport d'eau douce généré par la fonte des glaciers. L'eau douce étant moins dense, sa présence accrue en surface limite les échanges avec l'océan profond qui est plus chaud. Ces apports d'énergie étant plus limités, l'eau en surface gèle davantage. Enfin, une étude récente montre que la progression de la banquise sur la période 1979-2014 pourrait être liée à des changements dans l'océan Pacifique tropical.