Les premiers mots de Clarisse Crémer, 12e du Vendée Globe

Par Figaronautisme.com

Ses premiers mots à bord de Banque Populaire X

"Je suis hyper heureuse d’être ici. C’est un gros soulagement, on était stressé jusqu’au bout. Je suis contente d’avoir réussi et de retrouver mon équipe. Cet accueil est incroyable, j’hallucine !

J’ai vachement appris pendant cette course, ça donne presque envie de repartir avec ce bateau-là, maintenant que j’ai appris plein de choses dessus. Je me rends compte qu’au début du Vendée Globe je ne savais pas bien m’en servir et j’ai découvert la bête au fur et à mesure. C’est sympa d’être plus à l’aise sur sa machine. Le temps de préparation était un peu court, je l’ai senti la première semaine ou j’étais un peu intimidée sur tout ce qu’il y avait à faire.

Je pense que j’en ai moins bavé que d’autres en termes de problèmes techniques. J’ai la chance d’avoir une équipe de dingue et un bateau très bien préparé. C’était aussi un parti pris depuis le début de faire très attention à mon bateau. J’ai parfois regretté de ne pas avoir assez tiré sur la machine, mais l’objectif était de finir. J’en ai donc bavé, surtout du point de vue de la fatigue et la sensation de sans cesse avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête, en me demandant quand allait arriver le prochain pépin. A partir du moment où j’ai arrêté d’y penser, ça allait mieux. "

Conférence de presse

À propos de ses sentiments à l’arrivée

Je suis un petit peu perdue, ça fait beaucoup de choses quand on vient de passer trois mois seule sur un bateau autour du monde. C’est beaucoup de soulagement surtout car pendant tout ce temps, on vit avec la peur que quelque chose nous empêche de finir notre objectif donc quand on réussit, ça fait un coup de pression en moins.

"Et puis ce chenal !  Je suis encore sous le choc"

Fierté ? Je ne sais pas si c’est le bon mot. Mais je suis fière d’avoir réussi à emmener mon bateau au bout de la course… Quand je suis partie sur l’eau, je ne savais pas tout faire à bord. C’est un sentiment agréable de sentir qu’on maîtrise mieux son sujet, son bateau, je suis dans un état de fascination avec ces bateaux. Le truc, dans 40 nœuds dans le  golfe de la Gascogne, ça passe. Les bateaux tiennent, ils sont fait pour faire ce tour du monde…

Le record (féminin autour du monde en solitaire en IMOCA), on est tous d'accord pour dire que c’était il y a 20 ans, ce sont des éditions très différentes, des bateaux différents. La durée du Vendée Globe n’est pas représentative de l'intensité de la course et de ce que les marins ont fait dessus. C’est quelque chose d’amusant de se dire qu’on est la femme la plus rapide autour du monde en solitaire et en IMOCA, mais ça sarrête là. Par contre recevoir un message d’Ellen MacArthur, c’est la classe.

Le point commun entre une aventure entrepreneuriale et le Vendée Globe : ce sont des aventures qui demandent beaucoup d’énergie, à croire en quelque chose qu’on ne connaît pas du tout, qui demande de se lancer sans connaître tous les paramètres. Ça demande du travail et de l’énergie.

"Etre la première femme , ce n’est pas ce qui importe"

Mon but était de terminer le Vendée Globe en naviguant bien, en étant en mode course et pas en promenade de santé. Le fait d’être premiere femme, c’est chouette, c’est une cerise sur le gâteau car on est peu nombreuses, ça met en valeur les projets. Mais sur l’eau, il n’y a pas de différence entre le fait d’être une femme ou un homme. `Ce n’est pas ça qui détermine notre façon de naviguer ou notre façon d’appréhender la course. Je pense à toutes les femmes qui sont sur cette édition, à celles qui étaient devant et qui n’ont pas eu de chance. Le Vendée Globe, ce n’est pas qu’une course, c’est aussi boucler un tour du monde en solitaire à la voile et ce n’est pas rien.

"J'ai apprécié la lumière"

C'est bien, le Vendée Globe parce qu'on ne voit que de l’eau…  La planète n’est pas si grande que ça, j’ai réussi à faire le tour en 3 mois. A la fin, on se sent perdu au milieu de nulle part. On se rend compte à quel point la nature est énorme, puissante, sublime et qu’elle peut nous écraser. J’ai quand même vu des déchets jusqu’au milieu du Pacifique ou de l'Atlantique, une bouteille vide, un baril de pétrole, etc. Tu ne vois aucun signe de civilisation à part ça.. Même au milieu de nulle part, il y a des signes de notre présence pas très positive sur terre. Par contre, j’ai apprécié la lumière. “Que la lumière est belle” comme disait ma grand-mère tous les jours. Même dans les moments de détresse psychologique, le spectacle de la lumière m’a porté.

"Une épée de Damoclès pendant 3 mois"

Je pense que le moment où je me suis sentie en danger, c’est quand Kevin a eu son gros souci. Quand on se lance sur un projet Vendée Globe, il y a une petite part de déni, on est livré à nous-même pour se sortir de beaucoup de situations. Quand il y a eu le naufrage, on se rend compte que tout peut basculer. A ce moment-là, je me suis rendue compte que ce n’était pas une blague, qu’on était seul au milieu de nulle part, donc il faut faire attention.

Il faut garder en tête que pendant 3 mois, on a une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Savoir que mon bateau était solide, ça me rassurait. Dans le Pacifique, j’ai ralenti, quand je me suis rapprochée des vents forts, la mer était de face, ça tapait d’une grande force, c’était impressionnant. Dans ces moments-là, j’étais contente d’avoir un bateau fiable et bien préparé par l’équipe de Banque Populaire.

"Le bateau, je le connais par coeur"

Mon objectif était de terminer. La voile est un sport de compromis. La première semaine à été très dure pour moi, ça a été le compromis. J’ai un gros esprit de compétition, c’était un crève-cœur de ne pas réussir à suivre le rythme qu’on s'était fixé avant le départ. J’ai décidé de faire un contour énorme de la dépression tropicale Thêta. J’ai passé toute la course à penser à “si j’avais foncé dans le tas?”. Finalement j’ai beaucoup fait la course avec mes routages et mes polaires. J’ai fait un peu à ma sauce. Le côté compétition est important et rajoute une grosse part d'intérêt au global.

J’aimerais repartir avec le même bateau, car maintenant je le connais par coeur. Je n’ai pas pu m'empêcher de réfléchir à ce que j’aurais pu faire de mieux à chaque fois. C’était génial ! Au départ, je ne peux pas dire que j’étais en osmose avec mon bateau, il m'impressionnait.  Et puis je me suis habituée, j’ai pris mes repères. Pour la prochaine fois, j’aimerais bien en apprendre plus sur la façon dont il est construit. C’est génial d’être un pilote mais sur un Vendée Globe, il faut aussi avoir un bon bagage technique."

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
Cyrille Duchesne
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...