#RDR2022 : Les grandes manœuvres stratégiques commencent !

Par Figaronautisme.com/#RDR2022

Partis hier en début d’après-midi de Saint-Malo pour 3 542 milles à destination de Pointe-à-Pitre, les 138 marins de la 12e édition de La Route du Rhum – Destination Guadeloupe ont connu une première nuit active.  D’une part, parce qu’il a fallu jouer au mieux avec la rotation du vent vers le sud-ouest et l’alternance du flux et du reflux du courant. D’autre part, parce qu’une première grande décision stratégique doit maintenant être prise afin d’aborder au mieux le golfe de Gascogne. Au choix : une trajectoire nord, rapide sur le papier mais très engagée, une route sud, plus maniable mais avec le vent dans le nez, ou une voie médiane, au plus près de la route directe, avec toutefois le risque de se faire piéger une grande zone de molle à l’arrière d’un premier front.

Après s’être élancés, comme prévu, à 14h15 ce mercredi 9 novembre, au large de la pointe du Grouin, propulsés par un flux de secteur ouest sud-ouest soufflant entre 15 et 18 nœuds, les solitaires de La Route du Rhum – Destination Guadeloupe ont d’abord rejoint le cap Frehél en tirant des bords avant de mettre le cap sur la pointe Bretagne et d’exploiter au mieux les petites bascules du vent ainsi que les courants. « Le jeu de la régate côtière a battu son plein cette nuit. Il a fallu jouer entre les cailloux. Certains ont tenté de naviguer à l’intérieur des Sept Iles mais a priori, ce n’était pas une bonne idée. D’emblée cela a généré quelques écarts. Dans tous les cas, comme on s’y attendait, on a tous peu dormi car on a été bien occupés », a commenté Corentin Douguet (Quéguiner - Innovéo), l’actuel leader au classement des Class40 qui a su affiner au mieux sa trajectoire mais qui reste encore dubitatif quant à la manière dont il va aborder la suite ce matin. Extérieur Ouessant, Fromveur ou Four ? Telle est (ou était) la question du jour pour la grande majorité de la flotte, exception faite de Louis Duc (Fives - Lantana environnement), seul concurrent, pour l’heure, à avoir opté pour un passage au nord du dispositif de séparation de trafic d’Ouessant.

Tous au sud du DST d’Ouessant, sauf un

« Je préfère rester plus rapide plutôt que de tirer des bords sous le DST. Je monte un peu au nord mais je n’ai pas l’intention d’être extrême non plus en allant me mettre dans la cartouche. Mon but est de rester sur une trajectoire raisonnable », a commenté lors de la vacation matinale le skipper de l’IMOCA Fives – Lantana Environnement qui n’a donc pas prévu de sortir ni le piolet ni les crampons, ce qu’imposerait manifestement la route nord. Une route, certes plutôt rapide sur le papier, mais très engagée dans la réalité, avec des vents copieux et une mer chaotique à l’avant d’un front circulant entre les Açores et l’Irlande. « C’est clairement une route de jeu vidéo. Y aller, reviendrait à faire ce que l’on a voulu éviter en décalant le départ. Ce serait assez absurde », note Yann Eliès, de la cellule de routage et de performance d’Erwan Le Roux (Keosio). Ce dernier s’est emparé des commandes de la course dans la classe des Ocean Fifty, tôt ce matin, après avoir choisi de passer à l’extérieur d’Ouessant quand la majorité de ses adversaires ont, eux, préféré emprunté le chenal du Four, entre l’archipel de Molène et la pointe Saint-Mathieu. Une option également prise en milieu de nuit par les Ultim 32/23 qui évoluent désormais au plus près de l’orthodromie, toujours emmenés par Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild). Le skipper devra toutefois effectuer la pénalité de quatre heures dont il a écopé à la suite de son départ prématuré dans un délai de moins de 48 heures, chose qu’à cette heure ont déjà faite dix des seize skippers sanctionnés par le comité de course, à l’image de Yoann Richomme (Paprec - Arkea), le tenant du titre chez les Class40 qui paie cher sa réparation et pointe actuellement en 51e position, à près de 20 milles du leader.

Plusieurs solutions à un même problème

Pas de conclusion à tirer toutefois à ce stade de la course. Le jeu ne fait que commencer. D’ailleurs, c’est maintenant que le golfe de Gascogne s’ouvre devant les étraves et que les grandes manœuvres stratégiques commencent. On l’a compris, la grande majorité des solitaires semblent opter pour des routes ouest, avec plus ou moins de sud dans leurs trajectoires. « Les routages les plus performants font passer au nord de la route directe mais pour aller vite, il ne faut pas trop de mer et des conditions maniables. Le but est d’être le plus efficace possible et de se positionner au mieux en vue des deux passages de fronts à venir », a relaté Quentin Vlamynck (Arkema), à la bagarre aux avant-postes chez les Ocean Fifty. Comme les autres, il le sait, tout sera une nouvelle fois une histoire de compromis, avec d’un côté plus de vent et de mer puis de l’autre un peu moins de tout ça mais, à la clé, des vitesses de progression moins élevées. « Pour l’instant, ce n’est pas encore très clair. Disons, pour résumer, qu’il y a pas mal de solutions possibles pour répondre au même problème », a commenté Corentin Douguet. A retenir par ailleurs : à cette heure, douze concurrents sont en escale à terre parmi lesquels Romain Pilliard, le skipper de Use It Again! by Extia qui vient d’arriver à Roscoff, pour estimer les dégâts générés sur son trimaran à la suite de sa collision, la nuit dernière, avec une bouée métallique au large de Bréhat.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…