Depuis près de deux ans, Guirec Soudée est devenu un skipper IMOCA à part entière. Lui n’aime pas trop mettre les gens dans des cases et préfère l’humilité qui le caractérise. « Je reste un tout petit régatier qui a des tonnes de choses à apprendre par rapport aux autres ». Pourtant, progressivement, le Breton commence à cocher toutes les cases dans la catégorie.
Il a pris en main un IMOCA depuis deux ans, connu quelques péripéties qui forgent l’expérience et disputé la Route du Rhum – Destination Guadeloupe. Sur la longue route de son apprentissage, qui mène jusqu’au Vendée Globe 2024, il y a une autre course iconique : la Transat Jacques Vabre. Un départ du Havre le 29 octobre, une arrivée à Fort-de-France et trente ans d’histoire pour cet événement, disputé en double, devenu un immanquable pour les femmes et les hommes de mer.
« On va passer plus de temps en mer »
« J’ai hâte, c’est une très belle course, sourit Guirec. Ce qui est génial, c’est qu’elle est relativement longue (5 400 milles, 10 000 km environ à parcourir), la traversée du Pot-au-noir, le contournement de Sao Pedro et Sao Paulo… On va passer plus de temps en mer (plus de 18 jours) et c’est tellement bon. C’est ce que j’aime le plus ! » Cette fraîcheur et ce vent d’enthousiasme sont aussi une récompense pour tout le team Freelance.com qui s’est employé, cette année, afin que le bateau soit préparé de façon la plus optimale possible. La casse du bout-dehors, en mai dernier et qui a mobilisé les attentions, est un moment dur déjà oublié.
Il se tourne donc vers l’avenir et cette incontournable course en double. Guirec n’est pas vraiment un habitué des transatlantiques à deux, lui l’aventurier qui n’a partagé une grande partie de ses aventures au large qu’avec sa poule Monique, décédée en début d’année. Cette histoire-là est racontée, non seulement dans un documentaire ´les aventures de Guirec et Monique’ mais aussi dans une série de 5 épisodes qui vient tout juste de sortir sur canal doc et My canal. Mais dans une poignée de jours, le marin écrira une nouvelle histoire avec un sacré compagnon de route : Roland Jourdain (59 ans). Ensemble, ils ont assuré le convoyage, la semaine dernière (de mardi à samedi). « On a eu pas mal de conditions différentes. Du près, du travers, de la brise et jusqu’à 28 nœuds, explique Guirec. Ça nous a permis de tester nos nouvelles voiles (grand-voile, petit gennaker) ».
Un « match dans le match » avec les bateaux à dérive
« Nous avons pu constater que l’on s’entendait bien à bord, qu’on était toujours dans la bonne humeur », sourit de son côté Roland Jourdain. Il ajoute, dans un éclat de rire : « tout fonctionnait bien à bord, mise à part l’humidité ressentie ». Certes, le duo sait que les automatismes seront encore plus forts à mesure que la transatlantique se déroulera. Mais « Bilou » se dit « pas du tout inquiet » et assure « qu’on se retrouve sur le plaisir du bord, sur la passion de l’instant présent et sur l’engagement aussi ».
L’expérience du Finistérien est impressionnante : il s’apprête à s’élancer sur la Transat Jacques Vabre pour la 10e fois de sa carrière ! « Bilou » est sans nul doute l’un des skippers les plus expérimentés de cette Transat Jacques Vabre. Il a remporté la première édition disputée en double, en 1995, au côté de la légende Paul Vatine, avant d’y participer à 8 reprises !
De quoi lui permettre d’offrir quelques clés avant de s’élancer. « À quelques exceptions près, on sait qu’il est primordial de prendre un bon départ pour être en bonne position avant de profiter des alizés », précise-t-il. Guirec se réjouit d’avance de « tout ce que je vais apprendre avec ‘Bilou’ pendant la course ». Pour Roland Jourdain, c’est également un challenge à part entière. Il n’a plus navigué sur ce bateau depuis 2010, année où il avait remporté la Route du Rhum à son bord. Désormais, l’IMOCA s’appelle Freelance.com et il s’agit d’un des plus anciens de la flotte. Il n’empêche, la course s’annonce intense. « Il va y avoir beaucoup de bateaux à dérive sur la ligne de départ, abonde Guirec. Ce sera génial de disputer ce ‘match dans le match’, de se tirer la bourre avec eux ». Pour Roland Jourdain, c’est également un challenge à part entière. Il n’a plus navigué sur ce bateau depuis 2010, année où il avait remporté la Route du Rhum à son bord.
Mais avant, il faudra veiller à se préserver pendant les neuf jours de village en amont du départ. « Bilou » aspire à « passer du temps avec l’équipe technique et partager avec eux des moments à part ». Guirec, lui, sait qu’il faut se ménager aussi : « J’ai envie de partager du temps avec le plus grand nombre mais je vais aussi veiller à mon état de fatigue pour être le plus en forme possible le jour du départ ». Il aura lieu dimanche 29 octobre au large du Havre à 13h29 pour Freelance.com et les IMOCA.