À La Réunion, gendarmes et scientifiques oeuvrent à la protection des baleines

Par AFP / Figaronautisme.com

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Après avoir parcouru des milliers de kilomètres, de nombreuses baleines à bosse choisissent l'île de la Réunion pour donner naissance à leur baleineaux. Pour les scientifiques, c'est l'occasion de collecter de précieuses données. Mais aussi de sensibiliser le public, car la croissance du tourisme baleinier met la pression sur les cétacés.

En palmes, masque et tuba, caméra à la main, des plongeurs s'approchent le plus près possible de deux baleines qui font le show pour l'occasion.

L'une d'elle avance vers les baigneurs et remonte vers la surface pour pointer la tête hors de l'eau. Elle replonge et laisse les nageurs admirer ses grandes nageoires pectorales. Plus loin, un troisième cétacé, avec son baleineau, sonde à quelques mètres du groupe dans une eau à 24°C, chauffée par le soleil. La Réunion, dans l'océan Indien, est un lieu de choix pour l'observation des mammifères marins, qui viennent y mettre bas ou s'accoupler entre juin et octobre.

En 2023, 1.271 baleines à bosse ont été recensées par le Groupe local d'observation et d'identification des cétacés (Globice). "Un record", selon l'association. L'île est d'ailleurs un des rares endroits au monde à autoriser les mises à l'eau des nageurs, y compris pour l'observation des mères et des baleineaux. Mais la pratique est bien réglementée.

Professionnels de plongée, opérateurs spécialisés et simples plaisanciers doivent se former à une approche respectueuse. Et avec la croissance du tourisme, ce qui était une charte est devenue un arrêté préfectoral plus strict. À la surface, quatre bateaux se positionnent à plusieurs centaines de mètres des animaux.

Pour Audrey Cartaud, cheffe de projet de l'équipe Quiétude au Centre d'étude et de découverte des tortues marines (CEDTM) de La Réunion, "les bateaux mettent une pression énorme sur les animaux. Certaines structures vont jusqu'à cinq ou six rotations par jour".

Écoute des fonds marins
Pour faire respecter les règles - notamment la présence de cinq bateaux au maximum dans une zone de 300 mètres autour de l'animal -, la gendarmerie maritime organise régulièrement des sorties. "Dès que la mer le permet (...) on est sur l'eau, on effectue des patrouilles sur les règles d'abordage, les armements de sécurité et le respect des décrets. Et on a aussi vocation à faire du secourisme", précise Martin L'Her, de la brigade nautique du Port (nord-ouest), depuis le zodiac qui lui permet de scruter la zone.

Le CEDTM, lui, n'est pas assermenté mais ses membres sillonnent également le secteur. "On travaille avec la gendarmerie. On se rencontre régulièrement sur l'eau et on fait en sorte que la réglementation soit respectée du mieux possible", souligne Jonathan Cotto, chargé de mission au sein du CEDTM, à la barre de son bateau.

Pour les scientifiques, le passage des baleines est l'occasion de collecter de précieuses données. Cela passe par l'observation en surface, mais aussi par l'écoute des fonds marins: la baleine à bosse est réputée pour avoir le chant le plus complexe du règne animal.

Beverley Ecalle, en combinaison intégrale, est éthologue pour l'association Abyss, spécialisée dans la conservation des mammifères marins. "On a vu deux souffles puis on les a perdus de vue. On reste un peu en retrait pour voir (...) si les baleines ont sondé et sont parties ailleurs. Ça nous permet d'observer l'ensemble de la zone pour voir s'il n'y a pas d'autres baleines aux alentours" et écouter leurs chants, dit-elle.

Des chants qui permettent d'évaluer les périodes et niveaux de fréquentation des baleines d'un site et d'une année sur l'autre "pour mieux comprendre les mouvements d'individus entre les sites de reproduction", selon Globice. Sur son bateau, Yann Doh, chercheur en bioacoustique des cétacés, déroule le câble de l'hydrophone qui va permettre de recueillir les précieux chants. "On a 10 mètres de câble, on va essayer d'en mettre le plus possible pour aller enregistrer sous la couche de surface qui est très perturbée par les vagues, par les bulles, et qui va venir nous polluer notre enregistrement", souligne-t-il.

Pour le scientifique, "c'est vraiment le fait d'en savoir plus qui va nous permettre de communiquer avec le grand public, mais aussi de sensibiliser les gens".

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...