Prendre sa retraite sur un bateau : un rêve accessible ?

Culture nautique

Les retraités sont de plus en plus nombreux dans les mouillages de Grèce, des Antilles ou encore de Polynésie… Mais qui sont ces plaisanciers qui ont décidé de larguer les amarres, arrivés à l’âge de la retraite ? Et comment ont-ils réussi à organiser leur nouvelle vie sur l’eau ?

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Les retraités sont de plus en plus nombreux dans les mouillages de Grèce, des Antilles ou encore de Polynésie… Mais qui sont ces plaisanciers qui ont décidé de larguer les amarres, arrivés à l’âge de la retraite ? Et comment ont-ils réussi à organiser leur nouvelle vie sur l’eau ?

Une prise de décision en plusieurs étapes
Le virage de la retraite est un moment important. Celui où, après une vie de travail, on choisit comment profiter d’un nouveau temps libre. Pour que cette nouvelle étape soit la plus harmonieuse possible, encore faut-il y avoir bien réfléchi et s’être organisé en amont.
Dans le cas d’une retraite sur un bateau, le plus important est de ne pas courir après une chimère ou un fantasme, mais au contraire de savoir – avec exactitude – ce à quoi on s’engage. La base est donc d’avoir déjà une solide expérience. Prévoyez des croisières d’une à plusieurs semaines, avec des traversées plus ou moins longues. Testez les navigations de nuit avec l’équipage (souvent le ou la conjointe) qui va partager votre nouvelle vie. Votre partenaire doit être tout aussi engagé(e) que vous dans ce nouveau projet de vie, et ne doit pas juste accepter de « suivre pour faire plaisir » à sa moitié.

Une retraite 100% en bateau : un choix courageux ?
Vous partez en solitaire, mais de nombreux amis sont prêts à vous épauler pour les longues traversées ou pour venir vous rejoindre et passer du bon temps dans des coins de rêve ? Vous partez en couple avec une vraie envie de partager cette nouvelle vie (ce qui n’empêche pas d’avoir des amis prêts à venir profiter de la vie sur vos mouillages de rêve ou lors d’une transat) ?
La seule certitude, c’est que le choix de tout vendre pour s’en aller – la soixantaine venue – vivre sur un bateau, forcément à l’espace plus contraint que votre habitation actuelle, posera question à votre entourage. Comment allez-vous gérer en cas de soucis de santé ? Vos enfants (et petits-enfants), quand et comment allez-vous les voir ? Et le danger de la navigation, on en parle ? Enfin, comment allez-vous réussir à vivre 24h/24 seul(e) (si vous êtes en solitaire) ou avec votre moitié dans un bateau, sans échappatoire possible ?
Ces questions, tout candidat à la retraite en bateau se les pose forcément. Et s’il a pris la décision de se lancer, de tenter l’aventure, c’est que l’équipage s’en sent capable ! Même si tout changement de vie implique une part d’inconnu…

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Une eau translucide, un mouillage de rêve : voici ce que pourrait être votre vie de retraité© Lagoon / Nicolas Claris

Les 6/6 : ceux qui ont choisi de vivre six mois à terre, six mois en mer
Il n’y a pas de statistiques officielles. Mais le simple tour d’un mouillage forain aux Antilles ou en Méditerranée (ou en Thaïlande / Polynésie – liste non exhaustive…) permet de se faire une idée concrète : les retraités y sont nombreux aux mouillages. Souvent même les plus nombreux, formant une communauté sympa et bigarrée. Quand on discute avec ces heureux retraités, on se rend compte qu’une grande majorité d’entre eux ont fait le choix… de ne pas choisir. Ils se surnomment les 6/6 : 6 mois à terre et 6 mois sur le bateau. Evidemment, cette répartition n’est pas stricte : selon les zones, les impératifs personnels, les moyens et les envies, elle est mouvante. Certains choisissent de naviguer 2-3 mois par an en une ou plusieurs fois, d’autres resteront sur le bateau 6 à 8 mois, en une ou plusieurs rotations.

