
Au cœur de la dernière édition du Vendée Globe, au-delà de l'exploit sportif, s'est jouée une belle aventure scientifique. Le skipper Romain Attanasio, à bord de son IMOCA Fortinet - Best Western, a embarqué un instrument de mesure océanographique, un thermosalinographe, pour contribuer à l’étude du changement climatique en partenariat avec l’IFREMER (Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la MER) et la classe IMOCA.
Cette collaboration s’inscrit dans le cadre des travaux menés par le LOPS (Laboratoire d’Océanographie Physique et Spatiale), rattaché à l’IFREMER, qui participe à un réseau international de surveillance des propriétés physico-chimiques de l’eau de mer. « Dans l’étude des changements climatiques, la France participe au développement d’un certain nombre d’observatoires dont le LOPS de l’IFREMER fait partie », explique Thierry Reynaud, ingénieur de recherche au LOPS. « Nous utilisons un réseau satellitaire et des capteurs océanographiques pour cartographier finement la salinité des mers qui on le sait varie selon les zones océaniques : entre 33 et 34 g/L dans le Pacifique, 35 à 36 g/L dans l’Atlantique, jusqu’à 39 g/L en Méditerranée. La mesure de la salinité de surface témoigne des échanges entre l’atmosphère et l’océan comme la pluie et l’évaporation et diminue par les apports d’eau douce fluviaux. »
Si les navires de commerce et les bateaux de recherche permettent déjà d’obtenir de nombreuses données, certaines zones reculées, rarement traversées, restent peu documentées. C’est là que les voiliers de course autour du monde comme les IMOCA deviennent de véritables alliés scientifiques inattendus.
« Nous nous sommes associés avec la classe IMOCA et des skippers comme Romain Attanasio pour embarquer des instruments de mesure sur leurs bateaux. L’IMOCA Fortinet - Best Western a ainsi été équipé d’un thermosalinographe, installé à l’interieur du voilier, qui a collecté des données de température et de salinité tout au long du parcours. Ces mesures sont aujourd’hui en cours de calibration. Elles sont uniques et extrêmement précieuses pour nos études » ajoute Thierry Reynaud.
Pour Romain Attanasio, cette collaboration s’est faite tout naturellement :
« Quand on embarque des instruments scientifiques à bord, on ne sait jamais vraiment si les conditions permettront de les déployer et de les utiliser jusqu’au bout. Le pré-requis était que les instruments de mesure soient compacts, autonomes, et qu’ils n’interfèrent pas avec la navigation ni avec la performance. C’est exactement ce que proposait l’équipe d’IFREMER, alors j’ai accepté sans hésiter. Pouvoir contribuer, même modestement, à la recherche océanographique en pleine course autour du monde, c’est une belle opportunité.
Je suis très heureux d’avoir pu mettre ma pierre à l’édifice. Et pour être honnête, j’ai été un peu surpris par l’enthousiasme de Thierry Reynaud et de son équipe en découvrant les données collectées pendant le Vendée Globe. Pris dans le rythme de la course, je n’avais pas pleinement conscience de l’importance de ces mesures. C’est en discutant avec eux après l’arrivée que j’ai compris la véritable portée de cette contribution. C’est une aventure humaine et scientifique qu’on va continuer ensemble sur les prochaines navigations. »
Une coopération réussie entre science et sport, qui démontre que même en solitaire, en pleine compétition autour du monde, il est possible de faire avancer la recherche sur l’état de nos océans et sur les enjeux climatiques planétaires.
Fort du succès de cette première collaboration, l’IMOCA Fortinet - Best Western poursuivra cette mission scientifique lors de ses prochaines courses. Cette continuité témoigne d’une volonté partagée de conjuguer performance sportive et engagement pour la connaissance et la préservation de l’océan.