A Noirmoutier, une lutte coûteuse et permanente contre le risque de submersion

Par AFP/Figaronautisme.com

Avec les deux-tiers de son territoire sous le niveau des plus hautes eaux, Noirmoutier est en "lutte permanente" contre un risque de submersion marine accentué par le changement climatique. L'île révise aujourd'hui son plan de prévention et enchaîne les investissements.

Digues, perrés, blocs de roche adossés aux dunes... Tout autour de cette terre "gagnée sur la mer" qui culmine à seulement 23 mètres, les dispositifs anti-submersion longent les plages, entourent les polders et abritent les communes.

"Les digues ont été construites à l'origine pour gagner du terrain sur la mer. Elles servent surtout maintenant à protéger les habitations de tempêtes plus fortes, plus fréquentes", explique à l'AFP Fabien Gaborit, président de la communauté de communes.

A la Guérinière, sur la face ouest de l'île, une digue du 19e siècle réhaussée de plusieurs mètres après le passage de la tempête Xynthia en 2012 a été en partie emportée par la tempête Céline, à l'automne dernier. Roches et sacs de sable comblent pour le moment la brèche d'une vingtaine de mètres.

En constante adaptation, la "lutte contre la mer" à Noirmoutier a un coût: 25,26 millions d'euros depuis 2011, a relevé la chambre régionale des comptes dans un rapport publié en décembre.

"Sur l'île, il y a la défense contre les problématiques d'érosion du cordon dunaire à l'ouest et de submersion des zones basses à l'est. C'est une lutte permanente qui nécessite des systèmes de plus en plus puissants", explique Marc Robin, responsable scientifique de l'Observatoire régional des risques côtiers des Pays-de la Loire.

- "Prise de conscience" -

Des portes anti-submersion de cinq mètres de haut seront bientôt installées dans la commune de Noirmoutier-en-l'île, à l'entrée de trois canaux qui relient l'océan aux marais salants, pour protéger le centre-ville en cas de montée des eaux.

Le coût de la construction, qui devrait être lancée en 2026, est estimé à 15 millions d'euros, selon la communauté de communes.

Sur certaines plages cette île touristique, qui compte près de 70% de résidences secondaires, les ouvrages de défense appartiennent aux propriétaires riverains, à qui échouent de fait leur surveillance et leur entretien. Réunis en associations syndicales autorisées (ASA), ils partagent le coût des travaux avec la communauté de communes.

L'ASA des dunes du Vieil, quartier du nord de l'île où certaines maisons se trouvent sous le niveau de la mer, a "fortement augmenté" ses cotisations ces derniers temps.

"Il y a encore dix ans, les travaux n'était pas forcément une préoccupation. Et puis il y a eu des tempêtes, certains se sont fait peur. Depuis le confinement, les gens viennent aussi plus souvent. Il y a une prise de conscience", explique le président de l'ASA, Paul Le Nail.

Mais "arrivera un moment donné où le changement climatique sera tel et le niveau de la mer aura augmenté de telle façon que tout cela deviendra extrêmement couteux", avertit Marc Robin. "Il faudra alors réfléchir à une recomposition territoriale."

- Contraintes -

Début 2023, la communauté de commune s'est attelée à modifier son plan de prévention des risques littoraux (PPRL), qui régit l'urbanisation des zones à risques, pour ajouter au niveau marin de référence les effets attendus du réchauffement climatique, soit 60 cm supplémentaires.

Noirmoutier avait été sommée de se doter d'un premier PPRL après la tempête Xynthia - qui a fait 47 morts en Vendée et en Charente-Maritime - au même titre que quelque 300 communes. Face aux oppositions locales, le PPRL de l'île avait finalement fait l'objet d'une décision du ministère de l'Ecologie le dispensant de prendre en compte la notion de changement climatique.

"Le nouveau zonage risque d'être un peu plus contraignant que le premier (...) Cette fois, la révision prend en compte l'élévation de l'océan et la récurrence de tempête plus fortes", affirme Fabien Gaborit.

En discussion avec l'Etat sur les contours du plan, lui écarte l'éventualité d'"abandonner à la nature certains territoires" en déclarant des zones urbanisées inhabitables.

"Ce qui est là, il faudra qu'on l'endigue", défend-il. "Le bâti existant, on le défendra jusqu'au bout".

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
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Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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