A la saison des amours, le chant des baleines s'est tu et c'est bon signe

Escales
Lundi 20 février 2023 à 14h32

Jadis décimées par la chasse, les baleines à bosse avaient l'habitude de chanter pour se reproduire près des côtes d'Australie. Leur population s'étant rétablie, la compétition s'est accrue et les mâles doivent désormais se battre pour attirer les femelles, selon une étude.

Le chant des baleines (ou rorquals) à bosse, émis par les mâles, figure parmi les plus complexes du règne animal. Si son rôle exact fait débat chez les scientifiques, il est admis que cette musique permet à un mâle dominant de s'accaparer une femelle pour en devenir ce qu'on appelle l'escorte principale.

Leurs parades sont aussi faites de combats, bousculades... Autant de stratégies qui permettent d'éloigner les concurrents et de maximiser les chances de reproduction au sein d'un groupe.

Une étude menée près des côtes orientales de l'Australie, où ces immenses cétacés migrent à la saison des amours, montre qu'au fil du temps, les cétacés ont su modifier ces tactiques pour s'adapter à l'évolution de la population.

La chasse commerciale pratiquée au cours du XXe siècle avait conduit l'espèce "au bord de l'extinction", rappelle l'étude publiée jeudi dans la revue Communications Biology.

- Individus chanteurs -

Dans les eaux de l'est australien où se trouve la Grande Barrière de corail, leur population est ainsi passée de 26.000 individus à environ 200 dans les années 1960.

L'interdiction internationale de la chasse à la baleine dans les années 1980 a entraîné un rebond spectaculaire de leurs effectifs: de 3.700 individus recensés en 1997, la population est passée à 27.000 en 2015, détaillent ces travaux menés par deux chercheuses de l'université du Queensland à Brisbane.

Elles ont étudié le site de Peregian Beach, lieu "unique" pour l'observation de grands groupes de baleines qui, venus d'Antarctique, viennent s'accoupler tout près des côtes, explique à l'AFP Rebecca Dunlop, l'une des auteures.

Le comportement des cétacés y est étudié depuis les années 1990, à l'aide de systèmes de traçage, à la fois acoustiques --afin d'identifier les individus chanteurs-- et visuels pour surveiller le comportement des rorquals dont l'espérance de vie est estimée à environ 60 ans.

Les chercheuses ont analysé ces données récoltées durant 18 ans, combinées à des biopsies permettant d'identifier le sexe. Et découvert "qu'au cours des premières années, une large proportion de mâles utilisaient le chant comme signal pour attirer les femelles", rapporte Rebecca Dunlop.

- Succès reproducteur -

Il était alors très rare de voir des groupes en compétition. Mais au début des années 2000, à mesure que la population se rétablissait, les scientifiques ont remarqué une diminution de l'utilisation du chant comme stratégie d'accouplement, la proportion de baleines chanteuses tombant à une sur dix seulement en 2015.

Cela peut se comprendre: quand un prétendant chante, il prend le risque que sa douce musique attire en même temps des concurrents et l'interrompe dans son entreprise de séduction. Le mâle peut alors quitter la zone de reproduction, dépité d'avoir "déployé tant d'efforts en vain", analyse la biologiste.

Donc plus il a de concurrents autour de lui, moins cette tactique s'avère payante. D'où le changement de stratégie observé: face à l'augmentation de la densité, les baleines ont opté pour le combat physique.

Le mâle qui est parvenu à devenir l'escorte principale de sa partenaire potentielle va alors charger son compétiteur. "On peut voir des coups de tête en surface où une baleine essaie d'en frapper une autre, des baleines se poursuivant...", décrit Rebecca Dunlop.

Si certains continuent de préférer la méthode pacifique, sans doute par crainte de se blesser, la majorité s'est convertie à la confrontation physique. Grâce à cette flexibilité de leur comportement, les baleines ont augmenté leur succès reproducteur, ce qui a pu contribuer à repeupler les mers et ainsi éviter l'extinction, suggère l'étude.

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l'atout voyage et évasion de l'équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l'actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne. Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l'édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com. Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l'Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Eric Mas est l'un des fondateur de METEO CONSULT – La Chaîne Météo. Éminent spécialiste de météo, Eric est également un marin passionné qui a routé les plus grands skippers sur toutes les eaux du globe : VDH lors du premier Vendée Globe, Philippe Jeantot, Jean Maurel, Michel Desjoyeaux, Francis Joyon, et tant d'autres. Actuellement il participe au projet de Lalou Roucayrol sur son multi 50.
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