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Pour rentrer l’esprit tranquille il vaut mieux laisser son bateau au sec et sous protection© Pexels/ Gunnar Ridderström

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Ce mix terre/mer est plébiscité par de nombreux retraités, combinant ainsi les avantages des deux modes de vie. A la maison pour profiter de la famille et des amis, de la vie culturelle, pour suivre les éventuels rendez-vous médicaux. Ces escales à la maison permettent de faire retomber aussi les éventuelles tensions et vivre moins « l’un sur l’autre », ce qui peut être une respiration bienvenue. En bateau, on va profiter de la mer, des mouillages de rêve, de la vie en symbiose et de la visite – ponctuelle – d’amis ou de la famille, voire de visiteurs payants pour remplir la caisse de bord. Cette solution est bien évidemment plus coûteuse. Elle nécessite notamment de conserver un pied-à-terre dont les charges courent toute l’année. Et il faudra trouver un endroit sécurisé où laisser le bateau pendant les mois d’absence.

Quel bateau pour sa retraite ?
Une étude détaillée des mouillages où nombre de retraités profite de la vie ne va pas vous aider à choisir le bon bateau. Pas plus que la visite des forums et autres groupes internet qui traitent largement du sujet. Car ce qui en ressort, c’est que « le bon bateau, c’est celui avec lequel tu pars » ! Un cata ? Un mono ? A voile ou à moteur ? De 8 ou de 15 mètres ? Chacun ses goûts (et surtout ses moyens), chacun son bateau idéal. Il convient quand même de rappeler certaines réalités : quand on part à la retraite, on n’est plus tout jeune et – même si on est en parfaite santé et forme physique – la dure loi de la vie nous emmène vers une baisse de nos capacités à plus ou moins long terme… Le bateau choisi doit donc pouvoir être mené par l’équipage sans souci et être équipé en conséquence. Trop grand, trop physique, trop technique ? Et vous risquez de ne plus oser bouger de votre mouillage, ce qui serait, vous en conviendrez, dommage !
Un bateau « à sa main » doit donc être le choix premier. A sa main mais aussi à sa bourse. L’entretien d’un bateau, même si vous êtes bricoleur et que vous réalisez l’essentiel vous-même, à un coût certain.

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Marina ou mouillage forain : selon vos choix, les coûts de la vie à bord seront plus ou moins importants.© Pexels/ Jéshoots


N’oubliez pas non plus au moment de choisir votre bateau, qu’en grande croisière, vous passerez entre 80% - si vous êtes sur un voyage type « tour du monde » - et 98% du temps au mouillage si vous restez sur une zone donnée. Autrement dit, c’est bien la capacité et l’agrément de vie au mouillage qu’il vous faudra privilégier sur votre futur bateau et non pas forcément ses capacités véliques ou la puissance de son moteur pour aller le plus vite possible d’un point A à un point B. Même si ces paramètres ne sont tout de même pas à négliger…
Quel que soit le choix que vous ferez, le plus important va être de préparer et d’équiper correctement votre nouveau « chez vous ». Une étape essentielle pour la réussite de votre projet.

Une préparation exemplaire indispensable
Si le choix de votre future monture pour passer votre retraite est très personnel, la préparation sera aussi une étape particulièrement à soigner. L’objectif de cette préparation est de concevoir un bateau adapté, avec la bonne dose de confort souhaitée, tout en offrant une autonomie suffisante pour ne pas avoir à aller faire le plein d’eau tous les deux jours ou devoir aller dans une marina pour se brancher et recharger les batteries. Groupe électrogène ou alternateur installé sur le ou les moteurs et suffisamment dimensionné, panneaux solaires, éolienne : tout est bon pour produire sa propre énergie et ainsi pouvoir utiliser son dessalinisateur pour avoir suffisamment d’eau douce. L’autonomie à bord est primordiale quand on vit longtemps sur son bateau (voir notre article). Mais plus on va équiper son bateau, plus la maintenance et les probabilités de pannes vont augmenter. Et attention, cette augmentation est exponentielle ! A vous de bien réfléchir à ce qui est essentiel… ou pas ! Une bonne annexe (et ses bossoirs bien dimensionnés pour une manipulation facile), des panneaux solaires, un groupe froid, un dessalinisateur vont amener un vrai plus dans le confort de la vie à bord. Mais qu’en est-il d’une machine à glaçons, d’un sèche-linge ou micro-ondes ?
Pour réussir une bonne préparation de son bateau de voyage, il est important de bien se connaître. Savoir quels équipements vous sont indispensables, et a contrario, ce dont vous pouvez vous passer.
D’où l’importance d’une bonne expérience de navigation en amont avant de faire ses choix…

