L'extraction minière sous-marine: ce qu'il faut savoir

Par Figaronautisme.com / AFP

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Manne pour la transition énergétique pour les uns, pari irresponsable pour les autres, l'extraction minière sous-marine n'est pas encore une réalité commerciale, mais l'année 2025 pourrait marquer un tournant.

Que recèlent les fonds marins ?
Les fonds marins abritent trois sources de métaux qui ont pris des milliers, voire des millions d'années, pour se former.
- Les nodules polymétalliques sont des galets de la taille d'une pomme de terre qui résultent de la lente précipitation de minéraux autour de fragments tels que des dents de requins ou des os d'oreille de poisson. Présents à des profondeurs de 4.000 à 6.000 mètres, particulièrement dans la zone de Clarion-Clipperton dans le Pacifique, entre Hawaï et le Mexique, ils contiennent principalement manganèse, fer, cobalt, cuivre et nickel.
- Les encroûtements sont des amas rocheux à des profondeurs de 400 à 4.000 mètres, formés par l'agrégation de métaux contenus dans l'eau de mer, avec notamment une zone explorée dans le nord-ouest du Pacifique. Ils contiennent du manganèse, du fer, du cobalt et du platine.
- Les amas sulfurés ou sulfures polymétalliques sont des dépôts minéraux riches en métaux (cuivre, zinc, or, argent) autour de cheminées d'où est expulsée de l'eau enrichie en métaux dissous. On trouve ces amas entre 800 et 5.000 mètres de profondeur, au niveau des dorsales ou aux abords de volcans sous-marins, dans les océans Atlantique et Indien.

Pourquoi les exploiter ?
Le cobalt et le nickel sont des éléments essentiels des batteries pour véhicules électriques, et qui viennent aujourd'hui de minerais extraits de mines sur terre avec des coûts environnementaux et humains conséquents, sans compter le raffinage à l'aide de produits chimiques, qui génère des rejets volumineux et toxiques. Les câbles électriques sont en cuivre et la demande va exploser avec l'électrification de l'économie au 21e siècle. Les partisans de l'exploitation minière sous-marine arguent que récupérer les nodules posés sur le fond du Pacifique n'implique pas d'avaler et de réduire en poussière des montagnes ou des roches du sous-sol, comme dans les mines terrestres.

Quels coûts environnementaux ?
Les abysses, qui jouent un rôle dans le stockage de CO2, sont un milieu méconnu, jusqu'alors vierge d'activités humaines mais riche en vie. Des activités minières risquent de perturber ou de détruire des écosystèmes dont on ignore presque tout, s'inquiètent les scientifiques et défenseurs de l'environnement.
Selon l'initiative scientifique internationale Ocean Census, seules 250.000 espèces sont connues, sur les deux millions qui peupleraient les océans. Des activités minières pourraient détruire l'habitat d'organismes benthiques (qui vivent sur, dans ou près des fonds marins), modifier la chimie locale de l'eau, générer de la pollution sonore et lumineuse, voire des fuite de produits chimiques des machines et équipements, s'alarme Greenpeace. 32 Etats, dont l'Allemagne, le Royaume-Uni, le Canada, le Mexique et le Brésil soutiennent un moratoire ou une pause dans les eaux internationales, selon la Deep Sea Conservation Coalition (DSCC), une coalition d'ONG. La France prône même une interdiction.

Où en est-on ?
Aucune extraction minière commerciale n'a aujourd'hui lieu dans les fonds marins, mais certains Etats ont lancé, ou s'apprêtent à le faire, l'exploration dans leurs zones économiques exclusives (jusqu'à 200 miles nautiques des côtes, soit 370 km). Seules les technologies pour récolter industriellement les nodules sont avancées. Outre le Japon, les îles Cook ont attribué en 2022 des licences d'exploration à trois entreprises dans leurs fonds marins. Elles coopèrent aussi avec la Chine.
En Europe, la Norvège avait prévu d'ouvrir son plancher océanique cette année mais un compromis politique a obligé le gouvernement à repousser l'attribution de permis d'exploration à 2026. Dans les eaux internationales, en haute mer, c'est l'Autorité internationale des fonds marins (AIFM) qui autorise ou non l'exploitation des fonds marins. Elle a accordé des permis à de multiples sociétés et pays pour explorer, c'est-à-dire tester leurs technologies, mais pas encore pour exploiter. Ecartelée entre partisans de l'extraction et défenseurs d'un moratoire, elle peine à accoucher d'un "code minier" en négociation depuis 2014.
Perdant patience, l'entreprise canadienne The Metals Company (TMC) a annoncé en 2025 son intention de contourner l'AIFM et de solliciter les Etats-Unis de Donald Trump - qui ne sont pas membres de l'organisme multilatéral - pour commencer à exploiter des minerais en haute mer.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…