
Nous vous emmenons aujourd’hui à la rencontre de Jean-Philippe Giordano, un corailleur corse qui a du cœur ! Tombé dans la marmite de la Méditerranée dès sa plus tendre enfance, il plonge encore aujourd’hui dans les profondeurs des Bouches de Bonifacio pour dénicher le fameux corail rouge dont il fait des bijoux qui respectent la mer autant que les traditions de l’Île de Beauté. Une idée pour ceux qui sont à court d’idées à la Saint-Valentin !
Métier passion, engagement profond
« J’exerce depuis 41 ans, explique Jean-Philippe. Mon père était scaphandrier à Monaco puis à Marseille : il faisait partie des pionniers qui ont ouvert la voie… J’ai donc vécu l’aventure sous-marine depuis mon plus jeune âge ! » Et en effet, corailleur est un métier qui ne s’improvise pas. D’abord, parce qu’il faut être capable de descendre dans les grandes profondeurs, entre 50 et 90 mètres. Ensuite, parce que cela demande beaucoup de préparation… et un peu de paperasse, au grand regret de Jean-Philippe pour qui « Il faudrait toujours écouter les hommes de terrain. »
Un terrain qu’il connaît bien ! Puisque cela fait des années qu’il quitte le port, au petit matin, armé de sa sonde, de sa lampe, de son panier et de sa martelette… Un terrain qu’il respecte, aussi, puisqu’il pratique une pêche artisanale et sélective : ainsi, il ne ramasse les branches de corail que si leur diamètre dépasse les sept millimètres, c’est-à-dire lorsqu’elles ont entre 7 et 10 ans et que leur reproduction ralentit.

Plongeur engagé, il est aussi chef d’entreprise, puisqu’il vend, dans sa boutique de la haute ville de Bonifacio, les bijoux fabriqués à partir de son corail et de ses croquis dans un atelier de l’autre côté des Bouches, en Sardaigne. « Les gens pensent souvent que pêcher le corail est interdit. Mais en Corse, nous sommes sept à avoir une autorisation. Il s’agit d’une espèce spécifique à la Méditerranée, qui n’a pas la même morphologie que les récits coralliens des mers tropicales. Notre corail rouge est très dur, c’est pourquoi tout est exploitable en bijouterie, depuis les pointes jusqu’au pied. »
Les bijoux des profondeurs
Le corail rouge est aussi le héros d’une légende de la mythologie grecque. Jean-Philippe nous la raconte avec plaisir. « Méduse, l’une des trois Gorgones, eut le malheur de défier la déesse Athéna, qui lui jeta un sort. Elle la transforma en monstre aux cheveux de serpents, dont les yeux changeaient en pierre quiconque elle regarderait. Persée, armée d’un bouclier-miroir lui permettant de ne pas regarder Méduse directement dans les yeux, fut envoyé pour la tuer. Il la décapita, et son sang coula dans la mer. Ainsi naquit le corail rouge. »

Malgré cette légende assez violence, on prête aujourd’hui au corail des vertus guérisseuses, comparables à la lithothérapie, pour protéger le cœur ou améliorer la circulation sanguine. « En Corse, on dit qu’il permet d’éloigner le mauvais œil : à la naissance d’un enfant, par exemple, il est fréquent que le parrain lui offre une main en corail. » Car les Hommes ont toujours eu une relation profonde, mystique, « magnétique » avec le corail rouge : dès le néolithique, ils le conservaient comme une relique.
Aujourd’hui, le corail se travaille tout en finesse, avec de l’or, de l’argent, des perles, des diamants… Du haut de gamme aux bijoux plus simples, colliers, bracelets, pendentifs ou boucles d’oreilles naissent de cette matière extraordinaire et 100% naturelle. De la pêche au service-après-vente, en passant par l’atelier et la boutique, Jean-Philippe prend soin de ses bijoux comme il prend soin de la Méditerranée. Son credo ? « Une charte de qualité qui passe par le cœur : respect de soi-même, respect des autres, respect de la mer. »
Quelques boutiques pour trouver vos bijoux en corail rouge de Corse :La Boutique du Corailleur : 3 place Montepagano, BonifacioLa Maison du Corail : 1 rue cardinal Fesch, AjaccioLa Taillerie du Corail : 46 rue Maréchal JuinAtelier Melisse : Marine de Porto, Porto
Et si vous hésitez encore, sachez que le corail, s’il fait officiellement partie du règne animal, a le comportement d’un végétal et l’ossature d’un minéral. Quelle meilleure image d’osmose ou de symbiose pourriez-vous trouver pour déclarer votre flamme à celui ou celle qui fait battre votre cœur ?