Jeanne Grégoire : « Tous les navigateurs du Pôle Finistère ont accumulé énormément de milles… »

Par Figaronautisme.com

Nautisme Article

La voile française va entrer dans une période incroyable avec trois événements majeurs au programme. Les Jeux Olympiques, la Solitaire du Figaro et le Vendée Globe, seront au coeur de l’actualité pour le deuxième semestre 2024. Jeanne Grégoire, directrice du Pôle Finistère Course au Large dresse un premier bilan sportif à mi saison, pour les navigateurs du Pôle et se projette vers ces échéances internationales.

Quel bilan tirez-vous de ce début de saison en Figaro ?

« La classe Figaro continue de prouver qu’elle a retrouvé une grande vitalité, avec 35 bateaux sur les lignes de départ. Sportivement, la flotte est de plus en plus homogène, les places d’honneur sont facilement redistribuées en cours d’épreuve.

Néanmoins le classement provisoire du Championnat de France Elite de Course au Large est parlant et les figaristes du Pôle imposent leur présence aux avant-postes, Gaston Morvan (Région Bretagne- CMB) en tête. Loïs Berrehar (Skipper Macif) et Basile Bourgnon (Edenred) complètent ce podium. Jules Ducelier (Région Normandie) premier bizuth, pointe à la 5ème place. La nouveauté est que les filles sont de plus en plus nombreuses à être bien placées : Charlotte Yven (Skipper Macif) est dans le Top 10, Elodie Bonafous (Groupe Queguiner, la Vie en Rose) a gagné le Trophée BPGO, en double, et Chloé Le Bars (EndoBreizh) fait une belle All Mer Cup.

Ce classement provisoire ne fait certainement pas le classement de la Solitaire du Figaro à venir mais il démontre bien les forces en présence. »

C’est un début de saison dense ?

« Les 13 figaristes du Pôle ont énormément navigué depuis le mois de mars en participant à toutes les courses du circuit : 3 épreuves en solitaire et 2 en double, sur des formats variés, des parcours construits, des côtiers et des étapes de 3 jours ; le tout sur des évènements très bien organisés. Cela équivaut à plus de 2 000 milles en course.

A cela, se sont ajoutées des phases d’entraînement et de préparation au Pôle, surtout cet hiver. Nous avons aussi proposé une préparation météo avec Jean-Yves Bernot, le « sorcier » de la météo, afin d’aborder les spécificités du parcours de La Solitaire 2024. C’est une chance pour les plus jeunes navigateurs de pouvoir profiter de Jean-Yves sur deux journées entières. Au-delà de son immense compétence, il a une pédagogie exceptionnelle qui marque les esprits. Le jeune Tom Goron (Navaléo), 18 ans, n’a pas loupé une miette de l’intervention ! C’est un bagage riche quand on prépare une course comme La Solitaire. »

Le début de saison des IMOCA a été intense également ?

« Les coureurs IMOCA viennent de réaliser deux transats consécutives, soit quasiment 7 000 milles, en course. A l’aller, sur la Transat CIC, Yoann Richomme (Parpec Arkéa) s’est imposé en grand vainqueur à New York, confirmant la maîtrise de son bateau et son engagement dans les conditions rugueuses. Sam Davies (Initiatives Coeur) réalise l’une des courses les plus abouties de sa carrière, en alliant placement stratégique et vitesse, toujours dans une bonne humeur légendaire. Elle prend la 3ème place. Au retour, sur la Transat New York- Vendée, Charlie Dalin a trouvé un trou de souris dans une météo compliquée et crée un break incroyable avec la concurrence. Il arrive aux Sables d’Olonne avec plus de 20 heures d’avance sur le 2ème. Au jeu de la régularité, c’est Boris Herman (Malizia - Seaexplorer) qui s’impose en finissant 2ème sur chacune des Transats, un résultat qui démontre la progression et la qualité du binôme marin/bateau.

Cette dernière transat est aussi un grand soulagement pour ceux qui n’étaient pas encore qualifiés.

Même si ces 2 transats ne représentent qu’1/4 de Vendée Globe, ce sont 18 jours de course qui ont été très engagés, difficile de faire des prédictions sur le Vendée Globe ! Maintenant, il y a un grand besoin de repos et de récupération pour les bateaux et les skippers. »

Comment préparez-vous le Vendée Globe au sein du Pôle ?

