Avec trois Vendée Globe à son actif, Arnaud Boissières connaît bien les mers du Sud et il sait que le cap Horn n’est pas encore la porte de sortie du « tunnel »… Et le long de la Zone d’Exclusion Antarctique, le skipper de La Mie Câline-Artisans Artipôle a eu quelques déboires avec son spinnaker…
« On est au portant et on empanne le long de la ZEA. J’avais encore du vent jusqu’à pas longtemps, mais là, ça mollit sérieusement : on a une bulle anticyclonique au moins pour 24 heures. Hier, j’ai envoyé le spinnaker et j’ai fait un joli coquetier à l’empannage ! Je n’étais pas fier de moi, mais j’ai réussi à l’enlever en jouant sur la panne au vent arrière, comme en école de voile. La fatigue, une mauvaise vague, je ne sais pas… Là j’ai envoyé le spi au lever du jour, mais je vais l’affaler bientôt avant la nuit pour mettre le gennaker. En plus, il y a de gros nuages : je vais jouer la prudence.
Franchement, ce sont de belles conditions pour naviguer : on voit des luminosités dans le Sud. C’est comme un miroir : nous ne sommes pas très loin de l’Antarctique par 55° Sud ! Et puis je suis bien entouré avec un Suisse d’un côté et une Anglaise de l’autre… C’est sympa de batailler en groupe même si on a des vitesses assez différentes en ce moment. Bon, les foils, ça ne me sert pas à grand-chose en ce moment : je les ai rentrés et c’est plutôt un piège à cordage qu’autre chose.
Avant-hier, j’ai eu un coup de fatigue, mais là, je suis en pleine forme ! Il commence à faire faim. Tout le monde regarde le cap Horn en se disant que c’est la délivrance, mais je sais que ce n’est pas le cas tant que tu n’as pas dépassé les Malouines. Il ne faut pas que la pression retombe après le cap Horn parce que ce n’est pas fini. Mais pour moi, ce ne sera pas avant le 8 janvier…
Et puis aujourd’hui, il fait bon : avant j’avais le cockpit fermé mais là, j’ai ouvert pour aérer. Ça commençait à sentir l’écurie ! En plus, j’ai eu le temps de faire un tour du bateau, d’écoper les fonds, de remettre de l’huile dans l’hydrogénérateur : c’est bien d’avoir un peu de temps pour remettre le bateau en état parce qu’il souffre quand même ! Et le skipper aussi s’entretient : je me lave entièrement, je me change et je me rase tous les dimanches. »
Arnaud Boissières / La Mie Câline-Artisans Artipôle