Transat Paprec : suspense total à cinq jours de l’arrivée

Une flotte éclatée en deux stratégies
Le point commun entre les quinze premiers ? Une distance d’arrivée qui se réduit... et un suspense qui grandit. Ce lundi matin, les premiers butaient sur la fameuse zone de calmes plats, une barrière météo redoutée depuis plusieurs jours. Située à 500 milles de Saint-Barthélemy, cette langue sans vent casse la dynamique des alizés et provoque un brutal ralentissement en tête de flotte.
Deux groupes se dessinent nettement. En tête, Wings of the Ocean (Alexis Thomas et Pauline Courtois), Skipper Macif (Charlotte Yven et Hugo Dhallenne), Cap St Barth (Cindy Brin et Thomas André) et Les Étoiles Filantes (Quentin Vlamynck et Audrey Ogereau) ont choisi de contourner largement cette zone par le nord. Leur pari : faire plus de milles, mais conserver un vent plus établi.
Derrière, DEMAIN (Martin Le Pape et Mathilde Géron), Décrochons la lune (Romain Bouillard et Irina Gracheva), Région Bretagne - CMB Espoir (Victor Le Pape et Estelle Greck), FAUN (Adrien Simon et Chloé Le Bars) ou encore DMG MORI Academy (Laure Galley et Kévin Bloch) ont préféré la route sud, plus directe mais plus risquée. Objectif : couper au plus court en misant sur une traversée rapide de la molle.
Des conditions météo complexes et peu fiables
La grande difficulté du moment ? Une météo peu modélisable. « On ne connaît pas avec exactitude les mouvements de masses d’air, explique Yann Chateau. Les modèles proposent des scénarios mais ils ne collent pas toujours à la réalité vécue en mer. » En cause : un manque de données dans cette zone centrale de l’Atlantique, loin des stations terrestres.
Autre élément perturbateur : la multiplication des grains. Ces phénomènes orageux provoquent des accélérations soudaines ou des arrêts brutaux. Un bateau peut filer à 30 noeuds de vent... puis se retrouver empétolé quelques minutes plus tard. Résultat : des écarts de vitesse énormes, une hiérarchie mouvante, et des nerfs mis à rude épreuve. « Ça joue sur les nerfs et ça crispe », témoignait hier Thomas André (Cap St Barth).
Avantage aux poursuivants ?
Ce sont justement les bateaux situés derrière la tête de flotte qui semblent les mieux placés pour tirer parti de la situation. En butant les premiers dans la molle, les leaders subissent un frein brutal... pendant que les poursuivants conservent encore un peu de pression. Lundi matin, Solan Ocean Racing (Maggie Adamson et Calanach Finlayson) avançait 3 à 4 noeuds plus vite que Wings of the Ocean ou Skipper Macif. En un jour, cela peut représenter un gain de plus de 30 milles !
Dans un contexte aussi serré, chaque mille compte. « La situation météo est très incertaine, donc le scénario de course l’est aussi », confirme Yann Chateau. D’autant que les modèles européens et américains divergent : l’un donne l’avantage à la route nord, l’autre parie sur la route sud. Impossible, donc, de prédire qui sortira vainqueur de ce mano a mano transatlantique.
Une arrivée groupée et spectaculaire ?
Si l’incertitude est grande, un point fait consensus : la flotte va se resserrer encore davantage. Selon les routages, les 15 premiers pourraient franchir la ligne d’arrivée dans un intervalle de cinq heures seulement. Un écart infime au terme d’une traversée de plus de 3 800 milles.
Les heures estimées d’arrivée (ETA) ? Là encore, difficile d’y voir clair. Les modèles évoquent tous un atterrissage le jeudi 8 mai... mais selon les sources, l’arrivée pourrait avoir lieu à 3h du matin heure locale (9h à Paris) ou à 10h (16h en métropole). Une incertitude de sept heures qui en dit long sur le chaos ambiant.
Pour les duos mixtes engagés, la suite s’annonce comme un jeu d’équilibriste. Pas question de multiplier les empannages, la navigation se fera majoritairement en bâbord amure, dans un flux de sud-est. « Tout va se jouer sur leur capacité à glisser un peu vers le nord ou à traverser la zone de molle le plus rapidement possible. Il va falloir faire preuve d’audace et d’opportunisme », conclut Yann Chateau.
Une fin de course à haute tension, où tout peut encore basculer jusqu’au dernier mille.
Retrouvez chaque jour notre analyse météo de la course avec METEO CONSULT Marine dans notre dossier spécial Transat Paprec et suivez les skippers en direct grâce à la cartographie.