Résidence secondaire sur un bateau : une vraie alternative à la maison de vacances ?

Culture nautique
Par Figaronautisme.com

Alors que les prix de l’immobilier littoral atteignent des sommets, de plus en plus de plaisanciers investissent dans un voilier ou un catamaran comme résidence secondaire. Ce choix, encore marginal, séduit par sa mobilité, son accès à la mer et un rapport coût/plaisir imbattable. Mais est-ce vraiment une alternative crédible à la maison de vacances ? Entre autonomie à bord, vie au port, contraintes légales et entretien permanent, plongée dans une nouvelle manière d’habiter la mer.

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Alors que les prix de l’immobilier littoral atteignent des sommets, de plus en plus de plaisanciers investissent dans un voilier ou un catamaran comme résidence secondaire. Ce choix, encore marginal, séduit par sa mobilité, son accès à la mer et un rapport coût/plaisir imbattable. Mais est-ce vraiment une alternative crédible à la maison de vacances ? Entre autonomie à bord, vie au port, contraintes légales et entretien permanent, plongée dans une nouvelle manière d’habiter la mer.

Un phénomène discret, mais en progression
On les croise à La Rochelle, à Port Camargue ou à Saint-Malo : des propriétaires de bateaux qui ne naviguent pas forcément tous les jours, mais qui ont choisi d’habiter leur unité plusieurs mois par an, à quai ou au mouillage. Pour eux, le bateau n’est plus un simple objet de loisir, mais un lieu de vie secondaire, voire une échappatoire au modèle immobilier classique.
Ce mode de vie attire un public varié. Des jeunes actifs qui télétravaillent à bord, des retraités en quête de calme, ou encore des couples qui veulent un pied-à-terre sans se ruiner. Dans tous les cas, le point commun est le même : habiter la mer plutôt que la terre, quelques semaines, quelques mois, ou plus, en vivant différemment.

L'immobilier côtier, un marché devenu hostile
Ce qui pousse nombre de plaisanciers à envisager le bateau comme résidence secondaire, c’est d’abord une réalité bien terrestre : le coût de l’immobilier sur les littoraux français est devenu prohibitif. À Arcachon, le prix médian du mètre carré atteint 7 633 € selon MeilleursAgents (avril 2025). À Biarritz, ce chiffre grimpe à 8 419 €/m², et il dépasse les 10 000 €/m² dès que l’on parle de vue mer. La tendance est la même en Bretagne Sud, où à La Trinité-sur-Mer, un bien avec un accès direct au port dépasse aisément 6 000 €/m².
Face à cela, certains choisissent d’investir dans un voilier de 12 à 14 mètres ou un catamaran habitable, pour un budget qui reste globalement inférieur. Un monocoque d’occasion bien équipé se négocie autour de 120 000 à 160 000 €, tandis que les catamarans modernes débutent vers 220 000 € pour les modèles les plus compacts. Mais il ne faut non plus oublier les bateaux à moteur, qui sont aussi une bonne alternative.
L’achat du bateau n’est pas anodin, mais il représente une valeur d’usage bien plus forte qu’une résidence secondaire fermée dix mois par an. Et surtout, il permet une flexibilité géographique inédite.

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Le port : sésame ou verrou logistique
Avoir un bateau, c’est bien. Avoir une place à l’année dans un port, c’est essentiel. Or, c’est ici que le projet peut achopper. La France compte environ 170 000 places de port à flot, chiffre stable depuis une décennie (source : Fédération Française des Ports de Plaisance). Dans les zones les plus tendues, notamment sur l’Atlantique et en Méditerranée, les listes d’attente s’étendent souvent sur plusieurs années. À Port Haliguen ou à Port-Grimaud, un plaisancier sans antécédent peut attendre jusqu’à dix ans pour un anneau de 12 mètres.
Certains ports proposent des concessions de longue durée, parfois jusqu’à 30 ans, mais ces droits d’usage sont chers, très recherchés et rarement transférables. D’autres, comme Sète ou Cherbourg, conservent encore une certaine souplesse d’accueil, mais souvent au prix d’un éloignement des zones très attractives.
La question n’est pas que de disponibilité. Les ports ont chacun leur règlement de police : certains interdisent de rester plus de 30 nuits consécutives à bord, d’autres ferment les vannes d’eau et les bornes électriques en hiver, rendant la vie à quai très inconfortable.
Comme le résume Françoise, plaisancière installée à Port Napoléon :
« Ce n’est pas la mer qui me fait peur, c’est l’administration. On doit presque négocier notre droit de dormir chez nous. »

