
Avant d'être président, JFK est un jeune homme attaché aux côtes du Massachusetts. Dès son enfance, il apprend à naviguer en famille dans les eaux de Cape Cod, où les Kennedy possèdent une résidence. C’est sur ces voiliers qu’il forge sa relation intime avec la mer, qui lui enseigne le calme dans la tempête, une qualité qu’il emportera jusque dans l’arène politique. Son père, Joseph Kennedy, lui transmet très tôt le goût de la navigation et des compétitions nautiques. Ces escapades maritimes développent chez JFK un esprit d’aventure et une endurance qui lui seront précieuses, notamment lorsqu’il s’engage dans l’US Navy pendant la Seconde Guerre mondiale, où il commande le torpilleur PT-109 dans le Pacifique, contre le Japon.
Manitou, la "Maison Blanche flottante"C’est en 1961, peu de temps après son entrée en fonction, que JFK choisi Manitou pour devenir le bateau présidentiel, un splendide yawl de 62 pieds construit en 1937 par les chantiers Sparkman & Stephens, un nom prestigieux dans le monde de la plaisance. Baptisé la "Maison Blanche flottante" (Floating White House), le voilier a été modernisé. En pleine guerre froide, Manitou se devait d’être un bateau moderne, afin de rester en contact avec la Maison Blanche et le monde entier. Mais Manitou n’était pas seulement un outil de travail : il représentait un refuge pour JFK, un lieu de détente où il retrouvait l’équilibre, loin des regards et des pressions de Washington. Manitou, sous la main experte de son capitaine et de l’équipage, devient ainsi le théâtre d'instants d'évasion pour le président. Parfois accompagné de sa femme Jackie, ou même de proches conseillers comme Ted Sorensen, Kennedy y passait de longues heures à méditer, naviguer et puiser la force pour affronter les défis de son mandat.

Un héritage flottant
Malheureusement, JFK n’aura pas l’occasion de profiter longtemps de son voilier. Après son assassinat, Manitou change de mains à plusieurs reprises, voyageant de marina en marina, mais toujours empreint de l’aura de son célèbre propriétaire. Le bateau est d'abord vendu aux enchères à une école de voile, mais un riche milliardaire, désireux d’acquérir ce morceau d’histoire, le rachète pour l’offrir à Jacqueline Bouvier Kennedy, veuve de JFK. Au fil des années, et malgré ses nombreux propriétaires, le yawl reste intact, conservant son style d'époque et ses équipements d'origine, comme un morceau d’histoire flottant.
Aujourd’hui, Manitou est bien plus qu'un simple bateau ancien : c’est un symbole. Racheté par des Européens, il traverse l’Atlantique et rejoint la Méditerranée. Depuis 2011, il est un participant régulier des grandes régates de voiliers classiques. Lors des Voiles de Saint-Tropez 2023, pendant le Trophée Rolex, il figure parmi les douze yawls en compétition, se distinguant par sa silhouette élancée et son allure d'époque. Soigneusement entretenu par ses propriétaires, passionnés de yachting classique, Manitou s'intègre parmi les autres joyaux de la plaisance qui défilent chaque année dans les eaux azurées de la Méditerranée. Mais Manitou dégage quelque chose de plus : un souffle de l’histoire américaine qui imprègne chaque régate à laquelle il participe.
Manitou incarne bien plus qu'un simple voilier : il est le reflet d'un homme pour qui la mer était un refuge. JFK, à la tête de l’une des plus grandes nations du monde, n’a jamais perdu ce lien viscéral avec les vagues. Aujourd'hui, Manitou perpétue cette histoire, flottant comme une ode à un président hors du commun. Entre élégance et sobriété, ce yawl est devenu, au fil des années, un témoin privilégié d'une époque, de la rencontre entre le rêve américain et les horizons sans limites de la mer.