La Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne s’est achevée cet après-midi avec l’arrivée de la dernière concurrente, Miranda Merron (Campagne de France). Cette course originale, née du contexte particulier de la crise sanitaire, a tenu ses promesses de grand banc d’essai à moins de 4 mois du départ du Vendée Globe.
Ce tracé très spécial - un triangle en Atlantique Nord culminant aux confins du cercle polaire, par 62e degré Nord – destiné à éprouver marins et bateaux dans des conditions de navigation exigeantes et variées, a été le théâtre d’une régate de tous les instants. Premier enseignement : ces dix jours d’affrontement ont été survolés par les foilers de dernière génération. Jérémie Beyou, vainqueur aux Sables d’Olonne, Charlie Dalin, son dauphin et Thomas Ruyant, sur la troisième marche du podium, se sont livrés un combat à vue et ont alimenté le suspense au quotidien jusqu’aux dernières minutes de course devant le port vendéen. « Ça a été très intense. J’espère que le Vendée Globe ne sera pas sur le même rythme, parce là, les gars, je ne me fais pas 70 jours comme ça ! » lâchait Thomas Ruyant à son arrivée au ponton des Sables d’Olonne.
Deuxième enseignement : non loin du tiercé gagnant (6 concurrents sont arrivés en l’espace de 6h19), les bateaux à foils plus anciens se sont aussi révélés très performants, à l’instar d’Initiatives- Cœur, de PRB, de MACSF (avant que la bôme du bateau ne se casse en deux), de Seaexplorer – Yacht Club de Monaco ou de Maître CoQ IV. Tout au long de la course, et du début à la fin classement, chacun a trouvé sa place et s’est retrouvé « challengé » dans son propre groupe. Mais au final, la hiérarchie de la Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne confirme une certaine logique : elle est le reflet du degré de technicité et de l’âge des bateaux, du palmarès des coureurs et de leur expérience en solitaire, de la cohérence du binôme homme/machine et du niveau de préparation global des projets.
La liste des soucis techniques n’est pas négligeable, mais cette course était justement là pour cela : évaluer la fiabilité et l’état de préparation des monocoques, alimenter la job list pour les chantiers d’été, casser tout ce qui doit casser avant le grand saut.
Les skippers ont aussi (re)pris conscience de l’engagement physique exigé par les bateaux. La physionomie du parcours obligeait la flotte à traverser les systèmes météo de part en part, soit une succession de fronts et de bulles anticycloniques. Un exercice stratégique qui a aussi donné lieu à de nombreuses manœuvres de changement de voile. Mais au delà des quelques suées à la colonne de winch ou sur le pont, les conditions parfois rudes de cette navigation en Atlantique Nord ont révélé la difficulté de vivre à bord des foilers de dernière génération : se déplacer, préparer à manger, dormir à bord d’un bateau bruyant, aux mouvements brusques et imprévisibles, relève de la gageure. Un défi qu’il faudra pouvoir relever pendant au moins 70 jours autour du monde.
Enfin, ces 10 jours de mer ont été propices à la récupération de données liées à la performance : tests de configuration de voiles, travail sur les polaires de vitesse…