
À 14h, la mer basque était calme. Jusqu’à ce que surgissent, sous la ligne de flottaison, des ombres noires et blanches, aussi fascinantes qu’inquiétantes. Le choc est immédiat : les orques foncent sur la coque, la percutent, tournent autour comme dans un ballet prédateur. À bord du voilier « Azurea », un couple de plaisanciers français vit un cauchemar éveillé. Le Mayday est lancé dans l’urgence. Le Salvamar Orion, navire de sauvetage espagnol, intervient rapidement. Les deux navigateurs sont secourus sains et saufs, mais leur embarcation est sérieusement endommagée.
Ce type d’incident est exceptionnel au large de Deba, au nord du Pays basque espagnol. Jusqu’ici, la zone était épargnée par un phénomène qui prend de l’ampleur depuis 2020 : les interactions entre orques et voiliers, de plus en plus nombreuses dans certaines régions de l’Atlantique.
En trois ans, près de 500 interactions ont été recensées, principalement dans le détroit de Gibraltar, le long des côtes de Galice, du Maroc et, dans une moindre mesure, du Portugal. À ce jour, aucune attaque n’a été signalée à l’est des Baléares, ni dans la Méditerranée orientale. Une énigme, d’autant que le thon rouge, mets favori de ces orques ibériques, y est pourtant abondant.
Agression ou jeu ? Les scientifiques s’interrogent
S’agit-il d’une réelle agressivité ? Pas nécessairement. De nombreux biologistes marins s’accordent à dire que ces comportements relèvent davantage d’un jeu, ou d’une exploration territoriale confuse. Certaines orques s’acharnent sur les safrans, les mordent, les fracassent. D’autres se contentent de tournoyer autour des coques.
Le plus intrigant ? Cette répétition du comportement, presque ritualisée, suggère une transmission culturelle entre individus, notamment des adultes aux juvéniles. En d’autres termes, les orques apprendraient à jouer... avec les bateaux.
Les bons réflexes en cas de rencontre
Face à ces interactions de plus en plus musclées, les autorités maritimes espagnoles appellent les navigateurs à adopter les bons réflexes :
Restez en mouvement : ne stoppez pas votre voilier, même en cas d’approche.
Pas de gestes brusques ni d’effarouchements sonores : pétards et chocs électriques sont inefficaces, voire dangereux.
Gardez le cap, contactez les secours si besoin.
Évitez les zones à risque, surtout en été, lorsque les orques suivent les routes migratoires du thon rouge.
Une cohabitation à réinventer
Le cas d’« Azurea » n’est pas isolé, mais il marque une étape : les orques étendent leur terrain de jeu, et les navigateurs doivent désormais composer avec cette nouvelle donne. Si l’émotion est forte et la frayeur bien réelle, aucune victime humaine n’a été à déplorer à ce jour. Reste que ces rencontres interrogent : jusqu’où les orques pousseront-elles ce comportement ? Et comment adapter la plaisance à ces nouvelles réalités ?
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