« Toute l’équipe du Pôle est mobilisée pour accompagner les navigateurs. Kate (Henaff) assure la logistique et trouve des créneaux dans les plannings surchargés pour mettre en place les formations obligatoires comme la Formation Médicale Hauturière, au Pôle. Erwan et moi sommes concentrés sur l’organisation des stages sur l’eau pour lesquels Vincent (Riou) et Yann (Elies) nous rejoindront. Jean Yves Bernot passera encore 3 jours au Pôle avec les navigateurs. Si certains commencent à bien connaître le parcours, l’animation de Jean Yves favorise l’échange entre les coureurs et fait monter le niveau de l’ensemble et des meilleurs. »

Cette édition est particulière ?

« L’équipe du Pôle, telle qu’elle est aujourd’hui, est en place depuis la fin du Vendée Globe précédent, donc d’une certaine manière, ce sera notre premier Vendée Globe. Comme les coureurs, depuis 4 ans, nous avons travaillé pour construire l’entrainement, dans sa programmation et son contenu, en s’appuyant sur ce que le Pôle faisait déjà. Nous avons aussi tenté de nous adapter aux contraintes des coureurs qui ne cessent de croitre, sans pour autant perdre l’objectif sportif et l’ADN du Pôle, basé sur l’échange et la confrontation. Erwan s’est beaucoup investi sur la partie météo, sur les départs de course. C’est la dernière ligne droite et nous sommes sereins. Je crois que les coureurs sont en confiance avec ce que l’on peut leur apporter. A chaque briefing d’avant course, ils sont tous présents et pour nous, c’est un bon signe. Cela veut dire qu’ils y trouvent leur compte, sinon, ils ne viendraient pas !

La nouveauté pour cette édition est aussi que la flotte du Pôle s’est élargie puisque 15 coureurs se préparent avec nous. Notre vocation est toujours d’accompagner les projets les plus performants et l’on voit que cela aide aussi les autres. »

Il y a un enthousiasme sur le territoire ?

« On espère que ce Vendée Globe sera aussi bien suivi que le dernier et que l’enthousiasme sera aussi fort. A Port-La-Forêt on sent que l’envie est présente et nous ferons tout pour partager cette course avec le grand public. »

Les Jeux Olympiques se déroulent cet été à Paris, à Marseille pour les épreuves de voile. Comment allez-vous vivre cet événement ?

« C’est bien sûr le plus gros événement sportif de l’été, le Pôle Finistère Course au Large est un Pôle France et si nous ne sommes pas une discipline olympique, nous ressentons l’engagement de la filière olympique de la FFVoile. Nous ne préparons pas de coureurs ou d’épreuves au sein du Pôle mais nous partageons des valeurs et une passion commune pour la voile et la mer. Nous avons eu la chance de voir passer la flamme à Port-La-Forêt et elle a ensuite traversé l’Atlantique avec le trimaran Banque Populaire d’Armel Le Cléac’h. C’est un symbole magnifique de voir que les bateaux de course au large participent à un événement aussi exceptionnel. Cet été nous serons à fond derrière l’Équipe de France à Marseille. Nous travaillons pour qu’il y ait de la transversalité entre les pratiques. La course au large et la voile olympique sont des disciplines très différentes mais on peut passer de l’une à l’autre. »

Deux équipages français vont participer au Championnat du Monde Double Mixte, à Lorient fin septembre. Ce sont des coureurs du Pôle ?

En effet, la délégation française, sélectionnée par le Directeur Technique National, est composée d’Elodie Bonafous et Basile Bourgnon ainsi que de Charlotte Yven et Loïs Berrehar. Ce sont des navigateurs très performants qui ont déjà prouvé leur potentiel sur des courses en double mixte : Loïs et Charlotte, remportent la Transat Paprec et Elodie, s’impose en double mixte sur 2 épreuves du circuit Figaro, cette année.

Je suis sûre que c’est un honneur pour eux de représenter la France sur leur discipline fétiche, la Course au Large, sur un évènement différent des épreuves que nous connaissons en France. Les bateaux sont tirés au sort quelques heures avant le début de la course, le format est de 24 ou 48h, il y a une phase qualificative et ils ne connaissent ni les bateaux, ni la concurrence. Nous mettrons tout en oeuvre pour les accompagner au mieux.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
Cyrille Duchesne
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...