
L’Atlantique Sud, la longue route
Sodebo Ultim 3 avait réussi un départ canon, matérialisé par un nouveau record entre Ouessant et l’équateur (4 jours, 4 heures, 2 minutes, 25 sec). « On a pu avoir une trace exceptionnelle malgré les embûches dès les premiers jours », rappelle Thomas Coville. La route en Atlantique Sud s’est avérée plus délicate, la faute à l’anticyclone de Sainte-Hélène qui obligeait l’équipage à faire une route très Ouest pour le contourner. « C’était vraiment un très grand détour jusqu’au Brésil avant de pouvoir mettre le clignotant à gauche, poursuit le skipper de Sodebo Ultim 3. Même si ça fait beaucoup de chemin, on a conservé un rythme conséquent avec 35 à 40 nœuds de moyenne ».
« Ça nous a contraint à faire pas mal de route mais aussi à enchaîner les manœuvres et les changements de voile», abonde Pierre Leboucher. Depuis lundi, Sodebo Ultim 3 progresse vers l’Est au portant et le tempo est resté inchangé malgré une « petite zone sans vent » avec laquelle il faut composer depuis ces dernières heures. « Ça devrait être le cas pendant deux ou trois jours mais on fait tout pour gagner le plus de terrain possible », précise Pierre.
Le premier cap et un nouveau temps de référence
« On peut être fiers de boucler ce premier tronçon dans ce timing », se réjouit Thomas Coville. Les « Sodeboys » ont frappé fort : en franchissant le cap de Bonne-Espérance à 20 h 56 min ce vendredi soir, ils signent un temps de référence en 10 jours, 23 heures, 55 min 52 sec. C’est 9 heures, 56 min de mieux que le précédent temps de référence, établi il y a cinq ans par le Maxi Edmond de Rothschild (11 jours 9 heures 53 min en 2021).
Mais l’objectif est inchangé : battre le record du Trophée Jules Verne. Sur ce sujet, Sodebo Ultim est en avance de 1 jour, 19 heures, 31 minutes sur le détenteur du record, IDEC Sport. « Nous sommes dans le bon tempo mais on sait qu’il faut rester humbles et concentrés en permanence », souligne Thomas. « C’est chouette de signer ce temps de référence, pour autant, nous avons bien conscience que ce n’est qu’une étape et qu’on ne doit pas se relâcher ».
Des fêtes de Noël forcément particulières
Bien entendu, hors de question de ralentir la cadence pendant les fêtes. S’il n’y a pas eu de repas particulier au menu, les skippers ont eu le plaisir de découvrir les petites attentions de l’équipe à terre du Team Sodebo. « On avait des petites décorations dans nos sacs de nourriture, raconte Pierre. On en a mis un peu partout dans le bateau, c’était super sympa ! » Ils ont également pu échanger avec leurs proches restés à terre, des messages qui renforcent la motivation pour continuer à tout donner !
Le cap des Aiguilles et l’océan Indien en approche
Il sera bientôt l’heure d’aborder les fameuses mers du Sud, si éreintantes pour les organismes et les bateaux. Mais avant, ils devront traverser le cap des Aiguilles où les courants sont particulièrement forts, et qui marque l’entrée dans l’océan Indien. Pour l’instant, c’est une zone sans vent qui accapare toujours les 7 marins « On bute dessus malgré un front qui nous pousse derrière, décrypte Guillaume Pirouelle. On fait un peu le yo-yo mais on prend notre mal en patience ». Ils restent particulièrement attentifs dans ces zones où des icebergs peuvent dériver. « Il peut y en avoir beaucoup par ici, ce qui nous oblige à être très attentifs en permanence », explique Thomas. La cellule routage travaille en lien avec CLS (Collecte Localisation Satellite) pour récupérer étudier la présence de glace et ne prendre aucun risque.
Gros changement de température
À bord de Sodebo Ultim 3 aussi, on a ressorti les bonnets et les vêtements chauds. « C’est vrai qu’on est tous bien couverts, surtout quand on fait les changements de voile », reconnaît Pierre Leboucher. « Aller dehors, c’est toute une expédition, ajoute Thomas Coville. Nous avons aussi adapté nos repas avec plus d’apports en calories ». Un travail conséquent avait été réalisé en amont avec le labo R&D de Sodebo qui a préparé des plats lyophilisés adaptés à chacun qui répondent justement à leurs besoins nutritifs (autour de 4000kcal dans les zones froides). Quoi qu’il en soit, même si le mercure a chuté, l’ambiance est au beau fixe entre les marins. « C’est grisant de constater que les conditions changent, apprécie Pierre. On se rapproche d’endroits encore plus hostiles et on est prêt pour s’y confronter ! »
Réaction de Thomas Coville au passage du cap : "C'est un super moment d’équipe. Cela nous fait passer un petit peu le fait que nous n’avons pas eu bcp de vent, et que ça n’allait pas très vite aujourd’hui. On s’est bagarré toute la journée pour ça ! Et là, nous vivons ce cap de Bonne Espérance tous les 7 ensemble, tout le monde s'est réveillé pour le passage. On est très content du temps et c’est vrai que symboliquement, faire sous les 11 jours, c’est un super temps ! C’est un temps qu’on avait envisagé avec l’équipe de routage. Maintenant c'est un tiers du parcours, on va s'appliquer à continuer ! "
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