A Bordeaux aussi, les paquebots dans la ligne de mire des écologistes

Par AFP/Nautisme.com

D'énormes bateaux de croisière s'amarrent désormais en plein centre de Bordeaux, complément lucratif pour un tourisme en plein boum mais, comme à Venise ou Marseille, les écologistes s'inquiètent de la prolifération de ces paquebots pollueurs.

D'énormes bateaux de croisière s'amarrent désormais en plein centre de Bordeaux, complément lucratif pour un tourisme en plein boum mais, comme à Venise ou Marseille, les écologistes s'inquiètent de la prolifération de ces paquebots pollueurs.

En ce début de semaine, c'est le "Seven Seas Navigator" qui s'est ancré à Bordeaux pour une escale inaugurale, un luxueux hôtel flottant de 171 mètres de long pouvant accueillir jusqu'à 504 passagers.

Cette année, comme ce fleuron du croisiériste américain Regent Seven Seas, 53 mastodontes auront accosté dans l'un des trois terminaux de l'estuaire de la Gironde, entre la pointe de Grave, au plus près de l'Atlantique, et le coeur historique de Bordeaux, où 43 d'entre eux auront jeté l'ancre.

Un nombre suffisant aux yeux des écologistes pour sonner la corne de brume contre le danger de ces "monstres marins". Certains ont alerté sur les réseaux sociaux contre les précédents désastreux de Marseille, Barcelone ou Venise, croulant sous les millions de touristes déversés par les gros croisiéristes de Méditerranée.

-'Une aimable farce'-

"Comparer Bordeaux à Marseille est une aimable farce", a riposté le maire de Bordeaux Alain Juppé: "nous avons eu, en 2016, 50 bateaux pour 33.000 passagers, et jamais plus de 1.000 passagers à la fois, en raison du tirant d'eau". On est donc loin de la Sérénissime, de Marseille avec ses 500 escales pour 1,6 million de passagers, ou Barcelone avec 750 escales et 2,6 millions de passagers.

D'autant que Bordeaux est "un port difficile d'accès. Il faut compter une bonne journée de navigation entre la pointe de l'estuaire et le quai des Chartrons", explique à l'AFP Nicolas Martin, directeur de l'office du tourisme.

"Ici, on n'est donc pas sur du tourisme de masse et on ne le sera jamais", assure-t-il. La stabilité des chiffres du Port semble lui donner raison: les chiffres de 2017 seront sensiblement les mêmes que ceux de l'an dernier, avec même un nombre de passagers qui devrait être "en légère baisse".

Deux modèles économiques cohabitent sur les eaux de la Garonne.

Les croisières fluviales, (30 à 40 par an) sur des bateaux plus petits (100 à 150 passagers), "irriguent et font travailler tout le territoire, avec un approvisionnement sur place et en prime une ou deux nuitées hôtelières avant et après la croisière, toute l'année", selon M. Martin.

Les croisières maritimes "plus ponctuelles", avec un pic en juillet, août et surtout septembre, ont des retombées "plus saisonnières, mais avec des clients à plus fort pouvoir d'achat", ajoute-t-il.

C'est ce tourisme là qui cristallise l'opposition des écologistes.

- Haro sur le paquebot -

L'élu Vert Pierre Hurmic ne conteste pas la manne générée par la croisière maritime, même si pour les acteurs du secteur elle est "impossible à chiffrer précisément".

Mais la pollution de l'air est toute aussi "réelle", insiste l'élu écologiste. "Le fioul lourd, utilisé au large par ces mastodontes, c'est 1,5% de teneur en soufre, explique-t-il à l'AFP. A quai, le fioul plus léger servant à leur alimentation électrique, n'a certes que 0,1% de soufre, mais reste polluant comparé au diesel automobile (0,001% de soufre)".

"Pour un paquebot amarré à quai pour quelques heures (entre 24 et 36 en moyenne), 43 fois par an, il y a des centaines de milliers de voitures sur la rocade, 365 jours par an", objecte Stephan Delaux, adjoint de M. Juppé chargé de la vie fluviale.

L'Atmo, autorité de surveillance de la qualité de l'air, a programmé une étude pour mesurer la pollution atmosphérique à la mi-octobre, une période qui n'est pas la plus propice avec seulement 5 paquebots attendus, cette fin de saison touristique.

La mairie, elle, étudie déjà la faisabilité de bornes électriques à quai, une option envisageable pour alimenter les petits bateaux fluviaux, mais impossible pour les gros paquebots. Pour ces navires-là, "l'avenir c'est le GNL (gaz naturel liquéfié, moins polluant que le diesel), mais là, la mairie de Bordeaux n'a pas la main", constate M. Delaux.

 

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...