Samedi 9 juillet 2022. L’histoire se répète, seuls les personnages changent. Près de 120 ans après les premiers rassemblements de canots automobiles, Monaco est à nouveau le spectateur et l’acteur d’innovations inédites avec le 9e Monaco Energy Boat Challenge. Organisé par le Yacht Club de Monaco en collaboration avec la Fondation Prince Albert II de Monaco, et le concours de Credit Suisse, BMW et SBM Offshore et le chantier naval Oceanco, ce rendez-vous des nouvelles propulsions s’inscrit dans le cadre de la marque ombrelle collective « Monaco, Capital of Advanced Yachting ».
« Si Monaco veut se positionner à l’avant-garde du Yachting, la Principauté se doit d’accompagner sa mutation. Ce n’est qu’en combinant nos efforts et en partageant nos progrès technologiques que nous atteindrons notre objectif », a déclaré S.A.S. le Prince Albert II de Monaco, président du Y.C.M. qui a tenu à venir à la rencontre des 38 équipes et 36 exposants présents cette semaine au Yacht Club de Monaco aux côtés de l’explorateur Mike Horn.
UN CARREFOUR INTERNATIONAL
38 équipes (21 nations) dont 27 universités réparties en trois catégories (Solar, Energy et Open Sea Class) étaient présentes cette année avec des participations inédites à l’image de celles des Indiens (Sea Sakhti) du Kumaraguru College of Technology, soutenus par le navigateur indien Abhilash Tomy venu pour l’occasion. « Je suis tellement fier de voir mon pays représenté. L’Inde soutient les nouvelles sources d’énergie notamment en ce qui concerne la mobilité. Beaucoup d’initiatives concernent le secteur automobile mais pas encore vraiment dans le domaine du yachting. J’espère que ces étudiants retourneront en Inde avec de nombreuses idées parce qu’au moins 10% des bateaux de pêche en Inde pourraient utiliser une propulsion électrique par exemple ». C’est la première fois qu’une équipe indienne participait à un événement motonautique international. Le Pérou, la Grèce, l’Indonésie ou encore le Canada avaient également fait le déplacement, chacun avec la ferme intention de dévoiler sa solution et son prototype. Chaque équipe a non seulement pu se confronter en mer mais aussi partager tous les jours en fin d’après-midi son projet à l’occasion de tech talks en Open Source.
L'INGÉNIOSITÉ AU RENDEZ-VOUS
Enfin, certaines conceptions sont révélatrices des évolutions du monde avant et après Covid. Près de 50% des équipes ont adapté leurs projets pour minimiser les coûts de transport et aussi leur empreinte environnementale en innovant sur des bateaux démontables, pliables voir même en réussissant, pour certains, à l’amener dans leurs valises à l’image des Dubaïotes de Sailing Tigers alors que les Canadiens d’Exocet ont opté pour une autre solution. « Il a fallu emballer les pièces dans un minimum d’espace puisque tout était acheminé par avion. Et finalement, tout est rentré dans une boîte d’à peu près 1,5 m de long » explique Olivier Tessier, ingénieur mécanique dans l’équipe.
2022 le cru de tous les possibles
L’Innovation Prize revient à l’équipe portugaise Técnico Solar Boat (Energy Class). « A force de travailler sur l’hydrogène, nous avons pu voir de réelles innovations dans le domaine notamment avec Técnico Solar Boat (Energy Class) qui a développé un système de déshumidification de l’hydrogène et des gaz qui passent dans la pile à combustible » note le Président du Jury international, Jérémie Lagarrigue, CEO d’EODev. « Les autres innovations marquantes sur cette édition sont la mise en évidence des éco conception avec l’utilisation de bambou, fibre de lin, PET recyclé sur des engins qui sont pourtant bourrés de technologie. Les étudiants développent ainsi des compétences nécessaires pour le yachting de demain avec des analyses de cycle de vie qui vont devenir de véritables guides dans la conception des navires du futur. » Les avancées ont aussi concerné les hélices avec l’apparition de winglets (ailettes) sur des profils de plus en plus performants jusqu’à délivrer près de 80% de rendement contre 50% dans l’industrie actuellement.
En Energy Class (catégorie dans laquelle les coques sont fournies par le Y.C.M., et où les concurrents choisissent leur solution énergétique sans émission à l’usage) la quantité d’énergie à bord a été doublée pour atteindre 10 kWh. Un critère qui a drastiquement changé le visage des courses puisque les bateaux sont devenus incontestablement plus rapides. Dans l’ensemble, les équipes ont planché sur des projets déjà existants, les améliorant et les renforçant de manière à faire monter d’un cran le niveau général sur cette 9e édition.
MONACO, INCUBATEUR D'INNOVATIONS
Aux côtés des compétiteurs, 36 exposants ont rallié la Principauté cette année pour faire découvrir leur avancée. La baie monégasque a ainsi accueilli une cinquantaine d’unités : un record jamais égalé ! Répartis dans le Village leur étant dédié, ces professionnels ont fait la lumière sur leur projet à l’image de SBM Offshore, entreprise basée à Monaco et en lice pour la 4e année consécutive. Leur ponton produisant de l’hydrogène vert à partir d’énergies renouvelables était amarré dans la YCM Marina avec pour nouveauté, l’adjonction de panneaux photovoltaïques flottants. L’hydrogène fourni a permis à leur équipe SBM E-Racing Team, engagée en Energy Class, de se réapprovisionner pour participer aux épreuves en mer. Entre exposant et concurrents, il n’y a qu’un pas puisque sur les huit équipes inscrites en Open Sea Class (bateaux commercialisés ou sur le point de l’être), toutes étaient exposantes.
Plus généralement, les Paddocks ont été le théâtre de certaines nouveautés à l’image des toiles flexibles solaires de Solar Cloth couvrant deux structures avec des modules photovoltaïques pliables. Référencé dans le e-catalogue de la Monaco Smart & Sustainable Marina, ce dispositif a pour vocation d’inciter les usagers à faire appel à cette technologie en étant au mouillage plutôt que d’allumer leur générateur, et ainsi éviter les nuisances en termes de pollution, bruit, vibration. Associés à cela, des pontons flottants solaires permettant de réinjecter l’électricité produite dans le réseau du Y.C.M. ont par ailleurs pris place dans le YCM Marina en partenariat avec la SMEG. Alors qu’en matière d’hydrogène, EODev a présenté un générateur 100kVA électro-hydrogène zéro-émission GEH2 pouvant fournir de l'électricité hors réseau comme un groupe électrogène, mais sans aucune pollution.
Le Monaco Energy Boat Challenge est donc synonyme d’avancées mais aussi de performances. Dominateurs en Energy Class, les Italiens d'UniBoat (University of Bologna) conservent leur titre tout comme les hollandais de Sunflare victorieux en Solar Class. Les Britanniques de Vita Yachts – Lion complètent en Open Sea le palmarès.