"C’était extraordinaire. Il faisait nuit, j’étais dans le bateau, je me faisais un café et quand le jour a commencé à se lever le cap Horn a surgi devant moi avec le phare, le caillou… C’était incroyable, c’était dingue, magnifique, plein d’émotions ! Je suis passé à 4 milles. La pointe est assez haute, je dirais 150, 200 mètres de haut. Je l’ai très très bien vu.
Ça remue beaucoup de choses, c’était vraiment un beau moment. Il n’y avait pas beaucoup de vent alors j’ai pu en profiter. C’était une joie énorme, je n’arrêtais pas de rire, c’est un rêve que j’ai depuis 25 ans avec deux potes. Il y en a un qui est parti malheureusement. Et l’autre pote, on y retournera peut-être ensemble !
Hier soir en arrivant en approche la mer s’etait calmée, le vent aussi. On sortait de 3, 4 jours un peu durs. On était rentré dans le sud avec des albatros, j’en suis aussi sorti avec eux. C’était une belle image.
Vent est tombé progressivement, actuellement j’ai du vent de nord assez faible. Je suis au près avec une belle houle, qui est propre, ce n’est plus le foutoir comme il y a quelques jours. La houle me pousse dans les surfs. Je suis en bâbord amures, ça va adonner. Je vais suivre une route assez similaire aux petits copains de devant."
La remontée de l’Atlantique
"Ça va être assez compliqué. Le routage m’annonce 10 jours jusqu’à Salvador de Bahia donc c’est long. Après ça bouge beaucoup, il y a des petites dépressions qui naissent sur le front froid, on peut les appréhender différemment. Il devrait y avoir pas mal d’opportunités, c’est intéressant ! Ce sera moins stressant, il y aura moins de mer. Je me suis reposé, mais bon ça fait presque 60 jours qu’on est en course quand même. Ça tire un peu physiquement. Les températures vont remonter, ça va être appréciable.
J’ai eu plein de galères de voiles. Au début de la course, j’ai cassé un hook de J3. Je n’ai plus de J3 et un nouveau hook a cassé au niveau du capelage. Je n’ai plus de voiles de capelage. Je peux les gréer en tête mais c’est un peu différent comme configuration. Ça fait deux hook cassés alors que les charges données sont largement en dessous de ce que j’ai eu comme conditions. Il faut que je sois prudent. C’est un peu dur d’être lâché par le matériel comme ça."
Armel Tripon / L'Occitane en Provence