L’étanchéité des montres : pourquoi l’indication en mètres est trompeuse ?

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Par Figaronautisme.com

Vous pensez qu’une montre affichant « Water Resistant 100 m » peut être immergée sans risque jusqu’à 100 mètres de profondeur ? Détrompez-vous. Cette indication est en réalité bien plus théorique que pratique. En cause : la différence entre pression statique et pression dynamique, un détail technique qui change tout. À travers cet article, nous allons lever le voile sur cette notion souvent mal comprise, explorer les normes ISO et EN qui encadrent l’étanchéité des montres, et clarifier les usages possibles en fonction des profondeurs annoncées.

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Vous pensez qu’une montre affichant « Water Resistant 100 m » peut être immergée sans risque jusqu’à 100 mètres de profondeur ? Détrompez-vous. Cette indication est en réalité bien plus théorique que pratique. En cause : la différence entre pression statique et pression dynamique, un détail technique qui change tout. À travers cet article, nous allons lever le voile sur cette notion souvent mal comprise, explorer les normes ISO et EN qui encadrent l’étanchéité des montres, et clarifier les usages possibles en fonction des profondeurs annoncées.

Une indication en mètres… qui ne reflète pas la réalité

Lorsque vous achetez une montre affichant « 50 m » ou « 200 m » d’étanchéité, vous imaginez peut-être qu’elle résistera sans problème à ces profondeurs. Pourtant, cette valeur ne reflète pas l’usage réel sous l’eau. Pourquoi ? Parce que les tests en laboratoire sont effectués en pression statique, alors qu’en immersion, votre montre subit des pressions dynamiques, bien plus contraignantes.

Concrètement, les tests d’étanchéité en laboratoire consistent à plonger la montre dans une chambre hyperbare et à la soumettre à une pression équivalente à celle exercée par l’eau à la profondeur indiquée. Une montre certifiée « 100 m » est ainsi testée sous 10 bars de pression. Mais ces tests se déroulent en conditions statiques : la pression est appliquée progressivement et uniformément, dans un environnement contrôlé.

Alors qu'en réalité, l’eau ne se comporte pas de manière aussi prévisible :
- Les mouvements du poignet (une simple brasse, un plongeon ou une accélération brusque) provoquent des pics de pression bien supérieurs à ceux mesurés en laboratoire.
- Les vagues, courants et plongeons créent des chocs hydrodynamiques, pouvant générer des surpressions soudaines.
- Les variations de température dilatent ou contractent les joints, influençant leur étanchéité.

Résultat : une montre annoncée à « 100 m » peut parfaitement résister à la natation, mais risque d’être vulnérable à la plongée sous-marine.

Une différence essentielle : les ordinateurs de plongée respectent réellement les profondeurs affichées.
Contrairement aux montres, les ordinateurs de plongée certifiés EN 13319 sont testés en conditions réelles et prennent en compte les pressions dynamiques. Lorsqu’un ordinateur de plongée affiche une étanchéité de 100 mètres ou plus, il a été conçu pour supporter ces profondeurs de manière fiable. Contrairement aux montres, qui se basent sur des tests statiques, les ordinateurs sont soumis à des cycles de pressurisation répétés, simulant de véritables immersions successives. Ils garantissent donc une résistance bien plus réaliste aux conditions sous-marines

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Les normes : que garantissent-elles vraiment ?

Face à ces limites, des normes internationales définissent ce qu’une montre peut réellement endurer.

ISO 22810 : la norme de base

Toutes les montres vendues comme « étanches » respectent l’ISO 22810, qui garantit une résistance minimale à l’eau. Mais attention : cette norme concerne uniquement les usages quotidiens comme le lavage des mains ou une brève immersion accidentelle. Elle ne teste ni l’immersion prolongée, ni les pressions dynamiques.
En d’autres termes, une montre ISO 22810 avec une étanchéité de « 100 m » ne peut pas être utilisée en plongée.

