
La fin d’après-midi s’annonçait paisible pour les cinq occupants d’un voilier de 9 mètres, mouillé devant la plage de Kérel, au sud de Belle-Île. Le vent d’est abritait la baie, la soirée s’annonçait tranquille... jusqu’à ce qu’une épaisse fumée blanche et âcre s’échappe soudain du compartiment moteur.
Réflexes exemplaires à bord
Sous la direction de la cheffe de bord, la réaction est immédiate. Un extincteur est vidé dans le compartiment moteur, la bouteille de gaz est évacuée, et le CROSS Étel est alerté. Par précaution, le radeau de survie est percuté et mis à l’eau, prêt à accueillir l’équipage en cas d’évacuation. Grâce à ces gestes rapides et précis, le feu reste contenu, mais la tension à bord est à son comble.
Au même moment, le canot SNSM de Belle-Île est déclenché. À bord, les sauveteurs préparent tout le matériel anti-incendie sans savoir quelle ampleur prendra l’intervention.
À 18 h 56, le canot appareille et arrive sur zone 35 minutes plus tard. À leur approche, aucune fumée visible : un signe encourageant. Deux sauveteurs montent à bord du voilier pour inspection - le feu est bel et bien éteint, l’extincteur ayant joué son rôle avant que les flammes ne se propagent dans la coque en résine.
Même si le bateau pouvait encore naviguer à la voile, la décision est prise de le remorquer vers le port du Crouesty, par sécurité. L’ancre est levée, le radeau récupéré, et à 20 h 11, le convoi prend la mer.
Mais à peine le remorquage engagé, un nouvel appel du CROSS modifie la mission : un transport sanitaire urgent attend la SNSM à Palais. L’équipe d’Arzon, à bord de la vedette SNS 145, est alors dépêchée pour reprendre le remorquage.
Relève en mer et fin d’opération coordonnée
Les deux équipages se retrouvent au nord de la pointe de Kerdonis à 21 h 19. Malgré un vent soutenu, le transfert d’équipiers et de remorque se déroule efficacement, preuve d’une coordination sans faille entre les stations.
À 21 h 48, le canot de Belle-Île met le cap sur Le Palais pour accomplir la mission sanitaire, où il accoste à 22 h 04, accueillant les pompiers à quai.
Grâce au sang-froid de l’équipage et à la réactivité des sauveteurs, l’incendie n’a fait ni blessés ni dégâts majeurs. L’opération illustre une fois de plus l’efficacité de la chaîne de secours en mer, mais aussi l’importance de la préparation et des bons réflexes à bord : un extincteur opérationnel, une alerte rapide, et la maîtrise des gestes d’urgence ont permis d’éviter le pire au mouillage de Kérel.