
Des substances pharmaceutiques et des pesticides ont été retrouvés dans des mollusques et de l'eau de mer sur toutes les côtes de France, même dans des endroits éloignés des sources de pollution, selon une étude publiée mercredi par un institut de recherche.
Dans le cadre du projet Emergent'Sea, des scientifiques de l'Ifremer ont analysé plus de 11.300 résultats issus de prélèvements, réalisés entre 2021 et 2023, de la Baie de Somme, sur la Manche, à la Corse, en Méditerranée, dans des mollusques (huîtres, moules) ou dans l'eau de mer.
Les trois quarts des substances recherchées ont pu être mesurées au moins une fois dans l'eau de mer. Dans les mollusques, 65% des substances recherchées ont été quantifiées au moins une fois, selon le rapport dévoilé par le journal Le Monde.
En moyenne, 15 substances ont été mesurées par point de suivi dans l'eau de mer, et jusqu'à 28 substances pour certaines zones du littoral. Dix substances en moyenne ont été retrouvées dans les mollusques. "Tous les points échantillonnés présentent des contaminations", a souligné à l'AFP Isabelle Amouroux, responsable de l'unité Contamination Chimique des Ecosystèmes Marins à l'Ifremer. "C'est la première fois qu'une campagne d'une telle ampleur est réalisée au niveau du littoral", avec une vision générale de la contamination "pour plus d'une centaine de substances", a-t-elle ajouté.
Dans l'eau de mer, les substances les plus souvent retrouvées sont des herbicides et des substances pharmaceutiques, comme le paracétamol, des métabolites du métolachlore (un désherbant) ou l'atrazine, un herbicide redoutable pour la santé, interdit depuis une vingtaine d'années en Europe.
Dans les mollusques, la contamination est surtout issue d'herbicides et de produits antifouling, une peinture antisouillure pour les coques de bateaux.
Les scientifiques ont retrouvé des traces de contamination jusque sur la petite île de Ouessant (Ouest), au large de la pointe bretonne, pourtant éloignée des estuaires déversant les polluants issus du continent. Jusqu'à deux substances pharmaceutiques et quinze pesticides ont été mesurés sur le littoral de cette île.
Il reste désormais à définir des seuils d'effets pour "pouvoir interpréter ces données" et évaluer "s'il existe un risque pour les écosystèmes marins", a précisé Mme Amouroux, en soulignant qu'il existe également "des effets cocktails difficiles à appréhender".
Financé sur fonds publics le projet Emergent'Sea a été mené par des scientifiques de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) avec une unité de recherche de l'Université de Bordeaux et du CNRS.