Les Sables Les Açores Les Sables : Alexandre Demange « J’ai coché toutes les cases d’un coup ! »

Par Figaronautisme.com

Nautisme Article
© Arnaud Pilpre I SAS 2024

Ce lundi 12 août, à 3h06, Alexandre Demange a bouclé les 1 270 milles de la deuxième étape de la Les Sables - Les Açores - Les Sables. Auteur d’une remarquable fin de course, le skipper de DMG MORI Sailing Academy 2 a ainsi soufflé la première place à Caroline Boule (1067 - Nicomatic) dans les dernières longueurs, remportant alors la manche avec seulement 3 minutes et 32 secondes d’avance sur sa rivale et en assurant, dans le même temps, sa victoire au classement général (avant jury) après avoir comblé les 3h32 qu’il comptait de retard sur le belge Romain Van Enis (969 - Be Sailing) à l’issue du premier acte. Ses premières impressions à chaud.

En remportant cette deuxième étape, vous faites d’une pierre deux coup. On vous imagine évidemment ravi ?

« J’ai un peu de mal à réaliser. Je me suis défoncé sur cette deuxième manche. Je ne voulais pas avoir de regrets. J’ai navigué sans penser au classement mais seulement avec l’objectif de faire du mieux possible. Tout a été magique : le départ, la brise, la molle, l’arrivée... Caroline (Boule) a, elle aussi, fait une course fabuleuse. On termine avec seulement trois petites minutes d’écart. Depuis deux jours, j’entendais à la BLU que je la rattrapais régulièrement mais dès qu’il y avait un peu plus d’air, elle recreusait son avance. Globalement, on a eu des conditions très toniques et une mer casse bateaux. Je ne pensais pas qu’elle s’en sortirait si bien là-dedans avec son bateau. Bravo à elle ! De mon côté, j’ai une grosse pensée pour mon sponsor, pour mon équipe et en particulier pour Charles Euverte, le manager du projet. C’est lui qui m’a fait confiance et qui m’a sélectionné. Il a toujours fait en sorte que je sois dans les meilleures conditions pour réussir. Merci à lui du fond de mon coeur. »

Cette fin de course a été assez folle, avec énormément d’intensité...

« C’est vrai. J’étais content de ma trajectoire et je jouais les bonnes bascules mais en réalité, je ne pensais pas être aussi proche de Caro. A un moment, je l’ai vue apparaître à l’AIS. On a commencé à discuter. On a même fait des blind-tests pour s’occuper lorsqu’on était au ralenti, dans les dorsales. Dans les derniers milles, j’ai constaté que je revenais, encore et encore. Je me suis dit que peut-être je pouvais aller la chercher. Ça s’est fait à la Nouch Sud, dans la baie des Sables d’Olonne, après huit jours de mer ! »

Vous semblez l’avoir trouvée dure cette étape retour...

« Oui. J’ai passé cinq jours sans parler à personne. Lors de la première manche, j’avais pu échanger avec Marie Gendron. Là, quand j’avais un coup de mou, je ne pouvais parler qu’à mon bateau (rires) ! Comme je débute en course au large, je me découvre en même temps que je découvre mon bateau et les systèmes météo. J’ai pris une option qui était peut-être engagée. Je savais qu’il y avait du vent là où j’allais mais je ne pensais pas que la mer serait aussi dure. J’ai passé trois jours au fond de mon bateau dans trois mètres de creux et 30 noeuds de vent à me faire tabasser dans tous les sens. Ça a payé mais à quel prix ! J’ai bien râlé ! (Rires). »

Vous avez été confronté à beaucoup de casse ?

« Pas tant que ça vu les conditions. A certains moments, j’y suis vraiment allé avec les deux pieds sur la pédale de frein. J’ai cassé mon système de barre et arraché mon petit spi mais dans les deux cas, j’ai pu réparer. Au final, je n’ai rien cassé de rédhibitoire. J’ai pu continuer ma course mais ça m’a calmé un peu, je l’avoue. »

Vous avez cumulé les podiums depuis le début de la saison mais il s’agit de votre première victoire en solo. Comment la vivez-vous ?

« Je n’ai pas les mots. J’ai vraiment du mal à réaliser. Je suis très fier de ce que j’ai fait. Très très fier. Mes objectifs sur cette Les Sables - Les Açores - Les Sables étaient en premier lieu d’apprendre et de me faire plaisir. La performance venait en troisième. Pour finir, j’ai coché toutes les cases d’un coup. C’est difficile de faire mieux pour une première saison. Ça me donne beaucoup de confiance pour la suite, notamment pour ce qui concerne la prise de décision. Faire du Mini 6.50, c’est aussi faire de l’introspection et savoir se remettre en question tout le temps. Une fois reposé, je tirerai les meilleurs bénéfices de cette expérience. »

Que pensez-vous avoir appris en particulier ?

« C’est difficile de répondre à cette question car c’est trop vague. Au départ, je partais avec beaucoup d’appréhensions parce que je n’avais jamais fait ça. De plus, je n’avais pas eu le temps de bien me préparer ce qui avait généré une grosse phase de stress avant le coup d’envoi. Mon but était de me focaliser sur moi et sur ma manière de naviguer, sans écouter les vacations ni les classements. Faire avancer un bateau est quelque chose que je sais faire. Restait à réussir à aller vite au bon endroit et à se poser les bonnes questions. Cela imposait du mental, de l’endurance, une bonne hygiène de vie en mer et de l’habitude surtout. Je pensais que j’allais prendre cher là-dessus. A l’arrivée, je m’en suis bien sorti alors que c’était un dossier qui me semblait être une grosse lacune. Au bout du compte, ce qui est absolument génial c’est que quand on arrive au ponton, on oublie toutes les merdes qu’on a eues lors des jours précédents. La course au large, ce sont les montagnes russes des émotions mais j’aime ça ! »

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...