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Un bateau à moteur permet de s’affranchir des manœuvres des voiles forcément plus physiques© Fountaine Pajot – Gilles Martin-Raget


Prendre sa retraite sur un bateau, combien cela coûte ?
C’est bien beau d’imaginer une vie de rêve entre les mouillages idylliques et le retour à la maison à la belle saison pour profiter à fond de cette nouvelle vie sans travail, mais… Combien cela coûte de passer sa retraite en bateau ? Forcément, cela va dépendre du bateau choisi et de votre manière d’y vivre à bord. Entre un monocoque de 8m des années 80 et un catamaran neuf de 15 mètres, l’achat, l’entretien et les places en marinas ne vous coûteront pas la même somme. De la même façon, si vous êtes en Polynésie et que vous souhaitez rentrer en métropole tous les trois mois, le poste billets d’avion risque d’exploser. Idem, si vous louez une voiture pour partir à la découverte de chaque escale, si vous testez la gastronomie locale en écumant tous les restaurants, vos dépenses vont rapidement augmenter !
Pour vous aider à construire votre budget, sachez que vous n’échapperez pas à certains frais : assurance du bateau, places de port (même si vous êtes un adepte du mouillage forain, il faudra, de temps en temps passer par des stops dans les marinas), sortie annuelle du bateau pour carénage, entretien régulier et changement des pièces d’usure, taxes diverses (francisation ou selon le pavillon choisi, clearance…)… On arrive en général à une somme qui correspond peu ou prou à la fameuse valeur des 10% par an du prix d’achat du bateau. Les plus grands bricoleurs et ceux qui ne vont jamais dans les ports pourront limiter – un peu - ce montant.
A ces 10% de la valeur d’achat du bateau, il faudra rajouter la nourriture, le gasoil et les extras. De 500 euros mensuels pour les plus économes à… plusieurs milliers d’euros pour les autres, selon le mode de vie choisi.
Reste à prévoir la fameuse « marge de sécurité », ce pécule que vous devez avoir disponible en cas de gros soucis sur le bateau et qui dépendra – là encore - du type et de la taille de votre unité. Un talonnage, un saildrive pris dans un filet de pêcheur, une voile déchirée suite à une mauvaise manœuvre et ce sont plusieurs milliers d’euros qui peuvent s’envoler !

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Et pourquoi ne pas vivre sa retraite en bateau de croisière ?© Villa Vie Residences


Et prendre sa retraite sur un paquebot de croisière ?
C’est une tendance qui plait à de plus en plus de retraités, essentiellement nord-américains pour l’instant, mais qui semble aussi se développer aussi en Europe. L’idée est de vivre à plein temps sur un paquebot et d’enchainer les croisières. A bord, la nourriture est comprise, souvent les activités classiques aussi. Pour quelques milliers d’euros tous les mois, entre 4000 et 15 000 euros selon le bateau et les options choisies, vous pouvez imaginer passer le reste de votre vie sur un de ces palaces flottants. Certains armateurs ont des programmes de vente de cabines, réservés exclusivement aux retraités incluant un service médical adapté. L’idée est, pour ces futurs croisiéristes, de partir pour un tour du monde de plusieurs années sur « leur » bateau et dans « leur » cabine. Un choix bien différent d’une retraite en toute liberté sur « son » bateau…

Et avant de partir en mer, ayez les bons réflexes en consultant la météo sur METEO CONSULT Marine et en téléchargeant l'application mobile gratuite Bloc Marine.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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