Stéphane Le Diraison (Time for Oceans) était à la vacation du mercredi 16 novembre au matin.
« J’étais en train de remettre ma grand-voile haute, c’est toujours un moment d’émotion puisque je n’ai plus mon système de hook normal mais un système bricolé. Ça a bien marché, je suis content. Tout va bien.
On a eu un peu de vent il y a 24h, gentiment. On avait 25 nœuds. Derrière, il y a une autre dépression un peu plus hargneuse. Mais je ne vais pas m’en plaindre, on revient dans un système plus conventionnel, c’est le terrain de jeu des dépressions ici ! J’ajuste ma lattitude en fonction de la force du vent que j’accepte d’encaisser. Ça m’a bien remonté le moral d’avoir du vent, dans la bonne direction, et de refaire de la stratégie par rapport au positionnement des dépressions. C’est ce qu’on vient chercher dans le grand Sud, donc je suis super content !
Dans six jours, ce sera l’Australie, j’ai envie de dire « enfin » ! J’ai plus de quatre jours de retard sur mes temps de 2016, ce qui est quand même incroyable. Ces quatre jours, je les ai pris dans l’océan Indien, sèchement. J’aurais mis quasiment 40% de temps en plus entre le cap de Bonne-Espérance et le cap Leeuwin. Je suis content d’avancer et de faire route vers l’Est, car j’ai déjà perdu pas mal de temps en chemin. La route est encore longue et il peut se passer pas mal de choses pour tout le monde, même si les écarts avec le groupe de devant sont abyssaux.
C’est motivant d’avoir du monde derrière, nottamment les deux anciens bateaux avec Didac (Costa) et Pip (Hare) qui avaient des chronos assez incroyables ces dernières 24h. Ils avaient un vent un peu plus soutenu mais ils arrivent à faire particulièrement bien marcher leur bateau. Ça me force à rester concentré. C’est une grosse pression de derrière avec aussi Manuel (Cousin). Ça va me permettre de ne rien lâcher pour rester accroché à Arnaud (Boissières) et Alan (Roura) qui m’ont distancé mais sont à portée de fusil.
Il faut être patient. Quand ça creusait, il fallait que je garde mon calme. Dans une sitation donnée, on fait ce qu’il y a de mieux à faire dans l’instant, il faut être à l’affût, garder la tête froide et se dire que les opportunités viendront sans doute plus tard.
J’ai une montre que je règle à l’heure solaire pour être en phase avec les rayons de soleil, c’est à dire avoir un rythme biologique qui ressemble le plus possible à la longitude à laquelle je navigue. Ça veut dire qu’il y a un petit décalage horaire tous les 15° de longitude à l'Est : je décale d’une heure. J’essaye de m’imposer un rythme au niveau des repas, des siestes… Ce sont des choses que j’ai bien travaillé en amont. Ce qui ne se décale pas, c’est la météo, j’aime bien travailler avec les fichiers de midi et de minuit qui sont livrés à 5h et 17h. Il y a aussi le suivi des classements. Ça j’essaye de le faire avec parcimonie parce que ça peut vite monter à la tête. Je m’impose aussi de me laver quotidiennement, parce que c’est facile de se laisser aller. Pour moi ça participe au bien-être et à la performance.
J'ai des soucis d’étanchéité, rien de grave mais c’est désagréable parce que je passe presque une heure par jour à tout assécher et je dois aller dans des compartiments qui ne sont pas accessibles. En fait ce sont les puits de foils et de quille qui rentrent en pression, ça avait été sous-estimé dans la préparation et j’ai beau essayé de colmater, ça rentre. J’ai aussi une entrée d’eau dans la crashbox et dans un compartiment arrière par l’axe de la barre. Ça fait partie de mon quotidien du bord ! »