Les phares nous parlent et ne parlent pas seulement à ceux qui y ont entendu des voix. Tant de gardiens ont eu des angoisses dans les phares et même des hallucinations… Les marins aussi, qui ont cherché le faisceau du phare dans la nuit ou sa silhouette dans le brouillard. Jean-Yves Réguer a grandi les pieds dans l’eau et les a remis sur terre après quelques mois dans la marine marchande. Mais il n’a jamais perdu le lien familial avec la mer et son livre n’est pas qu’un livre de plus sur les phares. C’est le livre de celui qui les a vus et quelquefois examinés. Il explique pour chaque édifice pourquoi et comment il a été construit et décrit dans un style concis ce que découvre le marin quand il navigue dans ses parages. Il raconte aussi des histoires inconnues ou méconnues sur la construction des phares ou ce qu’ont vécu des femmes et des hommes qui se sont trouvés là, un jour, pour leur malheur ou pour gagner leur vie. Comme la petite fille de l’ingénieur tombée du haut du phare de Katsépy à Madagascar, comme les Corses rescapés de la Grande Guerre qui ont bien cru qu’après l’enfer des tranchées ils périraient dans l’enfer du phare de la Vieille au large de la Pointe du Raz.
De nos jours, les marins naviguent tous au GPS dont le livre raconte aussi l’histoire dans son avant-propos. Est-ce à dire que les phares sont condamnés ? Ils ne sont plus aussi utiles, personne ne peut en disconvenir. Aussi sont-ils menacés car l’entretien d’un phare en pleine mer est non seulement coûteux, mais quasi-impossible maintenant que les gardiens n’y vivent plus. La plupart des phares sont des monuments historiques. Sans doute seront ils maintenus debout, mais dans quel état ?
L’avenir des phares est une autre histoire et Jean-Yves Réguer l’évoquera sans doute dans la suite des « Histoires de phares à histoires ».
Il y a encore tellement à raconter sur les phares, les hommes qui les ont construits, ceux qui les ont habités et surtout la mer qui les borde ou les entoure.
Editions l’Ancre de Marine 20 €, illustré par des aquarelles de Jacques Pennors.
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