Agenouillés sur le sable humide de la plage de Contis (Landes), deux jeunes gens armés d'une pince à épiler fouillent, sous un ciel métallique, le bord de mer à la recherche de microplastiques, ces minuscules débris à l'effet "ravageur" sur l'océan. "On y va doucement pour sortir tous les éléments qui pourraient obstruer. Ensuite, on fait le tri entre tout ce qui est végétal, animal et plastique dégradé", explique Aurélien Strmsek, 24 ans, au côté d'Edgar Dusacre, 23 ans.
Les deux jeunes gens, coprésidents-fondateurs de la petite association environnementale bordelaise 4P Shores and Seas, sont partis de Soulac (Gironde) le 28 juillet et arpentent depuis les plages du littoral aquitain : destination Anglet (Pyrénées-Atlantiques), une marche de 260 km. Leur objectif est de prélever sur leur passage des échantillons de microplastiques de moins de 5 mm, "intégrés à un protocole scientifique" destinés à la recherche, explique Aurélien, étudiant en master de transition durable et écologique. Ces échantillons seront analysés par le Laboratoire EPOC (Environnements et Paléoenvironnements Océaniques et Continentaux), rattaché à l'Université de Bordeaux, avec lequel l'association collabore. Le but est d'"identifier les origines terrestres" de ces microplastiques et de comprendre leur impact sur la biodiversité marine et leurs effets sur la chaîne alimentaire, disent-ils.
Aujourd'hui, les microplastiques ont un "effet ravageur" sur l'océan, affirme Edgar, car ils absorbent des polluants tels que métaux lourds, hydrocarbures, molécules de bisphénol A et B, phtalates, ensuite ingérés par les organismes vivants qu'ils perturbent.
Les jeunes gens ont contacté l'année dernière le laboratoire bordelais qui effectue les mêmes recherches mais seulement sur le bassin d'Arcachon. "Ainsi, on peut élargir leurs bases de données", explique Aurélien Strmsek, et grâce à un protocole commun, faire des comparaisons pertinentes. L'atout de ce procédé "simple et rapide à faire", c'est qu'il peut être "utilisé pour faire de la science participative et citoyenne", dit Edgar.
Au cours de ce "défi" qu'ils appellent la "Route du plastique", les deux étudiants en profitent pour s'adresser aux estivants : "On les sensibilise à regarder ce sur quoi ils marchent et ils s'aperçoivent vite que ce n'est pas que sur du sable", ironise Edgar. "On essaie de les informer sur leur consommation de plastique et donner des clés pour la diminuer", conclut Aurélien.