« J’ai 45 nœuds, je suis sous GV seule, j’ai roulé le J3, par contre je suis collé. Je suis à 64% de mes performances. Je n’arrive pas à trouver le bon compromis. Le bateau part à fond. Je suis déjà à 16 nœuds. La mer est galère, le pilote n’arrive pas à tenir le bateau. C’est ça qui me fait peur. Le bateau vient de faire une embardée, le pilote s’est mis en alarme, il n’a pas empanné mais je n’étais pas loin. Ce n’est pas le moment de faire une connerie. J’ai du vent fort depuis 3 jours mais le plus fort c’est maintenant jusqu’à demain. J’en ai pour 20 heures un peu galère. Mais après, ça va mollir à l’approche du Horn.
C’est un peu fatigant, on sent que le bateau souffre. Il faut gérer les poches d’eau dans la grand-voile, les écoutes qui se barrent. J’ai eu une cosse dans la bosse d’enroulement (le bout qui sert à enrouler la voile) quand j’ai voulu rouler le J3, donc il a fallu que j’aille à l’avant quatre fois pour régler le problème… c’est un peu tendu, mais c’est pour ça qu’on est venus hein ! Je ne sais pas ce que c’est que cette légende du Pacifique où on fait des grands surfs… moi, je n’ai pas vu ça il y a quatre ans et encore moins maintenant (rires).
Oh la vache, je viens de sauter une vague. Allez vas-y, remets toi bien pépère. Voilà, on se remet en ligne…
Sinon, je crois que j’ai trouvé la réponse à pourquoi on fait ça ! Souvent, on se dit « mais qu’est-ce qu’on fout là ? ». On parle des mers du Sud, de l’appel du large. En fait, ce que je pense c’est qu’on est tellement à 100%, on a tellement tous les sens en éveil, pour tout surveiller, pour faire corps avec le bateau, la nature, pour prévoir tout ce qui va se passer, le vent, les vagues… En fait, cet état où tu es à fond, c’est ça qui est super. Sur le moment, quand on le vit, souvent on se dit qu’on serait mieux, tranquille à la maison, mais quand je serai tranquille chez moi, je me rappellerai que le moment où j’étais le plus performant, le plus vivant, c’est maintenant. Je pense que c’est ça qu’on cherche. Sur le moment, on trouve ça dur, mais quand on y repense, on se dit : ‘j’étais au taquet, j’étais vivant’. C’est sûrement pour ça qu’on y retourne toujours comme des cons (rires) »
Romain Attanasio, PURE- Best Western, à la vacation de 5 heures