Vendée Globe : des bateaux novateurs qui mènent vers un autre monde

Par AFP/Figaronautisme.com

Des allures folles sur l'eau, des cockpits devenus des cabines de pilotage: les "foilers", ces "bateaux volants" dernière génération, embarquent le Vendée Globe dans une autre ère.

Jamais une édition n'a présenté autant d'innovations technologiques autour du bateau monocoque star du Vendée Globe, l'Imoca (60 pieds/18,28 m). Ce sont huit bateaux de toute dernière génération, c'est-à-dire conçus pour "voler", grâce à des foils, des appendices latéraux élevant la coque au dessus de l'eau, qui permettent d'atteindre des pointes de vitesse de 38 noeuds, soit 70 km/h.

Mais c'est un défi inédit pour cette génération de bateaux: aucun "foiler" n'a encore fait le tour du monde...

"Quand on est à bord, on a vraiment l'impression de voler, en fait on ne voit que le ciel. Tu te dis: je suis quand même 3 mètres au dessus de l'eau ! Ces bateaux sont complètement dingues. Tu sens le bateau qui se soulève et se maintient un peu comme en apesanteur. Et il y a cet amorti sur le foil quand il n'y a pas de vague. Et t'as le bruit de l'eau sur la quille, qui rentre, qui sort", raconte à l'AFP Armel Tripon (L'Occitane en Provence).

Son voilier a été conçu par l'architecte Samuel Manuard, qui a voulu un bateau "relativement facile à utiliser". "Ces bateaux sont assez durs physiquement, ils sont capables de performances époustouflantes, mais le revers c'est que le bateau est assez exigeant. Il faut le rendre le plus humain possible", concéde-t-il.

Auparavant, il y avait un, voire deux architectes qui pensaient les Imoca. Pour la 9e édition de la plus légendaire des courses autour du monde en solitaire et sans escale, ce sont quatre architectes qui sont entrés dans la danse.

Outre Manuard, Guillaume Verdier a oeuvré pour deux bateaux (Apivia, LinkedOut), deux également pour l'Argentin Juan Kouyoumdjian (Corum L'Epargne, Arkéa Paprec) et trois pour le cabinet de Vincent Lauriot-Prévost (Charal, Hugo Boss, DMG Mori).

"Il y a quatre ans, c'était les prémices du +foil+, ils étaient rajoutés après la conception. Ils pesaient une centaine de kilos, aujourd'hui c'est trois fois plus pour une envergure deux fois et demi plus importante. Ils sont donc capables de faire voler le bateau alors qu'avant c'était un petit effet de turbo supplémentaire", explique Vincent Lauriot-Prévost, concepteur de 12 des 33 bateaux qui prendront le départ dimanche aux Sables d'Olonne.

Selon l'architecte, la victoire se jouera sûrement en dessous des 70 jours, soit 5% de performance en plus par rapport à la dernière édition, gagnée en 74 jours. Et ce ne sera possible qu'en mode "volant".

Même si "volant" est un abus de langage.

"Ils sont semi-volants. On dit que les Imoca sont volants parce qu'ils ont des grands foils et ont un comportement très aérien, mais c'est du vol un peu incontrôlé, ils gardent quand même un contact avec l'eau", détaille Samuel Manuard alors que l'arrière du bateau touche encore l'eau.

"Pour avoir un vol stable, il faut des ailes mais aussi un plan porteur à l'arrière. Ca arrivera, ce sont des décisions de classe (Imoca) à prendre. Et là, on aura vraiment franchi un pallier de performance, ce sera brutal", prévient l'architecte.

Outre les envolées des bateaux, les nouvelles embarcations impressionnent par leurs cockpits, dont certains sont fermés tels des vaisseaux spatiaux.

Charlie Dalin (Apivia) et Alex Thomson (Hugo Boss) ont cette configuration.

"Thomson est allé encore plus loin que nous, c'est un concept que j'avais proposé, le postulat étant qu'on passe le Vendée à l'intérieur du bateau en grande majorité, alors pourquoi ne pas ramener complètement les manoeuvres à l'intérieur. On est partis sur un compromis, moins extrême que Thomson", souligne Dalin.

Et à l'intérieur, il y a aussi des évolutions technologiques qu'on ne voit pas.

"Il y a d'énormes progrès qui ont été faits au niveau des pilotes automatiques. Ils sont beaucoup plus sollicités sur ces bateaux aux variations de vitesse importantes avec des attitudes brutales. Le pilote automatique, c'est l'équipier idéal à partir du moment où il est fiable avec un temps de réponse suffisamment court. C'est une clé importante", relève Lauriot-Prévost.

Et il semblerait que le Gallois Alex Thomson en aurait fait sa botte secrète.

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
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Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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