ISO 6425 : la référence pour les montres de plongée

Si vous cherchez une montre véritablement adaptée à la plongée sous-marine, elle doit répondre à la norme ISO 6425. Plus exigeante, cette certification impose :
- Un test de pression 25 % supérieur à l’indication affichée (une montre « Diver’s 200 m » est testée à 250 m).
- Une résistance aux chocs thermiques, simulant le passage d’une eau chaude à une eau froide.
- Une excellente lisibilité sous l’eau, y compris dans l’obscurité.
- Une lunette tournante unidirectionnelle, essentielle pour mesurer le temps d’immersion en toute sécurité.

Une montre affichant « Diver’s 200 m » est donc bien plus fiable pour la plongée qu’une montre simplement marquée « 200 m » sans cette certification.

EN 13319 : la norme des pros

Encore plus exigeante, la norme EN 13319 concerne les ordinateurs de plongée et les instruments professionnels. Elle inclut :
- Des tests en conditions dynamiques, prenant en compte les mouvements et variations de pression.
- Des cycles de pressurisation répétés, simulant plusieurs plongées successives.
- Des critères de sécurité renforcés, avec alarmes et systèmes de redondance.

Les ordinateurs de plongée sont donc bien plus fiables que les montres en termes d’étanchéité réelle, un modèle certifié EN 13319 pouvant véritablement fonctionner à la profondeur indiquée.

Pourquoi les marques utilisent-elles toujours la pression statique ?

Si la pression dynamique est si importante, pourquoi les fabricants continuent-ils d’indiquer des valeurs en pression statique ?

Une norme historique difficile à modifier
Les tests en chambre hyperbare sont une méthode standardisée, fiable et reproductible, utilisée depuis des décennies. Revoir ces méthodes nécessiterait une refonte complète des certifications et un consensus international.

Une stratégie marketing avantageuse
Affirmer qu’une montre est « étanche à 100 m » est plus vendeur que d’afficher une résistance réaliste comme « 30 m en conditions réelles ». Une révision des valeurs ferait perdre de l’attrait à de nombreux modèles.

Des tests dynamiques complexes à mettre en place
Contrairement aux tests statiques, les tests dynamiques varieraient selon les conditions expérimentales : quelle simulation de mouvement adopter ?Comment standardiser les turbulences et pressions variables ? Ces défis techniques rendent les certifications dynamiques plus difficiles à établir.

Un manque de sensibilisation du public
La plupart des consommateurs pensent encore qu’une montre « 100 m » signifie qu’elle peut être portée à 100 mètres de profondeur. Modifier l’affichage nécessiterait une éducation complète des utilisateurs, risquant de brouiller leur perception des standards actuels.

Alors, que peut réellement supporter votre montre ?

Pour éviter toute mauvaise surprise, voici une lecture réaliste des indications d’étanchéité :

- 30 m (3 ATM) : Résiste aux éclaboussures, mais ne doit pas être immergée.

- 50 m (5 ATM) : Supporte une immersion brève (douche, baignade calme), mais pas de natation prolongée.

- 100 m (10 ATM) : Convient pour la natation et le snorkeling, mais pas pour la plongée.

- 200 m (20 ATM) : Adaptée à l’apnée et à la plongée libre, mais pas nécessairement à la plongée sous-marine avec bouteilles (sauf certification ISO 6425).

- 300 m et plus (ISO 6425) : Montre de plongée véritable, testée pour la plongée sous-marine.

L’étanchéité des montres est un sujet bien plus complexe qu’il n’y paraît. Derrière des indications en mètres parfois trompeuses se cachent des réalités techniques qu’il est essentiel de comprendre pour éviter d’endommager votre montre.
En résumé : ne vous fiez pas uniquement aux chiffres. Vérifiez les normes ISO et EN, et choisissez votre montre en fonction de son usage réel. Vous éviterez ainsi bien des déconvenues… et peut-être même une montre noyée avant l’heure !

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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