Les milliards de tonnes de sable arrachées à la mer menacent l'environnement, alerte l'ONU

Par AFP/Figaronautisme.com

Quelque six milliards de tonnes de sable sont arrachées chaque année aux océans, une exploitation à la limite de ce qui est soutenable et avec des conséquences dramatiques pour l'environnement et la biodiversité marine, a alerté l'ONU mardi.

C'est la première fois que les Nations unies parviennent à faire une telle estimation, et ce grâce à l'intelligence artificielle et au système automatique d'identification des navires permettant de les localiser et d'analyser leurs déplacements et activités à travers le monde.

L'analyse, lancée par la division scientifique du Programme des Nations-Unies pour l'Environnement (PNUE), n'en est qu'à ses débuts, et seuls 50% des navires sont pour l'instant suivis.

Ainsi, l'extraction artisanale ou celle à petite échelle le long de côtes peu profondes ne peut encore être détectée.

Mais l'ONU estime que sur les 50 milliards de tonnes de sable et de gravier que l'humanité utilise chaque année, entre quatre et huit milliards proviennent des mers et océans.

Cela représente six milliards de tonnes en moyenne chaque année, "soit l'équivalent de plus d'un million de camions par jour ou de deux kilogrammes par jour et par personne", a expliqué le directeur du centre d'analyse des données pour le PNUE, Pascal Peduzzi, en conférence de presse.

- Proportions gigantesques -

"Les écoles, les hôpitaux, les routes, les barrages hydroélectriques, les éoliennes, les panneaux solaires, le verre... en fait toute notre société dépend du sable comme matériau de construction", a fait valoir M. Peduzzi.

Le sable joue aussi un rôle crucial pour l'environnement, mais c'est également un matériau dont de nombreux pays auront besoin pour se protéger contre l'élévation du niveau des mers, a-t-il conclu.

L'ONU espère pouvoir encore publier cette année les chiffres concernant la période 2020-2023.

Mais les données montrent que cette activité ne cesse de croître et "commence à prendre des proportions gigantesques", a indiqué M. Peduzzi, soulignant qu'en comparaison les rivières transportent, elles, dans les mers et océans entre 10 et 16 milliards de tonnes de sédiments chaque année.

"Si nous utilisons énormément de sable, à un moment donné cela dépasse les capacités du système à pourvoir ce sable", a-t-il dit.

Les navires extracteurs sont comme des "aspirateurs" qui "broient les fonds marins" et les "stérilisent", faisant disparaitre les micro-organismes océaniques et mettant en danger la biodiversité et les ressources halieutiques, selon l'expert.

La mer du Nord, l'Asie du Sud-Est et la côte est des Etats-Unis figurent parmi les lieux où les activités de dragage marin sont les plus intenses.

- Chine, Pays-Bas, Etats-Unis et Belgique -

Un autre expert, Arnaud Vander Velpen, a lui indiqué que les pays disposant des plus grandes flottes de navires extracteurs sont la Chine, les Pays-Bas, les Etats-Unis et la Belgique.

La Belgique, qui extrait le sable de la mer du Nord, "sait déjà qu'elle n'a encore que 80 ans de volume à disposition si elle continue au rythme actuel", a relevé M. Peduzzi.

Au-delà des chiffres, l'ONU espère avoir des discussions avec les pays et les entreprises du secteur pour que ces dernières soient plus respectueuses de l'environnement en améliorant leurs pratiques d'extraction.

Selon M. Vander Velpen, seul un petit nombre de pays sait quelles sont ses ressources en sable marin.

Entre outre, les pratiques internationales et les cadres réglementaires varient considérablement.

Certains pays -- dont l'Indonésie, la Thaïlande, la Malaisie, le Vietnam et le Cambodge -- ont au cours des vingt dernières années interdit l'exportation de sable marin, tandis que d'autres ne disposent d'aucune législation ni d'aucun programme de surveillance efficace.

Le PNUE appelle la communauté internationale à élaborer une règlementation internationale afin notamment d'améliorer les techniques de dragage et il recommande d'interdire l'extraction du sable des plages en raison de son importance pour la résilience des côtes, l'environnement et l'économie.

Il préconise également une reconnaissance stratégique du sable afin qu'il ne soit plus considéré comme un matériau commun dont l'humanité pourrait disposer à volonté.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
Max Billac
Max Billac
Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
Cyrille Duchesne
Cyrille Duchesne
Cyrille Duchesne
Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...