Transat Paprec : ici tout recommence

Par Figaronautisme.com
carte de la course Transat Paprec en direct

LA QUINZIÈME NUIT. À moins de 600 milles nautiques (1110 km) de l’arrivée, le suspense est à son comble. La flotte s’est resserrée comme jamais avec près de 60 milles d’écart (110 km) entre les dix premiers par rapport à la ligne d’arrivée et 120 milles (222 km) en latéral. En somme, au cœur d’une grande zone sans vent et en prise avec les grains, tous ont leur chance d’empocher une place d’honneur. À 6 heures ce matin, Wings of the Ocean (Alexis Thomas et Pauline Courtois, 1ers), Skipper Macif (Charlotte Yven et Hugo Dhallenne, 2es) et Cap St Barth (Cindy Brin et Thomas André, 3es) menaient le classement. Mais vont-ils y rester ?

Décidément, la situation est sacrément complexe et ce qui se voit sur la cartographie d’heure en heure se vit, surtout, à bord des Figaro. En cause : cette immense zone sans vent qui joue avec les nerfs. « Il faut à la fois qu’on la contourne mais aussi qu’on se place bien pour la suite, décrypte Thomas André (Cap St Barth, 3es). C’est très stressant, personne n’ose prendre de vraies options. C’est stressant et ça crispe ! »

En plus de cette situation générale, il y a tous ces grains qui changent tout, ce ciel noir et menaçant qui éclate si souvent. « On a passé la nuit à batailler contre les grains », reconnaît Thomas de Dinechin (Almond for Pure Ocean). « On est tombé sur un joli grain qui est monté presque à 30 noeuds, c’était vraiment chaud », ajoute Davy Beaudart (Hellowork). Parfois, les grains ralentissent les bateaux - « on a été bloqué dans un nuage avec de la pluie mais sans vent » confie Hugo Cardon (Humains en action) - parfois ils leur permettent d’accélérer. « Il y a beaucoup de nuages et de variation de vent », abonde Quentin Vlamynck (Les Étoiles Filantes).

Des pépins et beaucoup de stratégie

Ces conditions jouent sur le moral mais aussi sur l’état des bateaux. Alexis Thomas (Wings of the Ocean) évoque « des petits problèmes techniques » sans préciser lesquels. Lola Billy (Région Bretagne - CMB Océane) a confié avoir eu « une avarie de spi », la drisse s’étant ouverte en deux. « Il ne nous reste qu’un petit spi », précise-t-elle alors que Corentin Horeau garde le sourire : « on se met en mode Charlie Dalin sur le Vendée Globe ! »

Côté stratégie, la flotte est désormais regroupée sur une ligne de près de 120 milles (222 km) en latéral. Les stratégies se sont affinées dans le weekend. Il y a les partisans d’une route Nord dont les leaders, Wings of the Ocean (Alexis Thomas et Pauline Courtois, 1ers), Skipper Macif (Charlotte Yven et Hugo Dhallenne, 2es) et Cap St Barth (Cindy Brin et Thomas André, 3es). D’autres comme Demain (Martin Le Pape et Mathilde Géron, 5es), Laure Galley et Kévin Bloch (DMG MORI Academy) et Bretagne - CMB Espoir (Victor Le Pape, Estelle Greck, 7e) ont choisi une route plus Sud, plus proche de l’orthodromie et plus directe.

« La route Nord est plus longue mais permet d’être dans une position d’attente et d’avoir un peu plus de vent qu’au Sud pour continuer à avancer », confie Thomas André. « On a coupé le fromage par rapport à ceux qui sont au Nord, explique de son côté Martin Le Pape. Ça nous replace dans une position d’attaque, on espère trouver un trou de souris ». Son frère Victor, qui file aussi au Sud, ajoute : « cette dépression nous en fait voir de toutes les couleurs, c’est un peu Star Wars ! » Car dans le même temps, la flotte se resserre toujours un peu plus. L’hypothèse d’une arrivée groupée avec l’essentiel de la flotte en quelques heures devient de plus en plus d’actualité. Les premiers à franchir la ligne sont attendus « le jeudi 8 mai au soir ou le vendredi 9 mai au matin », d'après Yann Chateau à la direction de course.

L’ANALYSE DE YANN CHATEAU

« Les écarts se sont bien resserrés dans la nuit et ce n’est que le début. Il y a toujours cette bulle sans vent qui se décale vers l’ouest. Ceux qui sont déjà dedans ont été freinés et les autres se rapprochent. C’était flagrant notamment entre Cap St Barth et Les Étoiles Filantes mais aussi entre les premiers et l’ensemble de la flotte. Ainsi, ceux qui sont derrière reviennent fort : à titre d’exemple Solan Ocean Racing comptait 150 milles de retard dimanche matin et n’en a plus que 78 milles ce matin !

Les routages ne s’accordent pas : il y en a un qui récompense les Sudistes, un autre laisse penser que les Nordistes pourraient l’emporter. Par ailleurs, un constat s’impose. La flotte devrait arriver très groupée avec une poignée d’heures seulement entre la majorité des concurrents. Les écarts seront si faibles que chaque aspect à gérer (les grains, les sargasses, les aspects techniques) aura un rôle déterminant dans la dernière ligne droite ».

DES NOUVELLES DE LA FLOTTE

Les grains sont devenus une obsession. « Ils sont parfois violents, confie Corentin Horeau (Région Bretagne CMB Océane). Ils obligent aussi à ressortir les capuches et les cirés. « L’ambiance est humide, on est trempé, confie Laure Galley. La chaleur on a mais le soleil, ça manque ! » « Ça pleut sec ! » souligne Victor Le Pape (Région Bretagne CMB Espoir).

Heureusement qu’il y a des petits moments de réconfort. Dès que les grains s’estompent, « on ressort les shorts » dixit Martin Le Pape (Demain) et on lance « l’opération séchage sous la véranda » écrit Davy Beaudart (Hellowork). « On vit dans l’humidité depuis longtemps et c’est difficilement vivable, confie Alexis Thomas (Wings of the Ocean). Les petits airs vont nous faire du bien ».

Après une nuit « cruelle », justement à cause des grains, Anaëlle Pattusch et Hugo Cardon se sont remotivés (« on va tout donner pour remonter »). Et pour le moral, ils se sont partagés leur dernière mangue alors que Martin Le Pape et Mathilde Géron ont dégusté du jambon. Ellie Driver et Oliver Hill (Women's Engineering Society), eux, ont croisé une baleine, impressionnante et majestueuse, à quelques mètres de leur Figaro. Tiphaine Rideau et Pier-Paolo Dean (Banques Alimentaires) ont eu la visite d’un poisson volant avant d’immortaliser le coucher du soleil puis un arc en ciel. Quentin Vlamynck et Audrey Ogereau (Les Étoiles Filantes) ont reçu des messages émouvants des familles soutenues par l’association, de quoi faire le plein de motivation jusqu’au bout de l’aventure.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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