Confort à bord : plus proche du studio que de la villa
Les bateaux modernes n’ont plus grand-chose à voir avec les unités des années 80. Aujourd’hui, les constructeurs proposent des volumes plus généreux, un éclairage naturel abondant, une isolation correcte, des équipements dignes d’une petite résidence. Sur un Lagoon 40 ou un Jeanneau Sun Loft, on trouve une cuisine équipée, deux ou trois cabines fermées, des douches avec eau chaude, un vrai carré pour les repas, et de nombreux rangements.
L’autonomie est aussi en nette amélioration : panneaux solaires, batteries lithium, groupes électrogènes et dessalinisateurs permettent de vivre sans raccordement pendant plusieurs jours, voire plus. L’arrivée d’internet satellite à bord, avec Starlink , a ouvert la voie au télétravail nomade sur l’eau.
Mais il serait trompeur de parler de confort égal à celui d’une maison. À bord, l’espace est limité, les déplacements exigent agilité et attention, l’humidité est une réalité, et chaque objet doit être rangé avec méthode. En hiver, il faut souvent chauffer, ventiler, et surveiller le moindre bruit suspect.
Et puis, il y a l’entretien. Un bateau vit, bouge, s’use. Pompes de cale, batteries, hublots, prises de quai, vannes… tout peut tomber en panne. Vivre à bord, c’est aussi être capable de gérer ou déléguer des interventions régulières.

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© Gilles MARTIN-RAGET / Janneau

Un investissement à long terme, mais à haut rendement de plaisir
Les coûts de fonctionnement d’un bateau-résidence sont très différents de ceux d’une maison secondaire. Il n’y a pas de taxe foncière, mais il y a des charges techniques. Il n’y a pas de syndic, mais il y a le port et les réparations.
Prenons l’exemple d’un monocoque de 12 mètres basé à La Rochelle :
• Une place au port coûte environ 4 000 €/an (source : Port de Plaisance des Minimes, grille 2024).
• L’entretien annuel (carénage, moteur, voiles, électronique) est estimé entre 5 000 et 7 000 € selon l’usage.
L’assurance oscille entre 600 et 1 200 € selon la valeur du bateau et les zones couvertes.
• La DAFN (Droit Annuel de Francisation) est de quelques centaines d’euros, calculée selon la longueur et la motorisation.
En cumulant tous les postes, on atteint 10 000 à 12 000 € par an. Un budget conséquent, certes, mais qui reste bien inférieur à celui d’une maison secondaire à 500 000 ou 600 000 €, lorsqu’on prend en compte les taxes, les frais d’entretien, les gardiennages, et le financement.

Liberté, mobilité, identité : les bénéfices intangibles
Ce que les plaisanciers recherchent dans cette vie flottante, c’est autant la liberté de mouvement que le lien à la mer. Pouvoir décider de passer deux semaines à Belle-Île puis remonter vers les Scilly sans changer de "chez soi", c’est une forme d’autonomie qui attire.
Pour Jean-Michel, propriétaire d’un RM 1180 :
« J’ai laissé tomber mon projet d’acheter une maison sur la côte. Pour le même prix, j’ai un bateau confortable, une vue mer 360°, et je peux changer de port quand je veux. »
Au-delà du mode de vie, il y a aussi une forme d’engagement : moins de surface, plus de nature, une attention à la consommation énergétique, un rapport au temps différent. Ce que certains qualifient d’écolo-bobo cache parfois une vraie conscience d’un monde en transition.

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© Jerôme KELAGOPIAN / Jeanneau

Des limites qu’il faut accepter pleinement
Vivre à bord d’un bateau (que ce soit un voilier ou à moteur), même à temps partiel, impose une discipline. Ce n’est pas une solution de repli ou une ruse fiscale. C’est un choix de vie qui suppose de composer avec la technique, l’administration, la météo, les autres. C’est aussi un mode de vie pas toujours compris par l’entourage, ni valorisé par les politiques publiques.
En France, le bateau n’est pas reconnu comme un logement, même s’il peut être votre résidence principale de fait. Il n’est donc pas assurable comme tel, ne donne droit à aucune aide au logement, et ne bénéficie pas des protections locatives du droit commun.
Il faut donc aborder ce choix avec lucidité. Il ne s’agit pas de chercher une résidence de substitution, mais de créer un nouveau rapport à l’habitat.

Transformé en résidence secondaire, le bateau devient un espace à part, entre lieu de vie, lieu d’aventure, et havre personnel. Il ne conviendra pas à tout le monde. Il demande rigueur, autonomie, et un goût prononcé pour l’imprévu. Mais pour celles et ceux qui veulent sortir du cadre, le voilier ou le catamaran résidentiel offre une expérience que l’immobilier classique ne pourra jamais offrir : celle de se sentir chez soi partout où l’on jette l’ancre.

Et avant de partir en mer, ayez les bons réflexes en consultant la météo sur METEO CONSULT Marine et en téléchargeant l'application mobile gratuite Bloc Marine.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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